Une amende de 225.000 euros, la peine maximale, a été requise mercredi 27 mars en appel contre la compagnie Yemenia Airways, condamnée en première instance pour homicides et blessures involontaires après la mort de 152 personnes dans le crash d'un de ses avions au large des Comores en 2009.
"Quelle que soit la peine que votre cour prononcera, elle paraîtra dérisoire au regard de leur souffrance". Devant la cour d'appel de Paris, l'avocate générale Claire Malaterre, a requis la peine maximale, mercredi 27 mars, contre la compagnie Yemenia Airways, rejugée depuis le 4 mars pour homicides et blessures involontaires après la mort de 152 personnes dans le crash d'un de ses avions au large des Comores en 2009. Seule, Bahia, alors âgée de 11 ans a survécu. Elle porte aujourd'hui la parole des familles de victimes.
"Je ne vois aucune circonstance atténuante dont pourrait bénéficier la compagnie", a-t-elle poursuivi. Elle a demandé à la cour d'appel de confirmer la peine maximale prononcée lors d'un premier procès du 9 mai au 2 juin 2022.
Dans son réquisitoire de près de quatre heures, le ministère public n'a eu de cesse de pointer les "défaillances" d'une compagnie qui "n'a jamais rien fait pour faciliter le travail de la justice" ou "aider les familles à comprendre ce qu'il s'est passé".
Les "multiples carences" de la Yemenia pointées à nouveau
Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, alors qu'il s'apprêtait à atterrir à l'aéroport de Moroni, capitale des Comores, le vol Yemenia 626 s'était abîmé dans l'océan Indien, tuant 141 passagers, dont 65 Français, et 11 membres d'équipage.
L'avocat général Rodolphe Juy-Birmann a rappelé les "multiples carences" de la Yemenia dans la formation de ses pilotes ou l'entretien de ses avions. En première instance, le tribunal correctionnel avait déjà souligné "les imprudences en lien certain avec l'accident" de la compagnie.
Une série d'erreurs de pilotage
Il avait notamment pointé du doigt le maintien des vols de nuit en période estivale, où la météo était susceptible d'imposer une manœuvre d'atterrissage délicate alors que certains feux de l'aéroport de Moroni ne fonctionnaient pas. L'avocate générale Claire Malaterre a également insisté sur la formation "lacunaire et parcellaire" des pilotes, qui pouvait s'avérer "insuffisante et dangereuse" et dont la compagnie avait pleinement conscience.
Les investigations menées sur les boîtes noires, retrouvées fin août 2009 par 1.280 mètres de fond, avaient permis de conclure que l'accident était dû à une série d'erreurs de pilotage.
Décision de la cour d'appel le 10 septembre 2024
Lors de son ultime voyage, l'Airbus A310 transportait de nombreux Comoriens et Français d'origine comorienne, dont une majorité originaire de Marseille, qui se rendaient dans l'archipel pour célébrer des"grands mariages", des cérémonies rassemblant des villages entiers.
Partis de Paris ou Marseille, les passagers avaient changé d'avion à Sanaa (Yémen). Les expertises judiciaires avaient néanmoins conclu que l'état technique de cet appareil n'était pas en cause. La décision de la cour d'appel sera rendue le 10 septembre 2024.