A Dijon, le titre de transport payé « sans contact » devient très cher

La métropole dijonnaise va augmenter de près de 40 % le tarif des billets de transport en commun payés grâce au sans contact. La mesure, votée par le conseil métropolitain jeudi dernier, suscite l'opposition des élus de droite et du centre.

En 2018, la vente de titres de transport en « Open payment » sur le réseau Divia était vantée sur tous les tons par le maire de Dijon François Rebsamen : facilité, praticité, innovation. Cinq ans après, retournement total de la politique tarifaire. Le succès de l’achat par carte de paiement sans contact ou smartphone s’attire les foudres de ceux qui l’avaient promu. Son prix explosera de 36% au 1er juillet 2023 suite à un vote jeudi dernier en conseil métropolitain.

Concrètement, si vous réglez votre ticket sans contact avec une carte bancaire directement dans le tramway ou le bus, il vous en coûtera désormais 2 euros, contre 1,40 euros au préalable. Soumise au vote des élus métropolitains ce jeudi 22 juin, cette augmentation, est prévue par un avenant au contrat passé entre la métropole de Dijon et son délégataire chargé des transports, Keolis Dijon Multimodalité.

Ce n’est pas au goût des usagers : « ça fait beaucoup. J’irai à pied ! »

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Le 28 mars 2018, les usagers découvrent qu'ils peuvent acheter leur titre de transport directement dans le bus ou le tramway grâce à un paiement sans contact avec leur carte bancaire. ©Tiphaine Pfeiffer- Francetélévisions

Trop de succès

 Thierry Falconnet, vice-président socialiste de Dijon Métropole chargée des mobilités,  explique cette décision : « L’augmentation est nécessaire pour atténuer les coûts d’exploitation de ce système de ce titre de transport et permettra d’apporter quelques améliorations au service. »

Laurent Bourguignat, conseiller métropolitain d'opposition, s’insurge contre cette augmentation des tarifs pour un service apprécié des voyageurs : « en 2022, 2,3 millions de titres ont été achetés en open payment. C’est dix fois plus qu’en 2018 ! » Pour l’élu, il s’agirait de « la première solution de paiement en nombre, devant les abonnements au réseau Divia ».

D’autant qu’une autre mesure vise à dissuader les voyageurs occasionnels : la suppression du plafonnement, à 4,20 euros la journée. A l’heure actuelle, trois trajets payés en sans contact autorisaient à voyager toute la journée. Pour l’opposition représentée par le groupe Agir pour Dijon Métropole, « la métropole cherche sans doute à pousser à prendre un abonnement dont ils n’avaient pas besoin jusque-là, préférant une flexibilité qui était appréciée d’un grand nombre d’usagers. »  

Encourager les abonnements ?

 En conseil communautaire ce jeudi 22 juin 2023, la bataille de chiffres a fait rage : Thierry Falconnet réfute le volume de voyages réglé en open payment avançant le chiffre de « 5,5% des validations sur 42 millions de voyages sur le réseau Divia par an ».

Toutefois, il reconnaît que l’objectif de cette nouvelle politique tarifaire est d’inciter les habitants de la métropole à ne pas utiliser l’open payment et à lui préférer « des abonnements,  l’achat d’une carte 10+1 qui permet de proposer le titre à 1,27 euros ou la nouvelle offre petit rouleur. » 

Dijon est toujours une des 5 villes qui a les tickets les moins chers de France.

Thierry Falconnet, vice-président de la métropole dijonnaise (PS) en charge des mobilités

Certains usagers seront difficiles  à convaincre : « À l’origine, j’étais plus pour l’abonnement mais avec la multiplication des grèves, cela rendait le service beaucoup moins attrayant surtout lorsque l’on se déplace tous les jours. J’avais changé mes habitudes et j’étais passé au paiement avec carte quand j’en avais besoin. L’augmentation du tarif redonne un peu l’avantage à l’abonnement… Quoique ! »

  Taxer les touristes ?

Selon les statistiques de Divia, « 75% des utilisateurs des titres de transport sans contact ne sont pas originaires de la métropole ». La collectivité prévoit que l’augmentation rapporterait « environ 500.000 euros de recettes supplémentaires par an ». Selon Thierry Falconnet, « Il faut savoir que les tarifs n’ont pas changé depuis 2018 alors que les coûts ont augmenté de 6 millions d’euros ».

Cette décision tarifaire intervient quelques mois seulement après l’entrée en vigueur du nouveau contrat de délégation de service public pour sept ans (2023-2027) avec le prestataire Keolis, reconduit pour la troisième fois; il était le seul candidat dans la procédure d’appel d’offres. L’opposition souligne qu’elle avait voté contre cet appel d’offres en raison de « l’absence de visibilité sur l’évolution des tarifs durant la durée du contrat en décembre 2022 »

Une politique tarifaire en question

 Les tarifs des titres de transport des voyageurs occasionnels pratiqués par Divia sont questionnés depuis longtemps. Pas de tarifs réduits pour les enfants pour les tickets unitaires à l’heure ou la journée… La ville a toujours argumenté qu’elle encourageait ainsi les abonnements.

 Les associations d’étudiants militent également en vain depuis 2012 pour la création d’un tarif spécifique. Seul existe un abonnement mensuel lié à l’âge (18-26 ans). Les étudiants plus âgés n’y ont pas droit, ceux qui sont en alternance peuvent se faire rembourser la moitié par leur employeur ce qui entraine une inégalité de traitement selon ces associations.

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