Quelle doit être la distance entre les épandages de pesticides et les habitations ? La question continue d'opposer associations écologistes et agriculteurs. Le Conseil Constitutionnel a même invalidé les chartes départementales censées établir les règles en la matière. Exemple en Saône-et-Loire.
André Roux vit à Saint-Amour-Bellevue (Saône-et-Loire) depuis près de quarante ans, dans une maison entourée par les vignes. Il affirme avoir vu son environnement se dégrader au fil des années. En cause, les traitements du vignoble : "on voit surtout de gros tracteurs et des nuages de sulfates autour". Une pratique qui se répète une dizaine de fois par an selon lui.
Ce qui le gêne, c'est la proximité de ces traitements, les odeurs, le bruit. Inquiet des conséquences de l'utilisation de ces produits, il a décidé de créer un collectif.
Le problème, c'est que ces produits phytos, on puisse les épandre sans avertir des risques, alors que les risques aujourd'hui, on les connaît parfaitement.
Des distances variables selon les produits
Aujourd'hui, quelles sont les règles dans les vignes ? La distance minimale entre des épandages de pesticides et des habitations est de 20 mètres pour les produits les plus dangereux, 10 mètres pour les autres produits phytosanitaires. Mais cette distance pouvait encore récemment être abaissée jusqu'à 3 mètres, sous certaines conditions.
C'est ce que permettaient des chartes d'engagement signées au niveau départemental. Des chartes de "bien vivre ensemble", issues d'une concertation menée pendant le confinement. Mais elles ont été invalidées par le Conseil Constitutionnel en mars dernier : c’est leur méthode d’élaboration qui a été retoquée.
La présidente du collectif mâconnais Pesticides et Santé se dit aujourd'hui satisfaite de cette décision, mais voudrait aller plus loin : "ce qu'on veut vraiment, c'est un changement des pratiques. On voudrait qu'à côté des maisons, ça soit traité en bio, ou non traité.
Les agriculteurs se défendent
Lors de cette concertation, les agriculteurs et viticulteurs ont rappelé qu’ils sont « déjà responsables » et qu’ils n’utilisent pas les pesticides « n’importe quand et n’importe comment ». « Ils disent faire très attention à la météo et au vent par exemple. De son côté, la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire a développé une application : agri civis, qui permet à chaque agriculteur de prévenir les riverains quand des épandages sont prévus.
On pensait avoir fait notre travail en organisant une consultation publique. On repart à zéro, un an plus tard. Là, les traitements vont commencer, que devons-nous dire à nos viticulteurs ?
Le gouvernement défend l'utilité de ces chartes départementales. Mais il est désormais contraint de revoir sa copie. Une nouvelle étape dans ce dossier qui suscite des polémiques depuis plusieurs années.