Dans le cadre des prochaines élections départementales des 20 et 27 juin prochains, cinq candidats aubois ont débattu, lundi 14 juin, sur le plateau de France 3 Champagne-Ardenne. Voici les trois moments fort d'un débat à retrouver en intégralité à la fin de cet article.
Dans l'Aube, les électeurs de 17 cantons seront appelés à renouveler l’assemblée départementale les 20 et 27 juin, composée de 34 conseillers. Le département est ancré à droite (31 à droite, 2 au centre et 1 élu de gauche), il est le deuxième département le plus peuplé de Champagne-Ardenne.
Grâce à une gestion rigoureuse, le département de l’Aube affiche une très bonne santé financière. Il investit beaucoup. Deux gros projets sont en cours. La CIME, le complexe d’escalade, dans l’agglomération de Troyes, un chantier à 11,5 millions d’euros mais aussi la Cité du Vitrail, un espace de 3.000 m² entièrement dédié à ce savoir-faire. Coût estimé : 16,4 millions d’euros.
Ils sont cinq candidats autour de Laurence Laborie : Philippe Pichery, le président divers droite sortant, est candidat sur le canton de Creney-près-Troyes. Valentine Frey de La République en Marche se présente sur le canton Troyes 2. Le maire socialiste de la Chapelle Saint-Luc, Olivier Girardin, quitte le conseil régional pour se consacrer à ces élections départementales. Il est candidat sur le canton de Troyes 3. Le numéro 1 du Rassemblement national dans l’Aube, Jordan Guitton, est candidat à Arcis-sur-Aube. Enfin, Bruno Pellerin de la France Insoumise se présente sur le canton de Troyes 4.
Le drame de Virey-sous-Bar, la question d'un retour à 90km/h ou encore les collèges ont été l'occasion pour les candidats d'échanger leurs points de vue.
1. Le drame de Virey-sous-Bar
En mai dernier, Audrey Adam, une assistante sociale de 36 ans, employée par le conseil départemental de l'Aube, est retrouvée morte alors qu’elle rendait visite à un octogénaire, dans l’exercice de ses fonctions. L'homme l'aurait tué avant de mettre fin à ses jours. Travailleurs sociaux : un métier à risques ? "Oui, répond Olivier Girardin (PS), il y a plus de risques qu'avant c'est vrai. Il y a surtout la nécessité pour les pouvoirs publics, de quelques niveaux que ce soit, de valoriser ces métiers, de les protéger autant que faire se peut, d'augmenter le nombre de personnes disponibles pour assurer ces fonctions. On raisonne souvent à euros constants ou à moyens constants, on oublie qu'entre le moment où on était 50 millions et aujourd'hui, il y a juste 20 millions d'écart. Je ne demande pas que le département face tout tout seul mais qu'il s'engage, qu'il soit d'avantage moteur dans des actions financées à plusieurs et on s'en sortira mieux tous."
"Des moyens, on peut en mettre toujours plus, lance Philippe Pichery (DVD), je tiens à préciser que l'on a créé un certains nombre de postes ces derniers temps dans ces domaines. Il faut surtout reconnaître ces métiers, par la prise en considération et par la rémunération. C'est un souci permanent que l'on a auprès de toutes les personnes qui interviennent à domicile. Le département les a augmentées cette année de 12,5%, c'est un premier pas, je considère même qu'il faut aller plus loin mais c'est un domaine où les associations ont du mal à recruter, il faut revaloriser ses fonctions pour qu'elles soient attractives."
Pour Bruno Pellerin (LFI), "il faut se poser la question des compétences du Département, c'est le social en premier. C'est ce qui est prioritaire et c'est à 55% dans le budget. Or, au niveau français, la moyenne est de 65%, 10% d'écart, c'est énorme. Donc les moyens du département, il faut les allouer à sa compétence. Or il y a des choses dans ce département qui ne sont pas de sa compétence et où il y a du budget. Il faut donc utiliser le budget là où on en a besoin pour renforcer la valorisation et le nombre des agents."
Pour Jordan Guitton (RN), il y a "un fort sentiment d'insécurité en France et nous proposons un plan de sécurité à chaque échelon et il y a une compétence collège au sein des départements ou cela peut s'appliquer". Valentine Frey (LREM) pointe elle une différence "entre le temps-terrain et le temps administratif, ce qui pose problème sur des situations d'urgence remontées par des travailleurs sociaux ou le temps administratifs n'est pas écourté."
2. 80 ou 90 km/h ?
Le département de l'Aube gère 4.500 kilomètres de voies. En janvier 2021, 225 kilomètres de routes, représentant 25% du trafic routier, sont repassées à 90km/h. "Je pense que la décision qui a été prise par le Département de repasser ces grands axes à 90km/h a plutôt été une bonne décision", indique Valentine Frey (LREM), suivie par Olivier Girardin (PS) qui "partage totalement ce qu'a fait le Département".
Pas de satisfecit en revanche de la part de Jordan Guitton (RN). "Lorsque l'on fait de la politique et notamment à l'échelle du département, il faut être très clair. Vous avez décidé de repasser seulement cinq axes, c'est-à-dire environ 5% des routes du département, à 90 km/h, moi je pense qu'il faut plus de clarté, rétablir les routes partout à 90 km/h là où la loi le permet. Cela va permettre de responsabiliser les gens et qu'ils régulent eux-mêmes leur vitesse."
Enfin, pour Bruno Pellerin (LFI), "au-delà de cette question, il faut surtout réfléchir à comment amener de la culture, du sport etc, au contact de tous et pour tous et pas seulement à Troyes".
3. Les collèges
L'Education représente un peu moins de 11% du budget total du département de l'Aube, 12.718 collégiens répartis sur 25 collèges, comment améliorer les conditions de travail des jeunes ?
Pour Valentine Frey (LREM), "il faut prendre en compte le quotient familial pour fixer le prix de la cantine scolaire", quand Philippe Pichery (DVD) parle "d'équité" avec un prix à 3,41€ par repas pour tous. "On a fait le choix de mettre l'accent sur les conditions d'études en rénovant tous les collèges, le dernier, Paul Langevin à Sainte-Savine sera lui reconstruit au cours de ce mandat, faute de pouvoir le rénover. Moi, quand je rencontre les gens, c'est plutôt des conditions d'enseignement dont ils me parlent", ajoute le président sortant. "Il faut que les familles contribuent selon leurs moyens. Il faut que l'effort soir le même, c'est comme cela que l'on arrive à l'équité", rétorque Olivier Girardin (PS). Une ligne également défendue par Jordan Guitton (RN) avec l'objectif pour toutes les familles "par un critère social, de pouvoir venir à la cantine".
Bruno Pellerin (LFI), lui, est pour une gratuité car "on sait que 40% des enfants défavorisés ne mangent pas à la cantine. Or, avec plus de monde présent, on pourra organiser des choses avec des associations sportives, les foyers sociaux-éducatifs pour apporter quelque chose de culturel dans le collège. Et l'argent économisé par les familles va pouvoir être dépensé dans l'économie locale (restaurant etc). Si le Département prend cela en charge, cela coûte 6 millions. Il plaide également pour un renversement d'objectif. Aujourd'hui, on dépense 20 millions pour l'enseignement supérieur, qui n'est pas une compétence du Département, et 10 millions pour les collèges."
"Il faut remettre de l'humain, ajoute Olivier Girardin (PS). On n'a pas assez d'adultes qui gèrent les enfants aujourd'hui et là, je pense que le conseil départemental devrait mobiliser un peu de ses crédits. Je suis assez favorable au travail qu'a fait le Département avec l'enseignement supérieur mais le décalage avec le collège est un angle mort qu'il faut compenser. Il y a un vrai sujet."
De son côté, Philippe Pichery appelle à ne pas opposer enseignement supérieur et collège, arguant que "si on a développé l'enseignement supérieur, cela a été une création de richesse exceptionnelle, l'Aube est le seul département de tout le Grand Est qui, d'après l'INSEE, présente un seuil migratoire positif qui est composé notamment d'étudiants".
Jordan Guitton (RN) a lui proposé de "mettre des gardes du corps à l'entrée des collèges pour assurer la sécurité".
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