Voilà un mois que Carène, infirmière au CHU de Reims, a été poignardée mortellement sur son lieu de travail. Depuis le drame, Adrien, son mari, et ses deux enfants tentent de tenir le coup et de se soutenir. Un mari endeuillé qui voudrait faire bouger les choses. Il dénonce la non-sécurité des services de soins.
Un mois après le drame, elle n'est pas oubliée. Carène Mézino, l'infirmière poignardée le 22 mai 2023 à l'hôpital Maison-Blanche de Reims, a été décorée, à titre posthume, de la Légion d'honneur, a annoncé le Journal Officiel du 19 juin. Elle a également été nommée à l'Ordre national du mérite. Le mari de Carène, Adrien Mezino a accepté de revenir sur ce drame.
Un sentiment de colère
Ce 22 mai, Adrien a appris le drame alors qu'il était au travail. "Je suis tombé de haut". "Jusqu'à 3h du matin, on a été informé des arrêts cardiaques. On ne nous a pas caché la vérité", se souvient-il. Malgré les efforts des médecins et des chirurgiens, Carène est décédée. L'époux de l'infirmière est resté au chevet de sa femme jusqu'à temps qu'on lui apprenne son décès. "Je ne pouvais pas repartir sans avoir quelque chose à dire à mes enfants", déclare-t-il.
La colère s'est rapidement emparée d'Adrien. "La première idée, c'est d'aller attraper celui qui a fait ça". Mais Adrien pense surtout à ses enfants âgés de 7 et 11 ans. "Ce n'est pas Carène qui mérite la Légion d'honneur, mais les enfants qui vont devoir vivre sans elle", sanglote-t-il. Il admet qu’"aujourd'hui, le quotidien est compliqué et que ça va le devenir encore plus". Dans son malheur, sa chance, ce sont ses enfants "formidables" qui se sont fait "une carapace" malgré le manque de leur maman.
Une cagnotte en ligne a récolté 34 725 euros
La famille de Carène a reçu beaucoup de soutiens de la part d'amis et collègues de l'infirmière. À commencer par une cagnotte en ligne lancée par deux amies. 1728 participations et 34 725 euros récoltés. "Toutes les personnes qu'elle a croisées ont un bon souvenir de Carène. Ce sont les meilleurs qui partent en premier", pleure Adrien.
"Ce qui me peine, c'est qu'il n'y a pas de moyen de protection pour ces personnes dévouées. C'est inadmissible qu'un soignant soit agressé, car le patient n'est pas satisfait ou d'accord par le traitement donné", admet-il.
Ce n'est pas la première fois que ça arrive et on n'avait déjà pas tiré les conséquences
Adrien Mezinomari de Carène
Le mari endeuillé n'est pas convaincu que ce drame serve de leçon. "Ce n'est pas la première fois que ça arrive et on n'avait déjà pas tiré les conséquences… Je vais essayer de faire bouger les choses, mais dans ce pays, les criminels sont mieux lotis que les victimes". Pour lui, "il faut protéger le personnel soignant de cette génération où les gens veulent tout, tout de suite". "Aller contrôler toutes les personnes qui rentrent dans un hôpital public, c'est très compliqué, très colossal. Il faudrait contrôler les gens qui rentrent dans les services", ajoute-t-il.
"On ne peut pas mettre un prix sur une vie"
Après l'agression, un Rémois de 59 ans a été interpellé et placé en détention provisoire pour "assassinat" et "tentative d'assassinat". L'homme souffre de schizophrénie et de paranoïa.
L'instruction et le potentiel procès à venir effraient Adrien et sa famille qui n'ont jamais été confrontés à la justice et aux tribunaux. "Ce qui est dur, c'est l'aspect financier. On ne peut pas mettre un prix sur une vie", souligne ce dernier. Il conclut : "Ce combat judiciaire va allonger le deuil". Le mari de Carène sera partie civile au procès dont la date n'est pas encore connue.