Nous avons interrogé des Francs-Comtois et des Bourguignons pour savoir en quoi la hausse historique des tarifs des carburants impactait leur vie quotidienne. Témoignages.
Le prix du carburant bat des records ces dernières semaines en France. Avec un prix à la pompe à 1,5583 euro (soit 2 centimes de plus que la semaine précédente), le prix du litre de gazole a atteint lundi 18 octobre un nouveau plus haut historique, selon les chiffres officiels du ministère de la Transition écologique.
Nous avons interrogé des Francs-Comtois et des Bourguignons pour savoir en quoi cette hausse des tarifs impactait leur vie quotidienne. Dans notre région très rurale et frontalière, nombre d'entre eux utilisent leur véhicule quotidiennement et parfois pour de longs trajets.
Camille habite à Tavaux dans le Jura et travaille à Lons-le-Saunier. Elle réalise presque 100 km par jour, 5 jours par semaine, pour se rendre au travail. Elle est directrice d'une micro-crèche. "Le travail qui m’a été proposé à Lons il y a plus de deux ans a été une vraie opportunité professionnelle pour moi et le salaire y était un peu plus important, mais avec la hausse du prix du carburant je ne m’y retrouve plus du tout malgré que j’ai un salaire correct" nous dit-elle.
Changer de travail
Elle envisage, si les prix ne baissent pas, de démissionner de son poste et pour se rapprocher de chez elle. "Je redescendrais au statut d’éducatrice de jeunes enfants en crèche, donc perte de salaire mais avec les kilomètres en moins..."
Elle pense ne pas pouvoir bénéficier des chèques carburants qu'envisage de distribuer le gouvernement. "Je sais d’avance que je n’y aurai certainement pas le droit donc je ne vois pas d’autres solutions. Je ne pense pas faire partie des plus modestes en gagnant 1600€ net/mois, mais si j’enlève le prix du carburant je me retrouve finalement avec un salaire bien diminué" conclut-elle.
Restreindre ses trajets
Autre configuration mais mêmes problèmes liés à l'augmentation du prix des carburants pour Titouan, étudiant en Licence Ressources Humaines à l'école Pigier de Strasbourg et employé en alternance au Centre Hospitalier de Baume-Les-Dames. "J'ai un petit véhicule essence, je fais environ 50 km par jour, avec des bouchons... Avant, un plein me coûtait 38€. Aujourd'hui je dois faire un plein par semaine, pour plus de 50€, et encore, je ne fais parfois pas le plein complet" nous explique-t-il, en réponse à notre appel à témoins.
Il n'envisage pas d'acheter un véhicule diesel, une solution qui ne lui semble pas suffisamment avantageuse. Il aimerait opter pour une voiture électrique. "J'ai pour idée d'acheter un véhicule électrique, mais la répercussion des dépenses ne se fera que sur le long terme... En attendant, je restreins mes trajets. Quand je vais à l'école de Besançon, je me gare à l'extérieur de la ville et je fais le reste du chemin en trottinette, cela économise du temps et de l'argent" détaille le jeune, également dessinateur de BD. Il a d'ailleurs créé une illustration humoristique au sujet de l'augmentation du prix de l'essence.
Nelly, une autre internaute, constate évidemment l'augmentation du prix du carburant mais craint également de nombreuses autres augmentations dans les mois qui viennent : "Malheureusement, il n'y a pas que le carburant qui augmente au 1er janvier. Vous allez avoir la mutuelle, les assurances, l'eau, l'électricité. C'est sûr que ça fait un gros trou dans le budget quand c'est pas prévu, sans compter l'alimentation."
"Ça va devenir un luxe d'aller au travail en voiture !"
Cette crainte est partagée par Essa, qui habite à Magny-Cours et qui travaille à Urzy, dans la Nièvre. "Il n'y a pas que l'essence qui augmente mais le gaz, l'électricité, les courses... Il y a de très gros impacts dans la vie de tous les jours et malheureusement on nous prive encore. Ca devient un luxe de bien manger et ça va devenir un luxe d'aller au travail en voiture !" s'indigne-t-elle. Elle nous explique réduire "les plaisirs comme les restaurants ou les activités payantes en extérieur". "Nous avons pensé aussi à Noël ou nous allons plus faire attention aussi à notre budget" ajoute la Bourguignonne.
Manuel, de son côté envisage de rejoindre le mouvement des gilets jaunes, si des actions sont organisées en faveur du pouvoir d'achat. Il parcourt 120 km par jour pour aller travailler "sans aucune prime de transport versée par son employeur". "La hausse du prix du gazole m'impacte beaucoup" explique-t-il, tout en espérant une baisse du prix dans les semaines à venir ou une prime du gouvernement par rapport aux kilomètres effectués chaque jour.
Le Premier ministre Jean Castex doit annoncer d'ici vendredi l'aide qui sera proposée aux Français pour contrer la hausse des prix du carburant. Si l'idée d'un chèque alloué aux familles les plus modestes est privilégiée, d'autres pistes sont encore sur la table.
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