Témoignages. "On sait qu'on est à zéro" : la récolte de noix est catastrophique cette année

Publié le Mis à jour le Écrit par Christine Ravier
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En raison du gel du printemps, les producteurs de noix du Lot font face à de fortes pertes sur la récolte cette année. Les deux-tiers de la production sont manquants. On est allé à leur rencontre, certains ont même perdu 90% de leur récolte dans le nord du Lot.

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Hervé Clédel, producteur de noix à Baladou dans le Lot, ne pourra récupérer que 5 à 10% de sa récolte habituelle. Il en fait le constat alors que la récolte de noix fraîches débute à peine. Suite aux trois nuits de gel que les vergers du Sud-Ouest ont subies au mois d'avril dernier, il manque les 2/3 de la production.

"Il faut une centaine de noix pour pouvoir faire un kilo à peu près. Et là on voit, il y a deux, trois noix par noyer et puis parfois il n'y a même aucune noix, alors que normalement il devrait y avoir plusieurs dizaines de kilos par noyer", regrette le nuciculteur.

De 100 tonnes à seulement 3

Aucune récolte sur cette parcelle et guère mieux sur l'ensemble des 50 hectares de verger que compte son exploitation et qui lui assure dans une année normale entre 100 et 150 tonnes de noix.

"Moi c'est ma seule production, donc on a beaucoup d'hectares mais quand on voit qu'on va se retrouver avec peut-être deux, trois, cinq tonnes en tout c'est ridicule quoi, poursuit Hervé Clédel".

On n'arrive pas à couvrir nos frais, on n'a même pas besoin d'embaucher du personnel cette année, on sait qu'on est à zéro.

Hervé Clédel

Laurent Perrier, producteur de noix AOP à Saint-Michel-de-Bannières, a commencé à récolter la noix fraîche, mais là encore sur ces variétés précoces il y a beaucoup de pertes. Seulement 10% de la production d'une année normale est sauvée. Cet épisode de gel d'avril 2024 fragilise la profession après ceux de 2017 et 2021.

Double peine avec la concurrence

"On a toujours les mêmes importations qui viennent des pays de l'Est, de la noix californienne. On est toujours en concurrence, déplore Laurent Perrier. Et ça, c'est la double peine parce que le producteur français, lui, il voit sa production diminuer d'année en année, sa trésorerie baisser. Il voit quand même les noix qui arrivent. Et malgré ça, il faut garder le moral et ce n'est pas simple sachant qu'il faut une centaine de noix pour faire 1 kg et qu'un noyer ne produit que plusieurs dizaines de kilos".

En temps normal le Sud-Ouest produit entre 15 et 20 000 tonnes de noix par an. Cette année les prévisions de récolte donnent plutôt entre 5000 et 7000 tonnes.

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