L'année 2024 aura été très compliquée pour les producteurs de noix et noisettes. Dans l'Yonne et la Nièvre, le Collectif noix et noisettes de Bourgogne accuse le coup. Ces producteurs se sont lancés en 2016 et tentent de développer leur filière.
À l'instar de l'année 2024, pluvieuse et nuageuse, les nuciculteurs font grise mine. En septembre dernier par exemple, l'Yonne était touchée par des intempéries spectaculaires.
Dans la région, les producteurs se résument au Collectif noix et noisettes de Bourgogne.
Un collectif en plein développement
Neuf agriculteurs sont répartis entre l'Yonne et la Nièvre en particulier en Puisaye-Forterre. Ils se sont lancés dans ce projet en 2016 et ont planté leurs arbres entre 2017 et 2018. L'objectif était de diversifier leur activité en produisant des noix et des noisettes.
"Au départ, si on avait été chacun tout seul je pense qu’on ne l’aurait pas fait", admet Thierry Joinnault, l'un des nuciculteurs. "Surtout qu’on voulait pouvoir mécaniser la production. Faire tout manuellement ce n’est pas possible. On s’était dit qu’il fallait avoir au minimum une trentaine d’hectares pour pouvoir mécaniser la production de noix. On a démarré sur 54 hectares et l’année d’après d’autres agricultures nous ont rejoint pour ajouter 9 hectares. Petit à petit, on s’équipe en matériel au fur et à mesure que la production arrive puisque là cela démarre tout doucement."
À terme on espère être à deux tonnes et demie ou trois tonnes par hectare. Après, là on démarre, c’est le tout début de la production. On est sur de jeunes arbres, dans 12 ou 14 ans on devrait être à l’optimum.
Thierry Joinnaultnuciculteur
Pour le moment une partie des terres est en train d’être irriguée, pour pouvoir développer la qualité des récoltes. Cette segmentation de la production permet aussi d’avoir un stock étalé dans le temps, plutôt que d’avoir une forte production concentrée à la même période. "Cela nous laisse la possibilité de nous implanter au niveau du marché", assure Thierry Joinnault.
"C'était une petite année"
L'année dernière constituait la première récolte du collectif et pour un lancement, elle avait donné satisfaction. Mais cette année c'est la douche froide.
Thierry Joinnault pioche une noix dans une caisse à moitié remplie. Après l’avoir fait pivoter avec ses doigts, il remarque un trou dans la coque. "Ce sont les oiseaux", regrette-t-il. "Ils se sont servis directement sur l’arbre avant la maturité. Ce sont des bonnes noix comme les autres, mais elles ont pris un coup de bec donc on ne peut pas les commercialiser. Cela ne peut aller qu’en huilerie."
La preuve que nos noix sont très bonnes puisque les oiseaux les adorent !
Thierry Joinnaultnuciculteur
Laurent Yverneau est lui aussi producteur de noix et noisettes. Au milieu de sa noiseraie, il déambule l'air un peu désemparé. Le mal qui a rongé ses cultures, il le connaît mieux que quiconque : "C’était une petite année, les noix et les noisettes dans une moindre mesure ont souffert du mois de mai avec pas de luminosité et beaucoup d’humidité. La floraison s’est très mal passée, la nouaison aussi. On est parti avec très peu de fruits sur les arbres et après tout au long de l’année, avec l’humidité, les fruits se sont abîmés. Au moment de la récolte cela a été compliqué."
Le tri pour sauver les meubles
La collecte des fruits s'est déroulée sur les quinze premiers jours d'octobre. 800 kilos ont été ramassés par le collectif. En comparaison de l'année dernière et de la tonne et demie amassée, la quantité est moindre pour une surface récoltée plus importante. Une vraie désillusion pour le collectif qui espérait pouvoir continuer sur sa lancée.
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"C’est compliqué parce qu’on a les consommateurs qui nous ont découverts l’an dernier, qui nous ont appréciés", maugréer Laurent Yverneau. "On avait déjà des réservations en volume de noix à commercialiser pour cette récolte. Cela va être compliqué d’honorer toutes les demandes. On a un volume moindre, on a une qualité qui est quand même moins bien que l’an dernier donc on est obligé de beaucoup trier."
Les noix qui ne peuvent être destinées à la commercialisation sont orientées pour faire des huiles, de la farine, des cerneaux pour la pâtisserie... "On arrive quand même à sauver une partie de ce qu’on a écarté", se rassure le producteur.
Mais cela ne sera pas suffisant. Face au travail en plus demandé par le tri et en prenant en compte le faible rendement, les prix vont augmenter : les noix seront vendues à 8 € le kilo. Le collectif nourrit de grands espoirs en l'année prochaine et toutes celles à venir. Car selon eux, la filière ne demande qu'à se développer.
► Avec Alexis Gaucher et Audrey Champigny.