France 3 Occitanie bouleverse ses programmes et vous propose de suivre des débats liés au second tour des élections municipales. Retrouvez celui concernant la ville de Perpignan avec Louis Aliot et Jean-Marc Pujol. Un débat animé par Olivier Meyer.
Perpignan est l'objectif national prioritaire pour le Rassemblement national. En cas de victoire à l'élection municipale le 28 juin, le mouvement de Marine Le Pen serait alors pour la première fois, à la tête d'une ville de plus de 100.000 habitants. Même si officiellement, Louis Aliot se présente sans étiquette. Les projecteurs sont donc encore orientés vers la préfecture des Pyrénées-orientales.
Louis Aliot est sorti largement en tête du 1er tour avec 35% des voix. Deuxième, Jean-Marc Pujol, 18 % seulement. Louis Aliot a devancé Jean-Marc Pujol de 4500 voix, un écart trois fois plus important qu’en 2014. Plombé notamment par les divisions, le maire sortant a réalisé un score historiquement faible (18,43% des voix).
Front républicain
Face au front républicain (et le retrait d'Agnès langevine et Romain Grau ), Louis Aliot analyse: "Je regarde la manière dont s’équilibrent les forces. Les candidats écologistes et de la République en marche ont passé leur temps à démonter le bilan de monsieur Pujol. Je ne parle pas de front républicain mais de retrait républicain c’est-à-dire la désertion en rase campagne et ils laissent des électorats orphelins dont je pense qu’ils n’iront pas voter d’une seule manière à ce second tour des élections municipales. Nous ne sommes plus dans ce schéma de plafond de verre. Il y a deux projets qui s’opposent, deux visions de Perpignan".
Je ne parle pas de front républicain mais de retrait républicain
Jean-Marc Pujol ne partage cette idée de front républicain: " Moi, il y a un an , j’avais dit qu’il était nécessaire de s’unir pour faire face au rassemblement national. Ça n’a pas été possible et je le regrette et j’en prends ma part. Je n'ai pas modifié ma liste entre le 1er et le second tour. C’est le meilleur moyen pour tromper les électeurs. J’utilise une métaphore sportive : on ne change de maillot au milieu. Je ne prends aucun risque et je mets chacun devant ses responsabilités. Ces fusions sont vécues comme des magouilles. Il faut être clair".
Ces fusions sont vécues comme des magouilles
Ségolène Neuville (1ère secrétaire fedérale du Parti Socialiste) a appellé à faire barrage au candidat de l’extrème droite et ajoute que l'élection de Louis Aliot conduirait Perpignan dans une impasse. Quant à Agnès Langevine, la candidate Europe Ecologie - Les Verts, elle redoute un déclin de la ville, un repli identitaire. Louis Aliot se rassure: "C’est la gauche qui perd et qui est aujourd’hui à moins de 7 %. Plus ces personnes parlent, plus on fait des voix. Madame Neuville ou madame Delga sont deux anciennes secrétaires d’Etat de monsieur Hollande (chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion dans le gouvernement Valls pour la 1ère et au Commerce, à l'Artisanat, à la Consommation et à l'Economie sociale et solidaire pour la seconde), c’est vous dire si le déclin on le connait et on espère bien ne plus les revoir aux affaires, pour l’une à Perpignan, pour l’autre à la Région".
Les projecteurs sont braqués sur Perpignan: "En 2014, les télévisions étaient toutes venues, il y avait même des Suisses et des Américains parce que c’était la 1ère ville qui allait basculer. Elle n’a pas basculé et cette fois-ci elle ne basculera pas non plus", assure Jean-Marc Pujol.
Environnement
Mesure phare de Louis Aliot s'il était élu le 28 juin : "La végétalisation de la ville. Il y a des places trop minérales. Tout n’a pas été fait. Il faut aussi augmenter le photovoltaïque et équiper tous les batiments publics et inciter les privés et les grandes surfaces à s’équiper pour produire de l’électricité pas chère et faire des économies".
Ce à quoi Jean-Marc Pujol lui rétorque: "D’abord, les toitures des bâtiments publics, c’est déjà fait et la zone st-Charles depuis plus de 10 ans. Le réseau d’eau chaude qui dessert aujourd’hui l’hôpital de Perpignan va être étendu à la ville, ce qui va permettre aux Perpignanais d’avoir accès à des coûts très faibles".
Chômage et économie
Après une querelle de chiffres entre les deux candidats, pour Louis Aliot : "il faut se battre sur les grands projets structurants. Tout le monde veut cette ligne à grande vitesse à Perpignan, elle n’est toujours pas là. N’est-il pas temps que tous les élus du département se mettent autour de la table pour forcer le gouvernement à prendre ses responsabilités surtout au moment où il dit que l’avion est de plus en plus polluant et qu’il faut se rabattre sur le train. Profitons-en ! Nous sommes les oubliés de la France entière ! On se moque de nous ! Le fret des fruits et légumes n’existe plus ; Dès qu’il pleut la RN 116 est coupée...."
Jean-Marc Pujol est d'accord pour le TGV: "Aujourd’hui, on peut aller en TGV à Madrid de Perpignan et on ne peut pas aller à Paris ! Il est là le sujet. Le TGV s’arrête à Montpellier... C’est un scandale absolu ! C’est quand même l’arc méditerranéen. Au niveau de la ville, il faut un tramway. Les finances de la ville sont redressées, le tramway est un élément fort d’attractivité de la ville et de facilité de déplacement".
Louis Aliot n'en veut pas: "Le tramway, nous n’y croyons pas. Remplissons déjà les bus que nous avons, revoyons le schéma de circulation".
Sécurité :
Perpignan est dotée de la première police municipale de France: "160 policiers et ils sont armés depuis le début. Nous avons 280 caméras de vidéo-protection", précise Jean-Marc Pujol.
"Aujourd’hui, Perpignan est gangrenée et l’Etat ne fait pas son boulot, s'énerve Louis Aliot. Le maire doit aller voir le préfet et secouer le cocotier pour lui dire qu’il y a non assistance à personne en danger. Cette carence a des effets majeurs sur l’économie, l’ambiance générale. Des faits divers avec arme, il y en a de plus en plus à Perpignan. C’est pas Dijon, c’est pas Marseille mais si on n’y met pas un terme maintenant, ça deviendra Dijon et ça deviendra Marseille".
Jean-Marc Pujol n'est pas d'accord: "Soyons sérieux. Il n’y a pas de quartiers de reconquête républicaine où il y a un extrême danger à Perpignan. Pourquoi ? Parce la police municipale est intervenue plus de 21000 fois en 2019".
Culture : un parc à thème
Louis Aliot veut créer un parc à thème, comme celui du Puy du Fou, en Vendée. "Le thème ? Notre histoire : les Catalans et le Roussillon. Scène après scène. Cela ouvrira des perspectives touristiques". Là aussi, Jean-Marc Pujol s'oppose: "Ce sont des fausses promesses. L’offre culturelle à Perpignan, elle est remarquable et remarquée : une scène nationale, un conservatoire".
Jean-Marc Pujol bénéficie d’un Front Républicain puisque l’Ecologiste Agnès Langevine, en position de se maintenir s’est finalement retirée en sa faveur. Arrivée 3ème à l’issue du premier tour avec un score plutôt décevant de 14,51 % des voix, la liste d'Agnès Langevine étiquetée "Europe Ecologie - Les Verts" rassemblait pourtant largement : le Parti Socialiste, "En commun 66", "Place publique", le Parti radical de gauche ou encore "Génération Ecologie" étaient représentés aux côtés de quelques anciens Insoumis.
Le 12 juin, profitant d’une visite destinée à l’aide aux entreprises, Carole Delga, la présidente PS de la région Occitanie a passé près de 2 heures à Perpignan en s’affichant en permance aux côtés du maire sortant. Elle a appelé très clairement à voter pour le candidat LR. Sans équivoque.
Le député La République en marche Romain Grau arrivé en 4ème position a également appelé à faire barrage à Louis Aliot."Je ne peux me résoudre à voir le Rassemblement National de M. Aliot faire de notre ville un laboratoire de l’idéologie populiste d’extrème droite comme il l’annonce déjà depuis plusieurs années".
Robert Ménard, triomphalement réuni au premier tour à Béziers avec 68,74% des votes, est venu soutenir Louis Aliot. Il voit dans cette potentielle victoire de Louis Aliot, un allié de taille dans une région où le Rassemblement National peine à s'implanter. Si son acolyte l'emporte, le maire de Béziers envisage déjà des alliances pour les prochaines élections cantonales et régionales. "On a besoin de montrer qu’il y a une alternative à la droite et à la gauche la plus éculée que l’on connaisse. On l’a montré à Béziers mais je me sens un peu seul dans la région, j’ai envie d’avoir un allié qui montre que oui on peut bien gérer des villes au profit des gens", explique Roberd Ménard.
Alain Cavalière, colistier du marcheur Romain Grau avait lui aussi apporter son soutien à Louis Aliot tout comme Josianne Cabanas.
Mais en 2014, alors que les deux candidats étaient également seuls à s'affronter lors du second tour, Jean-Marc Pujol avait battu Louis Aliot au second tour, en bénéficiant d'un bon report des voix après le désistement du candidat PS. Rendez-vous donc le 28 juin pour connaître l'issue de ces élections.