Malgré le retour de la pluie, le niveau d'eau des nappes phréatiques reste trop bas en Bourgogne. Nous sommes descendus sous terre, avec un spéléologue de l'Yonne, pour le constater.
La pluie est revenue en ce mois de mai en Bourgogne. Malgré des précipitations quotidiennes depuis plusieurs jours, les niveaux d'eau restent tout de même trop bas pour la saison dans la région. Pour le constater, nous sommes descendus au plus près d'une nappe phréatique, dans une cavité souterraine de la région de la Cure, dans l'Yonne.
Au plafond de la grotte, "on voit quelques petites gouttelettes d'eau sur les concrétions mais on ne les entend pas tomber", note Bruno Bouchard, notre guide et président du club de spéléologie de Chablis. "C'est-à-dire que nous sommes dans une cavité qui est quand même assez sèche."
Car même s'il pleut, l'eau de pluie s'évapore et est absorbée par la végétation avant de s'infiltrer jusqu'à la nappe. Au fond de la grotte que nous explorons, le niveau d'eau est bien plus bas que d'ordinaire
Voir cette publication sur Instagram
"On voit la laisse (le trait) d'eau à ce niveau-là, alors qu'au mois de mai elle devrait être au moins ici", explique Bruno Bouchard en montrant un écart d'une trentaine de centimètres.
"C'est un peu triste. On a l'impression que la grotte se meurt et que le sous-sol est en train de mourir par manque d'eau"
Bruno Bouchardspéléologue
75% des nappes de France manquent d'eau
Plus à l'est de la Bourgogne, à Gissey-le-Vieil dans l'Auxois. Cette commune d'une centaine d'habitants pourrait, elle aussi, manquer d'eau bientôt. Car d'après les dernières constatations, les réserves sont 20% inférieures à la normale.
Frédéric Verrier, directeur du syndicat des eaux de l'Auxois-Morvan nous ouvre la petite trappe qui mène à la source du village. "Malgré les apparences de verdure dans le paysage, ça se peut qu'à la fin de l'été, il n'y ait plus assez d'eau. Ça a été le cas l'année dernière."
En cas d'assèchement de la source, Gissey-le-Vieil pourrait alors récupérer l'eau des sources alentour. Mais est-ce viable ? Les autres sources pourraient, elles aussi, se retrouver à sec.
"La vallée de la Saône est en rouge sur nos relevés, ce sont des niveaux très bas. Autour en jaune, les niveaux sont plus hauts mais toujours inférieurs à la moyenne", détaille Marc Philippe, le chef du département hydrologie-hydrométrie à la DREAL. C'est lui qui analyse, tous les mois, les relevés.
"Ce que nous indiquent les scientifiques, c'est une évolution vers une augmentation forte de la température", regrette Marc Philippe. Il faudra donc s'habituer. Après un hiver sans pluie, 75% des nappes phréatiques de France sont en-dessous des normales de saison. Cette semaine, les Pyrénées-Orientales sont devenues le premier département de France à passer en niveau "crise" face à la sécheresse.