Témoignage. "C'était important qu'on soit là" : des victimes de l'attentat de Nice ont porté la flamme olympique sur la Promenade des Anglais

Publié le Écrit par Aline Métais
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Philippe Murris a brandi la flamme olympique sur la Promenade des Anglais. Un endroit synonyme de deuil, car c'est ici que sa fille a été tuée lors de l'attentat du 14 juillet. Trois autres représentants d'association de victimes ont aussi relayé cette flamme. Le moment festif l'a emporté sur le souvenir toujours douloureux.

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D'habitude, c'est Anne Murris qui prend la parole pour parler de ce jour où ils ont perdu leur fille Camille, âgée de 27 ans, le 14 juillet 2016. Généralement, c'est aussi Anne qui est interrogée dans les médias, au procès, en tant que responsable de l'association "Mémorial des Anges". Mais cette fois, c'est son mari qui porte le souvenir de leur fille face aux médias.

"C'est elle qui a souhaité que je la porte, elle ne se sentait pas de la porter. Sur le plan physique, sur le plan émotionnel aussi, " précise Philippe Murris. Un événement auquel il ne regrette pas d'avoir participé : "Ma femme m'a redit qu'elle était très contente, qu'elle m'avait vu souriant et que ça lui avait fait plaisir."

La flamme, même parcours que celui du camion

Car pour le couple, cette Promenade des Anglais est associée au deuil. Et, à l’origine, les associations des victimes de l'attentat de Nice n'étaient pas conviées à porter la flamme olympique. Impensable pour le couple :"On ne veut pas être mis à l'écart."

Philippe Murris explique : "Quand on a vu le parcours on est intervenus auprès de la mairie, on voulait participer (...) On ne veut pas être mis à l'écart." Car le parcours de la flamme commence au sud de la Promenade des Anglais à Nice, comme celui du conducteur du camion qui a fauché des centaines de personnes, causé la mort de 86 personnes et blessé plus de 400 personnes. Il affirme : "Je pense que tout ce qui se passe sur la Promenade d'ailleurs nous concerne"

L'organisation a tenu compte de leur demande. C'est pour cela qu'il y a eu un arrêt devant la sculpture de Jean-Marie Fondacaro, "l'Ange de la baie", qui matérialise le début de la course meurtrière du camion et symbolise l'âme des victimes. 

Un relais avec trois autres associations de victimes

À la retraite depuis le 1er septembre, Philippe Murris, professeur des écoles, ne pensait pas qu'il y aurait autant de monde. Même si, cette partie du parcours a été la séquence la plus émouvante, il retient plutôt la joie et "l'ambiance festive" autour de lui. Trois autres représentants d'association étaient là pour se soutenir et relayer cette flamme.

Patrick Prigent, président de "Life for Nice", Hager Benaouassi, présidente de l'association "Une voix des enfants", (mère de Kenza), et Stéphane Erbs co-président de l'association de victimes "Promenade des anges". C'est la championne de tennis Alizé Cornet qui leur a passé la flamme. 

Une émotion différente

Il a défilé en brandissant la torche, en marchant, avec un large sourire. Il revient sur ce jour sportif qui résonne comme un hommage : "c'était important qu'on soit là" 

La présence de toutes ces personnes, ça l'a emporté sur une émotion négative. C'était un moment festif, un moment de joie, on verra avec le temps si ça change petit à petit à cet endroit.

Philippe Murris, responsable de l'association "Mémorial des Anges."

France 3 Côte d'Azur

Sa présence sur ce parcours des Jeux Olympiques n'est pas due au sport, il le sait bien. Mais d'autres responsables d'association ont été mis en lumière ce mardi 18 juin.

"Quand on était au théâtre de verdure avec les sportifs, les gens nous ont dit :"on admire ce que vous faites (...) le mot courage revenait tout le temps !", renchérit Philippe Murris. 

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Moment fort et symbolique sur la Promenade des Anglais, des victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 brandissent la flamme olympique à Nice. ©La chaîne numérique 100% olympique et paralympique

Éviter la Promenade des Anglais

Le couple a fait le choix de rester à Nice mais, au quotidien, ils évitent soigneusement la Promenade des Anglais. Quand ils sont à vélo, ils la contournent, de même pour aller nager, ils préfèrent aller tout au bout, à la plage de la Réserve. 

"En fait, on y est allés uniquement pour le sapin de Noël pour les anges au mois de décembre, une cérémonie qui me tient à cœur et d'autre part pour les commémorations du 14 juillet et l'œuvre de Fondacaro", explique-t-il. Cette journée du 18 juin a été bien différente. 

Courrier du verdict du procès, la veille de la flamme

Car le souvenir de la mort de leur fille est permanent, ravivé sans cesse par la procédure judiciaire. 

Hasard du calendrier, le procès en appel de l'attentat de Nice s'est achevé ce jeudi 13 juin, soit 5 jours avant le passage de la flamme. Loin de l'esprit des Jeux Olympiques, ils ont passé plusieurs semaines à Paris pour suivre le deuxième procès. 

"Ça a quand même été compliqué cette année, l'ambiance a été différente car on a été ébranlés par les avocats de la défense qui ont démonté l'accusation", lâche Philippe Murris.

Après le verdict, ils ont appris que les deux accusés allaient se pourvoir en cassation. Et, la veille du passage de la flamme, ils ont reçu les 27 pages de motivation de la cour qui sont sans ambiguïté sur la culpabilité des accusés.  "Personnellement, je les ai lues et le lendemain on avait rendez-vous au jardin Albert 1er pour la flamme olympique", explique Philippe Murris.

Et après, la commémoration et le Tour de France

Après le passage de la flamme, il y aura d'autres occasions de ne pas oublier l'attentat du 14 juillet. Il y aura d'abord la commémoration, devenue traditionnelle, sur la Promenade des Anglais. 

Ensuite, le Tour de France doit arriver à Nice le samedi 21 juillet sur la Promenade des Anglais. Philippe Murris espère que " les victimes seront mises à l'honneur de la même façon."

Et, normalement, la fin de l'instruction sur le volet sécurité de l'attentat est prévue pour la fin de l'année 2024. Une course sans fin sur le chemin de la vérité et de la résilience. 

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