Saturation des urgences de Strasbourg : un syndicat dépose plainte pour "non-assistance à personne en danger”

Pour dénoncer des dysfonctionnements au sein du service des urgences des hôpitaux universitaires de Strasbourg, le syndicat FO a décidé de porter plainte le 10 avril, avec constitution de partie civile, auprès de la doyenne des juges d'instruction pour "non-assistance à personne en danger".

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Le syndicat FO-Santé des hôpitaux universitaires de Strasbourg passe à la vitesse supérieure. Après avoir multiplié les droits d'alerte auprès de la direction et de l'agence régionale de santé, le syndicat avait déposé en décembre 2023 une première plainte auprès de la procureure de la République de Strasbourg.

Sans réponse depuis trois mois, c'est auprès de la doyenne des juges d'instruction du tribunal judiciaire de Strasbourg qu'une plainte a été déposée le 10 avril "pour des faits pouvant être qualifiés de non-assistance à personne en danger", exposent le syndicat et son avocat maître Matthieu Airoldi, désireux de poursuivre la voie judiciaire dans laquelle ils ont décidé de s'engager.

"Nous avons opté au mois de décembre pour la voie judiciaire, car nous avons tapé à toutes les portes, d'un point de vue administratif, avance Christian Prudhomme, secrétaire général de FO-HUS. Nous alertons depuis des mois, et nous estimons aujourd'hui qu'il y a un réel danger pour les patients, et pour les professionnels, lors de la prise en charge au service des urgences.

Aujourd'hui, nous voulons mettre un coup de pression supplémentaire sur ceux qui sont responsables de la situation déplorable de ce service, par manque de moyens. Et nous attendons de la justice qu'elle établisse les responsabilités et que chacun ait à y répondre."

800 lits fermés en 10 ans, selon FO

En cause, selon le syndicat, un engorgement des urgences dû à la fermeture des lits et au manque de personnel dans les différents services des HUS. "Nous avons perdu 800 lits en 10 ans, et de nombreux personnels ont quitté l'hôpital public suite au Covid, en raison de la dégradation de leurs conditions de travail. Les patients qui ne sont pas pris en charge à l'hôpital faute de place engorgent les urgences. Le problème est récurrent et aucune réponse n'est apportée, dénonce le syndicaliste.

Deux décès aux urgences en 2022

"Des promesses nous ont été faites par la direction il y a deux ans déjà, par exemple la nomination d’un "bed manager", une personne chargée précisément d'optimiser l'ouverture de lits dans les différents services. Les médecins attendent cela aussi. Et il n'y a toujours rien."

Et Christian Prudhomme de mettre en avant deux affaires en cours, faisant suite à des plaintes déposées par les familles d'un patient décédé aux urgences en mars 2022, et d'un second en septembre 2022, pour mettre l'accent sur l'urgence de la situation. "Les médecins commencent eux-mêmes à reconnaître ces dysfonctionnements. Ce n'est plus seulement "FO qui dit n'importe quoi". 

Il y a un problème structurel d'engorgement des urgences dû au manque de lits à l'hôpital. Il faut sortir du déni

Christian Prudhomme, secrétaire général FO-Santé des HUS

L'engorgement des urgences des HUS de Strasbourg a connu son paroxysme au cœur de l'hiver, avec des files interminables d'ambulances dans l'impossibilité de décharger leurs patients et immobilisées sur le parking des urgences dans l'attente d'une prise en charge.

L'accueil de patients aux urgences géré par des aides-soignantes

La direction avait alors installé sur ce parking une unité sanitaire mobile, gérée conjointement avec les pompiers, pour accueillir huit patients dans l'attente de leur prise en charge. Cette unité mobile provisoire a été fermée à la fin du mois de mars, et sera remplacée par la mise en place d'un sas d'entrée, où deux aides-soignantes pourront gérer l'attente de huit patients.

Une solution que dénonce fermement Christian Prudhomme. "Les aides-soignantes ne sont pas formées pour prendre en charge des patients qui arrivent aux urgences. C'est au minimum la responsabilité des infirmières. C'est dangereux pour les patients, et pour les professionnels, d'envisager cette prise en charge ainsi. Il y a là encore une vraie perte d'expertise au cœur du métier des urgences."

FO a donc demandé une expertise de ce sas d'accueil auprès de la société française de médecine d'urgence. Et espère surtout que la doyenne des juges d'instruction désormais alertée se saisira de l'affaire.

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