Témoignage. Après 28 jours de marche pour rejoindre sa mère malade d'Alzheimer, il traverse l'Aube, la Marne et les Ardennes

Publié le Écrit par Matthieu Mercier
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Un habitant du Tarn marche 50 jours pour rejoindre sa mère atteinte d'Alzheimer en Hollande et alerter sur cette maladie. Après 28 jours de marche, il est arrivé dans l'Aube, et traverse la Champagne-Ardenne.

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Sa voix ne laisse poindre aucune fatigue. Seulement un accent des Pays-Bas. Et une générosité qui fait la force des courageux. Martijn Koning habite dans le Tarn, il est parti le 21 septembre 2021, journée mondiale Alzheimer, pour 50  jours de marche, soit près de 2 000km. Il veut rejoindre Bilthoven, près d'Utrecht en Hollande où réside sa mère, logée dans une maison de retraite et atteinte de la maladie d'Alzheimer. Il ne l'a pas revue depuis deux ans à cause du Covid 19. Tous les jours, il parcourt la distance d'un marathon, soit environ 42 km. Son arrivée est prévue pour le 9 novembre 2021. 

Ce mercredi 20 octobre, Martijn Koning vient d'arriver dans l'Aube, à Bar-sur-Seine. Il marche pour récolter des fonds au profit de la maladie. "J’ai fait 1 200 km, les jambes ça va, même si j’ai des ampoules, car j’ai changé de chaussures. Mais je continue, je n’ai pas le choix. En théorie je pourrai m’arrêter, car je souffre à chaque pas, mais je veux aller jusqu’au bout pour ma mère. J’ai vu que d’ici aux Pays-Bas, c’est 5h30 en voiture et moi j’en ai encore pour deux semaines". 

Gérer les ampoules

Sur sa page Facebook, aux 408 abonnés, il partage ses soucis du quotidien et on lui donne des conseils. "Mon hôte connaît une astuce d'ami pour gérer les ampoules : percer avec une aiguille et laisser une 'menace' pour drainer le liquide. Parfait ! Il m'envoie avec l'estomac plein de crêpes à l'américaine. Je passe une belle journée entre les vignes qui font du champagne. En fin d'après-midi, je boite à nouveau des nouvelles cloques. Juste avant la tombée de la nuit je trouve une maison dans la forêt où le propriétaire me donne la clé pour dormir dans le salon (en construction)"

En cette mi octobre, il a parcouru plus que la moitié de son périple. "Ce qui est le plus dur, c’est de continuer à marcher même si ça fait mal. La météo, jusqu’à maintenant ça allait. La nuit passée, j’ai dormi à la belle étoile. Je n’ose pas frapper à la porte des gens. Mais s’ils veulent me loger, c’est possible. Un couple m’a vu car j’ai une pancarte et ils m’ont dit est ce qu’on peut vous loger ?" La générosité rencontrée sur la route contribue à son envie de terminer l'aventure.  

Douche chaude

Il utilise aussi la force des réseaux sociaux pour remplir sa cagnotte, et récolter des fonds pour la recherche sur la maladie d'Alzheimer. "Avant de partir j’ai pas mal posté sur Facebook, et Instagram. Certains habitants m’ont appelé, pour dire : on n'habite pas loin de votre route, on vient vous chercher. Vous pouvez prendre une douche chaude, c’est important, on vous prépare à dîner".

Sur les 28 jours de marche Martijn Koning n'a dormi dehors que sept nuits. "Ce soir je ne sais pas où je dors. Je vais trouver un abri, une grange, ou un lavoir. Car sous la pluie, c'est essentiel d'être au sec". 

Dans quelques jours, il reverra sa mère malade. C'est elle son objectif. "Ma maman sait que je viens, mais elle peut l’oublier. Elle sait que j’arrive, mais elle ne sait pas comment. Je ne l’ai pas vu depuis deux ans. Oui, ça va être très émouvant, c'est ça qui me booste, l’idée de la revoir. J’ai récolté des fonds, j’ai dépassé les 9 000 euros. J’avais l’objectif de 10 000 euros au pif, et on y est presque". Certains habitants lui donnent aussi de l’argent sur la route. 

Âgé de  52 ans, Martin Koning a quitté son travail, de manière temporaire, il travaille dans l’éducation, il est formateur, dans le social. Celle qui lui permet d'avancer, c'est aussi sa femme. "Elle m’encourage chaque jour, elle est mon plus grand supporter, elle me guide, elle sait où je suis, elle m’a dit ce matin, qu' il y avait un supermarché près de là où j'étais".

La maladie d'Alzheimer, on lui en parle régulièrement. "Les gens que je rencontre sont souvent fils de malade. On parle de ce sujet, car ça affecte également l’entourage. Le sentiment global est qu’on n'en fait pas assez". Sa plus grande émotion depuis le départ, c’est une rencontre due au hasard. "J’étais dans un petit village, il me fallait de l’eau, j’ai attendu, en frappant à la porte. Une dame m’a répondu, et elle m’a donné de l’eau. Puis elle commence à pleurer. Parce que sa mère avait la maladie et elle avait de la difficulté pour le gérer. Dans ce genre de cas, on ne sait pas quoi faire, on se sent seul parfois. On perd pied. On ne se connaissait pas et ça m’a touché". 

Le 9 novembre 2021, c'est aussi le jour de l'anniversaire des 91 ans de sa mère. Ils souffleront les bougies ensemble avec -on l'imagine- beaucoup d'émotion. 

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