Il a incendié toutes les fermes de son village : le "pompier pyromane de Simandre" rejugé en appel

Nicolas M. est jugé en appel ce jeudi 13 juin. Il avait été condamné, en première instance, de 7 ans de prison pour huit incendies d'exploitations agricoles dans son village de Simandre, en 2023.

Sa condamnation sera-t-elle confirmée, allégée ou aggravée ? Nicolas M., le "pompier pyromane de Simandre", est rejugé ce jeudi 13 juin à la cour d'appel de Dijon. En première instance, il avait été condamné à sept ans de prison, une peine supérieure d'un an aux réquisitions du parquet de Chalon-sur-Saône. 

Les agriculteurs victimes "craignent d'être lésés"

"Les agriculteurs victimes seront présents au procès à Dijon", indique Christophe Galopin, le maire de Simandre, joint par France 3. "Ils attendent beaucoup de ce nouveau procès, ils craignent d'être lésés et que la peine soit largement diminuée", explique l'élu de ce gros village de 1 700 habitants. "Ils attendent aussi beaucoup du volet "indemnisation", mais ne se font pas beaucoup d'illusions au vu des montants et de la situation du mis en cause."

En effet, le préjudice financier est énorme : toutes les exploitations agricoles de Simandre ont été touchées. Des années de travail parties en fumée, et des bâtiments à reconstruire intégralement. Nicolas M., lui, est loin de rouler sur l'or. Dès le début de sa détention en novembre 2023, il est contraint de monter un dossier de surendettement bancaire, en proie à de lourdes difficultés financières depuis son divorce en 2016. Il développe aussi une addiction à l'alcool.

En première instance, Nicolas M. avait été reconnu coupable de tous les chefs d'inculpation pour huit incendies volontaires (il les a tous reconnus, sauf un). Le tribunal l'avait condamné à 7 ans d'emprisonnement avec maintien en détention (le parquet avait requis 6 ans) ainsi qu'à 5 ans de suivi socio-judiciaire, une injonction de soins psychologiques et addictologiques, l'obligation d'indemniser les victimes et de suivre une formation professionnelle, l'interdiction de rentrer en contact avec les victimes et de se rendre à Simandre et Baudrières. 

"J'ai tout détruit, ma famille, mes amis..."

Le premier procès de Nicolas M. était initialement prévu le 8 janvier, mais avait été reporté au 29 février 2024 pour qu'il puisse préparer sa défense - son avocate, Elise Andali, n'avait été désignée que quatre jours avant l'ouverture du procès.

Lors de l'audience fin février, qui avait duré plus de huit heures, Nicolas M. avait eu la parole en dernier : "Encore aujourd'hui je n'ai pas les réponses. J'ai tout détruit, ma famille, mes amis... J'ai perdu tout ça aussi. Je pense que mes excuses, beaucoup n'en veulent pas. C'est tout à fait normal qu'on m'en veuille. Et aussi le SDIS, ça faisait 20 ans que j'étais parmi eux. La trahison, c'est la pire chose que j'ai faite. Je voulais m'excuser aussi envers eux. Auprès de ma fille aussi, qui subit tout ça alors qu'elle n'a rien demandé."

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Pour autant, dès la fin de l'audience, Elise Andali avait annoncé que son client allait faire appel, jugeant la peine trop lourde. "La peine est particulièrement lourde, le président l'a lui-même indiqué", avait-elle déclaré à France 3. 

Plusieurs mois de psychose dans le village de Simandre

Le 9 novembre 2023, l'arrestation de Nicolas M. met fin à de longues semaines de psychose dans ce village bressan de 1 700 habitants. 

Entre juin et novembre 2023, toutes les exploitations agricoles de Simandre sont détruites dans des incendies. Initialement, les gendarmes pensent à un départ de feu accidentel. Mais face à la multiplication des sinistres, qui visent à chaque fois des fermes, ils se rendent à l'évidence : un incendiaire rôde dans les parages. 

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Les gendarmes déploient alors les grands moyens. Les enquêtes, au départ séparées, sont réunies en une seule. Les militaires du PSIG de Louhans passent plusieurs nuits "en planque", avec des lunettes de vision nocturne. Les habitants, eux, sont enjoints à la discrétion pour ne pas divulguer d'informations au coupable. Les forces de l'ordre font des rondes, se relaient à Simandre, pour rassurer les habitants... mais aussi, enquêter discrètement sur les comportements suspects. Pendant ce temps, les incendies continuent.

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Mais le dernier incendie, dans la nuit du 8 au 9 novembre, vient "accélérer la résolution de l'enquête" et permet aux gendarmes de "disposer d'élements probants", selon le commandant de la compagnie départementale de Louhans, le chef d'escadron Paul Remy-Neris, qui parle d'une "partie de billard à plusieurs bandes" pour résoudre cette enquête.

Pompier volontaire depuis 20 ans

Lorsque l'identité de l'incendiaire est connue, c'est la stupéfaction. Car Nicolas M. n'est autre...  qu'un pompier volontaire, qui travaille au SDIS local depuis 20 ans. Une fonction qui rend ses actes encore moins compréhensibles. Une "trahison", pour ses collègues du SDIS de Saône-et-Loire.

Nicolas M. a-t-il agi pour la gloire ? Pour l'argent (ses interventions sur les incendies qu'il a lui-même déclenchés lui ont rapporté 650 euros) ? À cause de son addiction à l'alcool ? En première instance, le prévenu a eu du mal à se justifier, répétant par moments : "Je ne sais pas. Je ne sais pas." Trois mois et demi après ce procès, l'audience en appel permettra peut-être de faire émerger davantage de réponses.

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