Réforme des retraites. “On invite Olivier Dussopt à venir nous rencontrer” à l’université du Mirail de Toulouse

L’opposition au report de l’âge légal de départ à la retraite s’invite à l’université. Depuis plusieurs semaines, des assemblées générales ont lieu à la fac du Mirail à Toulouse (Haute-Garonne). En 2018, cet établissement avait été totalement bloqué des mois durant pour dénoncer la réforme Vidal.

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Jeudi 9 février, organisations syndicales étudiantes et personnels de l'université Toulouse Jean Jaurès sont réunis lors d’une assemblée générale sur le campus du Mirail. “Ce qui se discute dans ces assemblées générales, c’est précisément la nécessité d’aller au-delà des simples journées de manifestation appelées tous les dix jours”, soulève le syndicat étudiant Le Poing Levé. 

L’ordre du jour de cette AG : consolider la mobilisation contre la réforme portée par le ministre du Travail Olivier Dussopt. Un ministre, empêtré dans une affaire de soupçon de favoritisme, qui est d’ailleurs en déplacement dans le département de Haute-Garonne ce jeudi. "J'ai du mal à imaginer qu’il vienne à l’assemblée générale”, ironise une adhérente du Poing Levé. "Par ailleurs, il n’y est pas invité !". 

Étudiants et personnels de l'université unis 

Sur le campus, la mobilisation contre la réforme des retraites est de mise depuis plusieurs semaines. “En plus des journées de grève, il y a tout un tas d'initiatives qui sont organisées à l'université du Mirail pour continuer à structurer la mobilisation chez les étudiants”, soulève Le Poing Levé. 

En plus des cortèges toulousains contre la réforme des retraites, plusieurs conférences ont été organisées par des enseignants au sein de l’université. Selon les chiffres revendiqués par le collectif de militants, 300 personnes participent en moyenne aux assemblées générales. Parmi elles, étudiants et personnel de l'université du Mirail. 

“Le droit des personnels est une question clé”, a martelé une représentante du Poing Levé. “On veut les impliquer totalement dans ces mouvements. La mobilisation unitaire des personnels et des étudiants est la force de l’université du Mirail. Nous, les étudiants, on veut permettre aux personnels de se mobiliser. Et plus largement encore, on veut créer une convergence. On veut faire de l’université un réel espace de mobilisation contre la réforme des retraites”. 

Vers un nouveau blocage

Lors des prochaines journées de mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats étudiants ont déjà prévu de renouveler leur participation aux manifestations. Ils tentent aussi d'alerter directement la direction de l’université. Pour l'heure, en vain. "On est allé les interpeller. Mais vous imaginez bien que la présidente de la fac ne vient pas à nos assemblées générales..."

C’est une modalité d’action qui va probablement être discutée et qui sera peut être décidée.

Le Poing Levé

Autre moyen de mobilisation envisagé par les étudiants vent debout contre cette réforme : le blocage de l’université. C’est précisément ce que certains ont mis en place à l’université de Rennes 2 en Ille-et-Vilaine. Depuis quarante-huit heures, le campus breton est complètement bloqué. Les cours sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Va-t-on assister à un scénario similaire à Toulouse ?

Chez les militants de la fac toulousaine, on reste prudent. L'université a déjà été bloquée pour la première fois mardi 7 février. C’est une modalité d’action qui va probablement être discutée et qui sera peut être décidée. Mais c'est aussi à l’assemblée générale de décider des modalités d'action à mettre en place pour continuer à insuffler une dynamique militante et une mobilisation dans la fac”. Jeudi 9 février, un blocage à l’université a été voté par une assemblée générale à laquelle 500 personnes auraient participé, annonce aussi Le Poing Levé. 

Le “traumatisme” de 2018 

Cette prudence s’impose d'autant plus que le souvenir des événements de 2018 survenus dans cette même université du Mirail reste encore vivace. Dès le mois de février, tous les accès aux bâtiments de la fac avaient été bloqués en opposition au projet de fusion des universités (loi ORE). Pendant plusieurs mois, les amphithéâtres avaient été occupés, jusqu’à ce que la fermeture administrative de l'université soit prononcée.

Je pense qu’il y a encore un vrai traumatisme de ce qu’il s’est passé en 2018”, explique Eugénie* (nom d'emprunt). Cette ancienne étudiante à l’université du Mirail se rappelle très précisément des mouvements de l'année 2018.On assistait à des AG qui avaient lieu deux à trois fois par semaine. Parfois c’était constructif, parfois très tendu”. Pendant trois mois et demi on s'est retrouvé dans cette situation, on ne savait pas où on allait, comment ça allait se passer mais on voulait se mobiliser, se souvient la jeune femme. “Quand le blocus a été voté, on s’arrachait les cheveux. Certains ont abandonné la fac, d’autres avaient peur de ne pas valider leur année”.

Le blocage a officiellement pris fin début mai, après une intervention musclée des CRS déployés en nombre au Mirail.  À la suite de ces tensions, de nombreuses dégradations avaient été commises dans l'enceinte de la faculté.  Une nouvelle équipe de direction avait été élue à la tête de l’université toulousaine. 

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