En janvier 2022, le corps nu et sans vie d’Anthony Lambert était découvert en Saône-et-Loire. Le jeune homme de 17 ans, placé par l’aide sociale à l’enfance, avait disparu quelques jours plus tôt. Depuis, l’enquête n’a pas permis de déterminer les conditions de la mort de l’adolescent. Ses proches dénoncent les lenteurs de la justice.
C’est l’histoire de deux années d'inconnue, de silence, d’absence de réponses. Des questions toujours en suspens, des doutes que rien ne peut dissiper. Depuis la disparition d’Anthony Lambert puis la découverte de son corps sans vie et nu à Mercey (Saône-et-Loire) dans un champ en janvier 2022, les proches de l’adolescent de 17 ans sont dans le flou.
"On est à plus de deux ans, il n’y a toujours rien, absolument rien de nouveau de notre côté", regrette Déborah Loriot, fille de la famille d’accueil d’Anthony Lambert. Car l’enquête n’a toujours pas permis de déterminer ce qui a pu arriver à ce jeune homme placé sous la responsabilité de l’aide sociale à l’enfance.
Les proches n’ont pas encore été entendus par la juge d’instruction
En deux ans, des investigations ont été menées pour déterminer les conditions de la disparition d’Anthony Lambert. Un certain nombre d’auditions ont eu lieu afin d’établir la responsabilité des organismes qui étaient responsables de l’adolescent, placé quelques temps avant sa disparition dans un camping de Lugny.
Des actes d’enquête, mais peu de résultats et aucun entretien avec le juge d’instruction pour les familles biologique et d’accueil d’Anthony Lambert. Une date avait été fixée le jour-même de l’ouverture du procès de Monique Olivier. Impossible pour l’avocat des proches d’Anthony Lambert et de l’association Vérité pour Anthony, Didier Seban, déjà engagé sur le procès de l’ex-femme de Michel Fourniret en tant que représentant des parties civiles.
Deux ans c’est bien trop long pour entendre la famille, faire avancer ces dossiers. La famille est en droit d’avoir des réponses, il y a la mort d’un jeune homme
Didier Seban, avocat des proches d'Anthony Lambert
"C’est une souffrance pour les familles de ne pas avoir de nouvelles directement par les juges. Deux ans, c’est long. On espère qu’il va y avoir un coup d’accélérateur dans cette procédure. C’est ce qu’attendent la famille biologique et la famille d’accueil d’Anthony qui ne veulent pas lâcher", explique Didier Seban.
"On était sur de la tristesse profonde. Là, on est en train de monter. En plus de notre tristesse, comme si ça ne suffisait pas, la situation nous amène énormément de colère. De la colère parce que beaucoup d’incompréhension. Pourquoi rien n’est fait ? Pourquoi on n’est pas entendus par la juge d’instruction ?", se demande Déborah Loriot.
La carte SIM d’Anthony Lambert non-exploitée
Autre interrogation : pourquoi les enquêteurs n’exploitent pas la carte SIM du téléphone d’Anthony Lambert ? Celle-ci est en la possession de Déborah Loriot. Elle avait été retrouvée par les forces de l’ordre pendant la disparition de l’adolescent et rendue à sa famille d’accueil avant même que son corps ne soit retrouvé.
"Tout le monde sait que j’ai cette carte SIM. Pourquoi personne ne vient l’examiner ? Je ne sais pas. Je me demande encore pourquoi on me l’a rendue, pourquoi elle n’a pas été exploitée. Tous ces 'pourquoi', je n’ai aucune réponse".
Comment expliquer de telles lenteurs ? Le tribunal de Chalon-sur-Saône qui instruit l’affaire évoque l’absence de deux magistrats en poste. Mais pour l’avocat des proches d’Anthony Lambert, il s’agit d’un manque de volonté.
"Est-ce qu’on considère que la vie humaine, c’est la priorité ? J’ai l’impression que ça ne l’est pas. Un enfant est mort, il n’aurait pas dû perdre la vie ! Il était sous la garde des autorités publiques. Il faut donner les explications", lance Didier Seban qui évoque un contexte de lenteur global à Chalon dans ces enquêtes criminelles.
"J’ai eu la sensation dans d’autres cas à Chalon que ces affaires ne sont pas la priorité du tribunal. J’avais été tellement choqué que j’en avais demandé une inspection au garde des Sceaux. Les autres affaires ont été transmises au pôle Cold Case à Nanterre. Ce n’est pas possible pour l’histoire d’Anthony car ce n’est pas un meurtre. Ce sera jugé à Chalon", confie l’avocat. Contacté, le parquet de Chalon-sur-Saône n'a pas répondu à nos sollicitations.
De son côté, l’association La Vérité pour Anthony explique compter sur l’engagement de ses 150 adhérents. Des bénévoles qui se posent aussi la question de la lenteur du dossier. "Les gens se demandent s’il y a quelque-chose à cacher, des gens à protéger ! Ça nous conforte tout de même dans notre détermination. On ne lâche rien".
Les proches d'Anthony Lambert espèrent être entendus par la juge d'instruction au printemps prochain.