Témoignage. "J'allais crever" : à 73 ans, il survit plus de 24 heures, gravement blessé, en forêt du Morvan

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Michel Petitjean restera alité pendant deux mois, il devra aussi attendre au moins un an avant de pouvoir espérer aller cueillir des champignons.
Michel Petitjean, 73 ans, a été retrouvé gravement blessé après plus de 24 heures en forêt. Il était parti cueillir des champignons avant de se briser la cheville, le jeudi 7 décembre. C'est sous une pluie battante et glacée qu'il a réussi à survivre. Récit ©François Latour et Sébastien Allec /France Télévisions
Publié le Écrit par Vincent Constant
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Michel Petitjean, 73 ans, a été retrouvé gravement blessé après plus de 24 heures en forêt. Il était parti cueillir des champignons avant de se briser la cheville, le jeudi 7 décembre. C'est sous une pluie battante et glacée qu'il a réussi à survivre. Récit.

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Michel Petitjean est un passionné de champignons. Ce retraité de 73 ans, originaire d'Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire), aime profiter de son temps libre pour sillonner les forêts du Morvan à la recherche des cèpes et des chanterelles. Mais cette passion a bien failli lui coûter la vie.

Jeudi 7 décembre, panier au bras, Michel Petitjean prend la direction de la forêt domaniale de Glenne, proche de la Nièvre. À plus de 30 kilomètres de son domicile, en pleine forêt, le septuagénaire trébuche sur un bout de bois et tombe dans un talus. Le choc lui brise la cheville et le condamne à rester sur place. C'est plus de 24 heures plus tard qu'il sera retrouvé par un pompier en civil et son beau-frère.

"J'ai souffert"

Aujourd'hui alité pour "au moins deux mois", Michel Petitjean se remémore sa cheville gonflée, à l'angle difficilement supportable. Double fracture. Et pas de réseau téléphonique. "J’ai souffert. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve un petit coin si je devais passer la nuit ici. Je me suis assis à côté d’un tronc de deux mètres. J’ai récupéré toute la mousse qu’il y avait dessus pour me couvrir pour la nuit."

Cet abri de fortune lui a permis un temps de se maintenir à une température correcte, mais ça n'a pas duré. "Le froid, le froid", répète-t-il, traumatisé. "Il pleuvait et il faisait -3 degrés. Les deux jambes prenaient la pluie directement et ça gelait."

Une des premières choses que je me suis dit c’est de ne pas m’endormir. J’ai regardé ça dans des émissions : si on s’endort c’est foutu.

Michel Petitjean

rescapé

Michel Petitjean est atteint de diabète. Un paramètre qui a largement compliqué son expérience de survie. "La nuit tombait et je commençais à avoir des vertiges parce que j’étais en hypoglycémie avec le diabète", explique-t-il. "Avec mon panier à portée de main, j’ai commencé à manger des champignons crus, ce n’est pas mauvais quand on n’a rien d’autre sous la main."

C’est grâce à une émission de télévision qu’il pense à une autre source de nourriture : "J’ai commencé à arracher des racines de chêne avec mon couteau et je les mangeais. Il y a beaucoup de protéinees. Il y a parfois des bestioles, mais on ne regarde pas ce qu’il y a dedans, on mange."

"Je me suis dit qu'il avait fait une mauvaise rencontre"

"Il ne part jamais sans me dire où il va", assure sa femme Patricia. "Mais cette fois-ci, j'étais occupée et il a oublié avant de partir." Cette veilleuse de nuit à la maison de famille d'Étang-sur-Arroux s'est inquiétée rapidement. "En hiver il rentre beaucoup plus tôt, vers 15h30. Là, à 16h30 il n'était toujours pas là, j'ai commencé à m'inquiéter."

Tout au long de la disparition de son mari, Patricia Petitjean a très mal supporté l'attente. "J'ai vécu un enfer, même si mon mari a vécu bien pire", commente-t-elle. "J'ai pensé à ce qui avait pu lui arriver et j'étais paniquée. Je me suis dit qu'il avait pu faire une mauvaise rencontre ou qu'il avait été enlevé. Puis malgré le fait qu'il soit très prudent, j'ai pensé à l'accident."

Avec deux de ses amies, son frère et sa belle-sœur, ils ont arpenté tous les coins habituels de l'amateur de champignons, jusqu'à 1h du matin. Puis ils y sont retournés dès 6 h le matin, en se divisant. En vain.

"Quelques heures après c'était sûrement trop tard"

Le lendemain donc, Michel Petitjean finit par capter un peu de réseau. Suffisant  C'est grâce à de brefs appels et un minimum d'indices que Michel Petitjean a réussi à aiguiller ses sauveurs. "Le réseau n'était pas bon, mais il n'a pas cessé d'essayer", confie Loïc Huguenin, chef de centre des pompiers d'Étang-sur-Arroux. "En tout il a passé plus de 400 appels, et parfois ça nous parvenait juste assez de temps pour qu'il donne des indications, comme "à gauche après la cabane", "après les barrières en bois"... Avec ça on a réussi à quadriller la zone et retrouver sa voiture." Une fois le véhicule retrouvé, c'est une course de deux kilomètres à travers bois et rivière qui a permis aux sauveteurs de localiser l'endroit de l'accident.

Loïc Huguenin, n'en revenait pas en trouvant Michel Petitjean : "Quelle robustesse ! Il a été incroyable, il a fait de la vraie survie. On l'a retrouvé avec de la mousse et des branches, il s'était mis près d'une souche, il appelait ça une 'cabane'." C'est en civil que cet habitant du coin a participé aux recherches, il a agi sous les directives du chef de groupe de la caserne d'Autun, en charge du secteur. En tout ce sont 14 pompiers qui se sont relayés pour extraire le retraité, plus des membres du PSIG envoyés en renfort.

Il faut dire que l'urgence était réelle. En plus des conditions extrêmes dans lesquelles Michel Petitjean a tenu, son état de santé nécessite la prise régulière de médicaments. "Et malgré tout ça, il n'était pas en hypothermie", explique Loïc Huguenin, un brin admiratif. "Par contre, je pense que quelques heures après, c'était sûrement trop tard. Il n'aurait pas passé la nuit." 

Pour Michel, plus d'escapade pour trouver des champignons avant un moment. Il devra attendre "un an complet avant de pouvoir espérer retrouver sa mobilité".

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