À l'heure où les plans sociaux des entreprises Michelin et Auchan font grand bruit à l’échelle nationale, la région Occitanie connaît elle aussi de nombreuses suppressions de postes ces derniers mois. Tour d'horizon.
La région Occitanie n'échappe pas au climat social difficile des suppressions de postes. D’Airbus à Thalès en passant par le conseil départemental de Haute-Garonne, ce sont des milliers d'emplois qui sont menacés de disparaître dans les mois à venir.
Commençons par le fleuron de l'industrie aéronautique Airbus. Au milieu du mois d’octobre, la branche spatiale et défense du groupe a annoncé son intention de supprimer jusqu'à 2 500 emplois dans le monde d'ici mi-2026. Aucune précision n'a été donnée sur le détail de ces suppressions de postes à Toulouse.
Face à cette annonce, les syndicats se montraient sereins mi-octobre. Selon eux, "il n'y aura pas de licenciements secs". Florent Veletchy, coordinateur pour la CFTC confiait : "Les salariés ont conscience de la situation de l'entreprise et veulent de la simplification. On ne parle pas de plan social, on n'est pas dans le dur. On va s’atteler à ce que les choses se fassent dans une bonne intelligence sociale."
Auchan et Thales aussi concernés
Les yeux sont également rivés sur Auchan. Après l'annonce de la suppression de 2 389 postes dans toute la France la semaine dernière, les magasins en Occitanie craignent une baisse d'effectif. Si les chiffres dans la région ne sont pas encore connus, des dizaines de postes devraient être supprimées dont 13 à Perpignan et 10 à Béziers.
Thales avait aussi annoncé au printemps une volonté de supprimer 1000 postes en France issus de sa branche spatiale Thales Alenia Space, dont 700 sur le site de Toulouse en Haute-Garonne. La direction souhaite anticiper une éventuelle baisse des commandes d'ici 2027.
Mais, sans accord du comité européen du groupe, la situation est bloquée. Pierre Tommasi, responsable syndical CGT à Toulouse, restait confiant en septembre dernier : "les salariés sont tranquilles au moins jusqu'à la fin de l'année 2026 car tous les chiffres fournis par la direction montrent que la charge de travail est correcte."
Le nombre d'emplois menacés en forte hausse
En Occitanie, au deuxième trimestre 2024, 39 établissements ont été concernés par un plan de sauvegarde de l’emploi, mettant en danger 332 postes. Sur les quatre derniers trimestres, le nombre d’établissements touchés par des procédures de sauvegarde de l’emploi a fortement augmenté dans la région (+ 36,1 %), tout comme le nombre d’emplois menacés (+ 22,7 %).
Fin août, la firme Evotec, spécialisée dans les biotechnologies, avait annoncé la suppression de 64 postes à Toulouse sur ces 900 salariés dans la métropole. L'entreprise allemande justifiait sa décision par "un environnement de marché difficile, caractérisé par le ralentissement des dépenses de recherche et développement dans le secteur des biotechnologies".
En 2021, Evotec avait annoncé un investissement de 150 millions d'euros pour la construction d'un site de production de bio médicaments à Toulouse. Le groupe assure que cette nouvelle usine n'est pas concernée par les réductions d'effectifs.
.@Evotec annonce ce matin la construction d’une nouvelle usine de fabrication à Toulouse. Soutenue par l’Etat, la Région Occitanie et Toulouse métropole, cette annonce illustre notre détermination à relocaliser des lignes de production en 🇫🇷, notamment dans les #biothérapies. https://t.co/8QeG1QJM2Y
— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) April 20, 2021
Le Tarn-et-Garonne également touché
Dans le Tarn-et-Garonne, le groupe semencier Lidea a annoncé un plan social qui prévoit l'arrêt des activités industrielles sur son site de Caussade. Conséquence : 54 emplois vont être supprimés. Les procédures de licenciements débuteront au cours du premier trimestre 2025.
"On subit beaucoup de décisions de la direction depuis 2020. Des stratégies plus ou moins fumeuses, des budgets totalement irréalistes, des stocks qui ont gonflé de manière démesurée et qui pèsent aujourd'hui lourdement dans notre trésorerie. On arrive aujourd'hui à une situation économique dégradée", expliquait Joël Combalbert, responsable syndical FO chez Lidea France, à l'annonce du plan social.
"Un plan social" au Conseil départemental de Haute-Garonne
La semaine dernière, le conseil départemental de Haute-Garonne a annoncé sa volonté de ne pas renouveler les CDD de 400 à 500 agents. S'ajoute à cela le non-remplacement de deux départs à la retraite sur trois selon les syndicats. Face à ces annonces, l'intersyndicale (CGT, SUD et FO) dénonce une "casse sociale" et une "volonté de dramatiser la situation budgétaire". Un préavis de grève illimité à compter de ce jeudi 14 novembre a été déposé.
Ces suppressions de postes résultent des coupes budgétaires prévues par le gouvernement pour 2025. Sébastien Vincini, président du département, a affirmé sur son compte X : "si je gérais une PME, ce que je fais s’apparente à un plan social". Le conseil départemental doit économiser 165 millions d'euros durant l'année prochaine.
Si je gérais une PME, ce que je fais s’apparente à un plan social. Et avec cela, je suis loin de trouver les 165 millions d’économies imposés
— Sébastien Vincini (@SebVincini) November 13, 2024
Nous allons vers une déflagration sociale ! À l'occasion du congrès @ADepartementsF, mon entretien à @OuestFrance https://t.co/09D2DL8Kiy
Autre conséquence des coupes budgétaires, la suppression de 95 postes à l’Office National des Forêts (ONF). Cette annonce inquiète l’association des Communes et Collectivités forestières du Gard. Si rien n'est encore officiel, la réduction des effectifs pourrait concerner des agents de surveillance et de prévention des incendies.
Les défaillances d'entreprises continuent dans la région
Ces suppressions d'emplois interviennent dans un contexte ou de multiples défaillances d’entreprises surviennent en Occitanie. On n’en dénombre pas moins de 1 300 au deuxième trimestre 2024, notamment dans le secteur de la construction. Une entreprise est en situation de défaillance à partir du moment où une procédure de redressement judiciaire est ouverte à son encontre.
Dans le même temps, il faut noter que 25 610 entreprises ont été créées en Occitanie, dont une grande majorité de micro-entreprises.