Le mécontentement des agriculteurs prend de l'ampleur. Des manifestations sont prévues en Bretagne dans les prochains jours. Le malaise de la profession n'est pas nouveau mais il est encore exacerbé par la conjoncture actuelle, entre la hausse des charges et la baisse des prix. Dans le Morbihan, deux jeunes agriculteurs s'interrogent sérieusement sur leur avenir.
C'est une ferme comme il en existe des dizaines en Bretagne : une centaine de vaches laitières, autant de veaux et de génisses, avec, à la tête de ce Gaec, Damien, son cousin Benjamin, et le père de ce dernier, parti prendre quelques jours de vacances, histoire de souffler et d'oublier un quotidien de plus en plus difficile.
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Il y a d'abord la question des revenus qui revient sans cesse. Cette exploitation morbihannaise vend son lait chez Lactalis à un prix que les éleveurs jugent aujourd'hui "insuffisant".
"On est autour de 430 euros la tonne de lait, confie Benjamin. Ce n’est pas assez, au vu des charges qu'on a en face". Des charges qui ont augmenté de 18% l'année dernière. "Il faudrait revoir les prix pour s'assurer des revenus décents au regard du travail fourni". La revendication n'est pas nouvelle mais ce n'est plus la seule.
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"On marche sur la tête"
Comme beaucoup d'agriculteurs, Benjamin et Damien se disent victimes des "mises aux normes incessantes imposées par Bruxelles", que ce soit pour l'utilisation des produits phytosanitaires ou pour l'obligation de parquer les veaux dans des cases collectives et non plus individuelles.
"En case collective, ils pensent que c’est mieux pour le bien-être animal, explique Damien. Mais on voit bien qu’en case collective, s’il y a un animal qui attrape une maladie, tout le monde va l’attraper. On n’en veut pas de cette norme. Vous avez vu nos animaux : ils ne sont pas malheureux. On fait tout pour. Il faut encore rajouter. C’est un non-sens. On marche sur la tête !"
Faut-il réinvestir dans la ferme ?
À tout cela, s'ajoutent les démarches administratives de plus en plus compliquées et chronophages. Aujourd'hui, les deux cousins s'interrogent. Faut-il continuer et réinvestir dans la ferme ? "On a fait des études, ça nous coûterait un million d’euros, détaille Damien. Ce n’est pas envisageable d’autant qu’on ne sait pas combien on va être payés dans les années futures".
Changer de filière ?
Ou faut-il bifurquer vers un autre type d'élevage, le bovin viande par exemple. C'est la solution qu'ils envisagent sans toutefois se faire d'illusions.
A mon oncle, on a toujours dit, depuis qu’il s’est installé, de se mettre aux normes, que ça paiera, que ça fera la différence. Il est parti en retraite, sans que ça paye. C’est une phrase qui marque
BenjaminÉleveur de vaches laitières
Cette semaine, Damien et Benjamin ne devraient pas aller manifester. Trop de travail sur la ferme. Mais ils attendent des réponses rapides et concrètes.