Face aux contraintes exigées par l'agriculture bio, certains exploitants finissent par renoncer. En France, le nombre d'exploitations labellisées bio serait en baisse. Si le phénomène est marginal dans le Gard, il existe bel et bien. Reportage à Tornac et Atuech-Marsillargues, au pied des Cévennes.
Une tâche brune, couleur feuille morte, sur les feuilles de ses vignes : le Black Rot, ou pourriture noire, a frappé les cultures d’Alain Privat, viticulteur sur les terres de Tornac, au pied des Cévennes.
"Si le temps est très humide, ce n’est pas un problème. Sinon, la tâche descend sur les raisins, qui sèchent. Il n’y a plus de jus, plus rien, on perd de la récolte", explique le viticulteur.
Labellisé bio depuis 14 ans, Alain Privat a dû renoncer à ce label, à cause du champignon ravageur. Car impossible de lutter contre la maladie, à moins de traiter avec des produits chimiques.
Or en bio, les produits fongicides sont déposés à très faible dose. La moindre pluie fine fait disparaitre le traitement. Il faut parfois jusqu’à 12 pulvérisations pour espérer une efficacité.
30% de travail physique en plus
La lutte contre les maladies n’est que l’une des difficultés auxquelles sont confrontées les exploitations agricoles bio. Depuis quelques années, leur nombre en France est en légère baisse. Patrick Fesquet, président de la cave coopérative d’Atuech, fait partie de ceux qui ont renoncé. Il a définitivement abandonné la certification bio :
Pour le bio, il faut compter 30% de travail physique en plus, expose-t-il. Ça implique soit d’embaucher quelqu’un, ce qui n’est pas évident, soit de réduire la surface cultivée.
Sur la Cave de Tornac, 2/3 de la production est certifiée BIO. Des bouteilles qui se vendent 30% plus cher. Malgré cela, les exploitants ne parviennent pas à répondre à la totalité de la demande.
Le reportage de Pascale Barbès et Esmeralda Terpereau :