Après plusieurs plaintes déposées depuis jeudi, le procureur de la République de Montpellier devrait lancer des auditions pour comprendre la ou les causes à l'origine de la coupure d'électricité à la clinique de Ganges. Dans le viseur de la justice, la CGT, qui a eu recours ces derniers temps à ce mode d'action, mais qui nie toute responsabilité.
13 secondes sans électricité, acte malveillant ou non ? Et si la réponse est oui, la justice devra alors trouver les responsables du "sabotage".
C'est une affaire qui fait grand bruit. Celle de la coupure de courant à la clinique Saint-Louis de Ganges, lors de la visite d'Emmanuel Macron, jeudi 20 avril.
Des médecins et des patients auditionnés
Pour comprendre ce qui s'est passé et les conséquences qu'a eu et/ou qu'aurait pu avoir cette coupure, le procureur de la République de Montpellier a ouvert une enquête.
Il doit entendre dans les jours à venir, plusieurs médecins et membres du personnel médical qui étaient en pleine opération lors de la coupure ainsi que 3 des 5 patients qui subissaient une intervention chirurgicale à ce moment là.
Si c'est un acte volontaire, c'est irresponsable. Nous avons déposé plainte contre X, comme Enedis.
Lamine Gharbi, président de Cap Santé.
Le président de Cap Santé explique également qu'il y a eu des conséquences pour de nombreux patients qui étaient en cours d'examens médicaux, notamment des malades sous anesthésie qui ont dû être réveillés.
"Nous n'avons pas eu de scanner durant plus de 12 heures, car il a fallu de la maintenance et un redémarrage long à cause de l'arrêt brutal de l'alimentation électrique" ajoute Lamine Gharbi.
Du côté de la CGT énergie et de la direction de la CGT, on réfute toute implication dans cette coupure d'électricité.
Ce lundi matin, sur BFMTV, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT a vivement réagi. Elle nie toute responsabilité de son syndicat.
Deux "coupures sauvages" revendiquées
En revanche, le jeudi 20 avril, la CGT a revendiqué deux coupures de courant à l'aéroport de Montpellier et dans un collège de l'Hérault, à l'occasion du déplacement d'Emmanuel Macron.
"A Montpellier", la CGT Energie a revendiqué "la mise en sobriété de l'aéroport de Montpellier, a priori avant que le président arrive", a indiqué à l'AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la Fédération nationale Mines Energie (FNME) CGT.
"Nous avons eu à 7h00 du matin une coupure de la ligne haute tension d'Enedis alimentant l'aéroport. Cette coupure a duré jusqu'à 7h30 mais n'a pas eu de conséquences parce que nos cinq groupes électrogènes ont pris le relais", a indiqué le porte-parole de l'aéroport.
A la mi-journée, c'était au tour du collège Louise-Michel de Ganges où se rendait le président Macron, d'être ciblé par une coupure, également revendiquée par la CGT. La salle prévue pour accueillir la presse au collège a été privée de courant.
On revendique la coupure dans le collège. Il n'y en a pas d'autres de prévue, c'est vraiment le collège qui était visé.
Mathieu Guy, responsable CGT de Ganges.
Comme à chaque fois, Enedis a déposé plainte.
Des actes de malveillance et de sabotage selon les préfets
Depuis le début de l'année, plusieurs actions similaires de coupures d'électricité, dans la cadre de la réforme des retraites, ont eu lieu en Occitanie.
Le 7 avril, lors de la visite d'Elisabeth Borne en Aveyron.
A l'hôpital Jacques Puel-Bourran, à Rodez, les groupes électrogènes ont pris le relais. De 9h15 à 10h30, le quartier Bourran était privé d'électricité. A quelques mètres de l'établissement hospitalier, les syndicats et 200 à 300 personnes attendaient de pied ferme l'arrivée Elisabeth Borne. Ils voulaient rencontrer la Première ministre.
Le 28 mars, lors de la 10e journée nationale d'action à Montpellier.
En marge de la journée de grève contre la réforme des retraites, plusieurs coupures d'électricité ont été signalées vers 13h dans le centre-ville de Montpellier. Il s'agissait d'actes de malveillance selon la préfecture de l'Hérault. 2.700 clients étaient concernés dans les secteurs du palais justice, de la préfecture et de la place de la Canourgue. Le préfet de l'Hérault a "condamné fermement cet acte de malveillance" et a rappelé sur son compte Twitter que "ces dégradations constituent des délits".
Le 23 mars, lors de la 9e journée nationale d'action à Toulouse.
Jeudi 23 mars, dans l'après-midi, plusieurs coupures d'électricité se sont produites à Toulouse en marge de la manifestation. 99.000 personnes ont été impactées par ces coupures sauvages, selon Enedis. Le sabotage d'un poste électrique quartier Jaurès a notamment interrompu le trafic de la ligne A du métro durant une heure.
Idem les 21 mars, 14 mars et 9 mars, toujours dans la métropole de Toulouse et le 7 mars dans l'Hérault.