Replay. France 3 Alsace organisait un débat le mercredi 24 juin à l'occasion du second tour des élections municipales à Kaysersberg Vignoble (Haut-Rhin). Les candidates et candidats sur le plateau ont échangé sur leurs positions et les enjeux locaux.
Kaysersberg Vignoble (dans le Haut-Rhin avec son hôtel de ville historique, voir la carte photo en 360° ci-dessous) doit élire son nouveau ou sa nouvelle maire le dimanche 28 juin 2020. À l'occasion de ce second tour des élections municipales, France 3 Alsace a organisé un débat le mercredi 24 juin, arbitré par notre journaliste Géraldine Dreyer. Voici ce qu'il faut en retenir.
Ce débat portait sur les grands enjeux des municipales kaysersbergeoises. Parmi eux notamment, les suites à donner à la fusion parfois mal accueillie des trois anciennes communes de Kaysersberg, Kientzheim et Sigolsheim pour donner la commune nouvelle de Kaysersberg Vignoble (statistiques communales à retrouver dans la vidéo plus bas au-dessus des portraits). Le surtourisme, avec 900.000 touristes par an liés à l'élection de Kaysersberg comme village préféré des Français, est aussi une problématique majeure. Ces thèmes ont donné lieu à des échanges tendus entre la maire-déléguée de Kientzheim et adjointe Martine Schwartz, l'icônique ancien maire écologiste Henri Stoll, et l'ancien adjoint au tourisme Alain Thurlings (à revoir en intégralité dans la vidéo ci-dessous).
Les différentes personnes pour échanger au cours du débat démarrent au quart du tour, lorsque sont évoquées comme un "combat de chefs" les tensions nées de la fusion des trois villages. Henri Stoll ouvre les hostilités : "C'est un peu facile [ces critiques], on a deux adjoints qui n'ont pas du tout défendu leur maire [...] Ils se sont planqués derrière moi [...] On prend pas ses responsabilités, et après on accuse." Réponse agacée de Martine Schwartz : "J'ai essayé de pousser au consensus. La seule réponse donnée par Henri Stoll, ça a été : 'si tu n'es pas avec moi, c'est que tu es contre moi'." Elle évoque ensuite un "champ de ruines" et un "désastre", avant que Henri Stoll ne tranche : "Le passé, on l'efface; on se tourne vers l'avenir." Et le débat peut se poursuivre...
Mais une nouvelle querelle apparaît vite : celle liée aux distributions de masques par Martine Schwartz, qui représente la majorité sortante. Henri Stoll explique ses raisons d'être indigné : "On profite de ça pour aller chez les gens, leur donner un masque du conseil général [aujourd'hui conseil départemental; ndlr], et on leur écrit sur une enveloppe que c'est de la part d'un conseiller municipal de Kaysersberg-Vignoble. On utilise cette pandémie pour se faire de la pub. C'est honteux." Contre-attaque de Martine Schwartz : "Nous avons choisi de faire la distribution des masques au domicile, contrairement à d'autres villes qui faisaient venir les gens sur rendez-vous. On a donc fait du porte-à-porte, et si les gens n'étaient pas là, on laissait un petit mot pour expliquer ce que c'était. [...] Avec le masque, il y avait un flyer qui disait que ça venait du conseil général." Alain Thurins fait quant à lui part de sa déception : "Nous avons participé à l'élaboration de masques. Notre équipe avait six couturières qui ont confectionné 500 masques. Et il se trouve que lors de la distribution, on n'a pas du tout été convoqué." Il évoque aussi d'autres tâches qu'il a effectuées "bénévolement, sans faire de publicité", et Henri Stoll réplique : "On est aux affaires, on l'a tous fait."
J'ai essayé de pousser au consensus.
Plus tard, Alain Thurins regrette aussi la guerre de mesures que se livre son opposante et son adversaire sur les mesures à apporter pour la reprise de la vie économique : "Je considère que c'est vraiment la course à l'échalote. On a d'un côté une municipalité qui offre 75 euros par ménage. Et de l'autre Henri Stoll qui propose 100 euros par personne. Ça veut dire une dépense de 460.000 euros. Avec le manque de recettes qui incombe actuellement à la commune, c'est dévastateur : c'est de l'argent public." Il tacle aussi ce dernier sur sa volonté de doubler les subventions aux associations. Réplique de Henri Stoll qui veut "sauver l'économie locale" : un mini-cours d'économie sur la politique de relance de Keynes...
Une nouvelle passe d'armes a lieu en fin de débat, au sujet des moyens de lutter contre le surtourisme. Elle oppose Martine Schwartz, très critiquée, à Henri Stoll : "Ça me fait doucement rigoler. Voici Martine Schwartz. Elle est adjointe pendant quatre ans. Et elle nous dit : 'on va faire un règlement'. [...] Elle fait partie de cette équipe, et elle nous dit : 'on fera'. Mais pourquoi vous ne l'avez pas fait pendant ces quatre ans ?" Et alors qu'elle tente de lui expliquer la situation d'autres communes qui ont pris ce règlement touristique "récemment", il la coupe, lapidaire : "Vous n'avez rien fait." Balle au centre avant, déjà, la fin du débat.
Les chiffres du premier tour
Le débat oppose les trois candidate et candidats du premier tour (tout le monde accède au second), qui a eu lieu le dimanche 15 mars. Il s'agit de :
- Martine Schwartz (DVC, Poursuivons ensembre (sic) Kaysersberg Vignoble), maire déléguée sortante de Kientzheim, avec 37.20% des voix
- Henri Stoll (DVG, Réussir Kaysersberg Vignoble), ancien maire de Kaysersberg, avec 37.02% des voix
- Alain Thurlings (DVC, Dynamique nouvelle), avec 25.77% des voix
Le taux de participation (à Kaysersberg) était de 50.45%. Lors des municipales de 2014, il était de 75.38%.
Martine Schwartz (DVC)
Martine Schwartz (Poursuivons ensembre (sic) Kaysersberg Vignoble) est âgée de 63 ans. Infirmière retraitée, elle siégeait déjà comme conseillère municipale de Kaysersberg avant-fusion, et a été désignée après la fusion comme maire-déléguée de Kientzheim (dirigée officiellement par le maire de Kaysersberg-Vignoble, Pascal Lohr, dont elle est l'adjointe). Elle représente donc l'équipe municipale sortante.
L'ancienne infirmière a géré des opérations de fabrication de masques et de blouses, ainsi que l'aide au voisinage vulnérable (courses, maintien du lien social) pendant la crise du coronavirus. Le vote d'une aide financière destinée à la population pour relancer l'économie locale a été mal perçue et critiquée par l'opposition.
Elle promet la mise en place d'un petit train touristique devant relier les trois villages constituant la commune nouvelle de Kaysersberg Vignoble. Elle souhaite aussi remettre en valeur le musée Schweitzer.
Henri Stoll (DVG)
Henri Stoll (Réussir Kaysersberg Vignoble) est âgé de 65 ans. Retraité de l'enseignement, il est maire de Kaysersberg de 1995 à 2016. C'est une figure emblématique de l'écologie en Alsace, qui a terminé en troisième position lors de la primaire présidentielle d'Europe Écologie Les Verts (EELV) en 2012.
Fort logiquement, il a axé son programme sur l'écologie. Il veut aussi réduire les impôts locaux et garantir les déplacements des personnes handicapées dans la commune.
Alain Thurlings (DVC)
Alain Thurlings (Dynamique nouvelle) est âgé de 66 ans. Cadre retraité de l'industrie du papier, il connaît les dossiers kaysersbergeois pour avoir été adjoint au tourisme avant 2014, et avoir co-dirigé l'office de tourisme de la ville.
Il projette de planter un arbre pour chaque nouveau-né à Kaysersberg, créer une maison des jeunes ainsi qu'une de santé. Il veut aussi développer l'oeno-tourisme.
Neuf débats à suivre dans les grandes villes d'Alsace
France 3 propose ce type de débats dans de nombreuses grandes et moyennes villes de France (voir carte ci-dessous). En Alsace, les débats ont lieu avec les candidates et candidats de :
- Mulhouse (Haut-Rhin), le lundi 15 juin
- Ostwald (Bas-Rhin), le mardi 16 juin
- Wissembourg (Bas-Rhin), le mercredi 17 juin
- Sélestat (Bas-Rhin), le jeudi 18 juin
- Riedisheim (Haut-Rhin), le vendredi 19 juin
- Colmar (Haut-Rhin), le lundi 22 juin
- Illkirch (Bas-Rhin), le mardi 23 juin
- Kaysersberg (Haut-Rhin), le mercredi 24 juin
- Strasbourg (Bas-Rhin), le jeudi 25 juin
Le second tour des élections municipales n'a lieu que dans 14% des communes françaises, les autres ayant déjà (ré)élu leur maire dès le premier tour.