Canicule en 2019 en Occitanie : un an après, retour sur cet épisode météorologique sans précédent

Fin juin 2019, le thermomètre a explosé en Occitanie et plus précisément à Vérargues, dans l'Hérault, où le record de température maximale jamais enregistré a été battu. Le 28 juin, 46°C ont été relevés sur cette commune par les stations météo.

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Depuis la mise en place du dispositif d’alerte à la canicule de Météo France en 2004, cela n’était encore jamais arrivé. La vigilance rouge sur la carte de la canicule - symbolisant une alerte maximale - a été activée par Météo France à deux reprises, au cours de l'été 2019. 

 

En juin c’était totalement inédit au niveau de la France. C’est quelque chose qui s’est reproduit par la suite en juillet et c’est une tendance à long terme que l’on rencontrera de plus en plus souvent.

Jérôme Pouey, épidémiologiste/évaluateur des risques chez Santé publique France Occitanie

Deux épisodes significatifs à l'été 2019

 

Le premier épisode de fortes chaleurs en Occitanie s'est étalé sur la période du 24 juin au 1er juillet. Au cours de cet épisode, les départements de l’Hérault et du Gard ont été placés en vigilance rouge les 27 et 28 juin en raison de températures de jour comme de nuit très élevées. Les seuils d’alerte météorologique ont été dépassés dans 7 des 13 départements de la région : Aveyron, Gard, Haute-Garonne, Hérault, Lot, Lozère et Tarn.

 

 

Le second épisode de fortes chaleurs dans la région s'est quant à lui déroulé du 21 au 25 juillet. Le pic de chaleur a toutefois été de très courte durée, et suivi dans une majorité de départements par une diminution marquée des températures à partir du 26 juillet. Sur cette période également les seuils d’alerte météorologique ont été dépassés dans 7 des 13 départements : Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne.

 

46°C à Vérargues, un record absolu

 

Dans le Gard et l’Hérault c’est le 28 juin que les températures ont été les plus chaudes. Ce jour-là de nombreux records ont été battu localement :

  • 46° à Vérargues - record actuel de température enregistré en France 
  • 45,9°C à Gallargues-le-Montueux 
  • 44,4°C à Nîmes (Courbessac) - ancien record 41,6°C le 4 août 2017
  • 43,5°C à MontpellierUzès et à St-André-de-Sangonis 
  • 43,4°C à St-Jean-du-Gard - ancien record 41,7°C le 12 août 2003
  • 40°C à Sète et Béziers

 

 

Décès et hospitalisations en hausse

 

Sur ces deux périodes réunies, 56 décès supplémentaires ont été constatés en Occitanie selon un bulletin de Santé publique France (17 lors du premier épisode et 39 lors du second). 34 de ces décès concernaient des personnes âgées de 75 ans et plus. 

 

Depuis l’été 2003, on sait très bien que les périodes de fortes chaleur ont des effets sur la santé lorsque les premières chaleurs surviennent. Il faut une vraie prise de conscience individuelle par rapport à ce risque.

Jérôme Pouey, épidémiologiste/évaluateur des risques chez Santé publique France Occitanie

 

Par ailleurs, les passages aux urgences ont également explosé sur cette période selon les indicateurs de Santé publique. Au total entre le 1er juin et le 15 septembre 2019, 1651 passages aux urgences et 364 actes SOS médecins ont été enregistrés en raison de la canicule. Un pic notable est relevé aux alentours du 28 juin et du 24 juillet. 

 

 

Dégâts importants sur la végétation

 

Outre le bilan humain, la canicule a également provoqué de nombreux dégâts sur la végétation. C'est dans l'Hérault que cela a été très significatif. Là-bas, ces chaleurs ont provoqué la destruction de 11 750 hectares de cultures. Au total, au cours de l'été 2019, 1 050 exploitations ont été sinistrées dans 218 communes. Tel est le bilan que dresse la chambre d'agriculture du département.

 

 

Très en proie à la sécheresse, cette végétation a subi de violents incendies tout l'été. Chaque année, en Occitanie, près de 12 000 hectares de forêts partent en fumée. Mais avec le réchauffement climatique, le bilan s'alourdit d'année en année. Au cours de l'été 2019, ce bilan a explosé. 

Au total, dans le Gard, au cours de l'été 2019, il y a eu environ 1 200 départs de feu. 1 500 hectares de végétation ont été parcourus. Une végétation qui peine aujourd'hui à se reconstruire. "Normalement après des gros feux comme, en fin d’hiver et au printemps, on a une repousse, mais ça ne veut pas dire que la végétation a repris. Une forêt met 10 ans pour se reconstituer", explique Cédric Clémente, Président des communes forestières du Gard et Maire Lirac. 

 

 

Le SDIS en alerte

 

En 2019, les pompiers du Gard ont été sur le qui-vive durant tout l'été. Une période qui a coûté la vie à l'un d'entre eux. 

 

Suite aux événements de l'an dernier, le dispositif pour cette année a évolué. Nous avons loué pour l'été un hélicoptère bombardier d'eau.

Commandant des pompiers du SDIS 30, Eric Agrinier

 

Une location qui fait suite au retrait des avions Tracker de la base de Garons, désormais cloués au sol. Leur utilisation a été suspendue notamment suite au décès du pilote lors de l'incendie de Générac. Alors cette année, c'est avec 7 Tracker de moins que les pompiers du Gard se préparent à affronter les incendies.

Malgré une "inquiétude grandissante à l'approche des fortes chaleurs", les pompiers vont pouvoir également compter cet été sur les Dash et les Canadairs ainsi que sur des troupes au sol renforcées les jours où le risque est conséquent. 

 

 

"Le département du Gard a un système de prévention très performant. La performance ne fait pas tout, on n’est pas à l’abri d’un gros feu comme à Générac", précise Cédric Clémente. Alors le SDIS multiplie la prévention depuis déjà plusieurs semaines : 

 

 

Réchauffement climatique

 

Ce phénomène d'amplification des incendies est indéniablement lié au réchauffement climatique. 

En octobre dernier, lors d'une enquête de région consacrée à ce sujet, nous avions interviewé Jean Jouzel, climatologue et glaciologue français. Il nous avait confié : 

 

Il y a 5 niveaux de risque, dès aujourd’hui le pourtour méditerranéen est à un niveau maximum. Il y a un double problème qui se pose : les températures maximales des canicules vont devenir de plus en plus élevées et aussi précoces, et la végétation n’est pas adaptée.

 

Chaleur étouffante, sécheresse, vignes brûlées par la canicule, incendies à répétition : un an après cet épisode météorologique inédit, les stigmates sont encore là.  Pour l'heure,"difficile de prévoir les températures auxquelles nous seront confrontées cet été", expriment les météorologues. Mais quoi qu'il en soit, il continue de faire de plus en plus chaud sur notre territoire.

Si la canicule n'est pour l'heure pas prévue fin juin d'après ces spécialistes, "il n'est cependant pas exclu que des pics de chaleur se produisent" durant l'été. 

 

Les différents niveaux de canicule :
 
  • Niveau 1 : veille saisonnière
Activé automatiquement du 1er juin au 15 septembre, ce niveau de veille saisonnière correspond à la vigilance verte sur la carte de Météo France.
 
  • Niveau 2 : avertissement chaleur (carte de vigilance jaune)
Le niveau 2 correspond à un épisode de fortes chaleurs qui nécessite une attention particulière.
 
  • Niveau 3 : alerte canicule (carte de vigilance orange)
La canicule constitue une période de chaleur intense pour laquelle les indices biométéorologique (IBM) dépassent les seuils départementaux pendant trois jours et trois nuits consécutives et susceptibles de constituer un risque pour l’ensemble de la population exposée.
 
  • Niveau 4 : mobilisation maximale (carte de vigilance rouge)
Le niveau 4 correspond à une canicule avérée exceptionnelle par sa durée, son intensité, son étendue géographique, à fort impact sanitaire, avec apparition d’effets collatéraux dans différents secteurs (sécheresse, approvisionnement en eau potable, saturation des hôpitaux, feux de forêts, nécessité d’aménagement du temps de travail ou d’arrêt de certaines activités…).
 
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