Le Ministre de l’Intérieur est arrivé à Dijon ce jeudi 10 juin en début de matinée. Un déplacement qui vient s'ajouter à la longue liste de visites effectuées par membres du gouvernement en Bourgogne-Franche-Comté, depuis le début du mois de mai.
Olivier Véran, Florence Parly, Jean-Michel Blanquer à deux reprises, tout comme Barbara Pompili puis Elisabeth Borne... sans compter les secrétaires d’État ou une interview du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, à la matinale de France Bleu Belfort Montbéliard. Depuis début mai, la valse des ministres en Bourgogne-Franche-Comté n’en finit pas.
Même le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu dans la région fin mai, officiellement pour parler du secteur de la culture. Mais ce déplacement dans la ville de la tête de liste LREM aux régionales, Denis Thuriot, ne devait rien au hasard
Ce 10 juin, c'est au tour de Gérald Darmanin de se rendre en Côte-d'Or. A 10 jours du 1er tour, il ne s’agissait plus d’un déplacement officiel du ministre, mais d’une visite de soutien au candidat. Une question se pose : pourquoi autant de déplacements ministériels ?
"Ils viennent soutenir un territoire en danger"
"Il faut croire que j'ai une grande confiance de leur part", sourit Denis Thuriot, candidat LREM à la présidence de région et maire de Nevers. Au terme d'un meeting tenu dans la matinée aux côtés du Ministre de l'Intérieur, il n'a pas hésité à s'ériger en rempart face au Rassemblement National.
"Ils viennent surtout soutenir un territoire. Un territoire qui est en danger", martèle le candidat. "Nous sommes ce bouclier parce que nous ressemblons à la majorité des Bourguignons et des Francs-Comtois. Il faut que nos concitoyens comprennent que leur avenir n'est certainement pas dans les mouvements d'extrême droite."
Un collaborateur parlementaire se fait moins nuancé. "Il se passe beaucoup de choses en Bourgogne-Franche-Comté, en termes de sécurité, ce genre de choses. Ça pourrait permettre de rogner un peu sur le territoire du RN. Si les ministres défilent, c'est qu'ils estiment la région gagnable."
VIDEO. A Dijon, Gérald Darmanin soutient un candidat... qu'il ne connait pas si bien
Des visites ministérielles soit fustigées, soit ignorées par l'opposition
Mais ces déplacements successifs agacent dans l’opposition. A commencer par le candidat du RN, Julien Odoul.
Au sujet du déplacement de Gérald Darmanin, il évoque un "tourisme électoral" de la part du Ministre, qui préfère "soutenir le candidat macroniste" que lutter contre "l'insécurité et l'ensauvagement".
Le ministre de l’Intérieur fait du tourisme électoral à #Dijon pour soutenir le candidat macroniste. Visiblement la lutte contre l’insécurité et l’ensauvagement n’occupe pas la totalité de l’agenda de @GDarmanin qui bafoue la période de réserve et la tradition républicaine. https://t.co/Zv6cZfw3xd
— Julien Odoul (@JulienOdoul) June 10, 2021
Le camp de Marie-Guite Dufay, candidate à sa réélection, se montre moins acerbe. "Odoul est bien placé pour parler de tourisme électoral alors qu'il a fait venir Marine Le Pen il y a quelques semaines !", se moque une source proche de la présidente sortante. "S'il y a des visites ministérielles, c'est peut-être que la campagne patine un peu."
Les autres candidats ne se privent d’ailleurs pas de faire venir des soutiens nationaux. Dimanche, c’est Anne Hidalgo qui était aux côtés de colistier de Marie-Guite-Dufay. Ce 10 juin, Jean-Luc Mélenchon est aux côtés de Bastien Faudot et vendredi, le président des Républicains Christian Jacob viendra soutenir Gilles Platret à Besançon.
Pas de quoi paniquer en tout cas les forces de l’ordre. Ces dernières années, les visites ministérielles se sont multipliées en Côte-d'Or. "Quand François Hollande était président, on pensait qu'il y avait beaucoup de visites officielles parce que Dijon était une ville de gauche. Mais ça ne s'est jamais vraiment arrêté depuis", sourit Christophe Benoit, délégué départemental de l'UNSA Police. "Certes, c'est une charge de travail supplémentaire qui peut poser quelques problèmes d'organisation et d'effectifs. Mais les procédures sont bien rôdées, la hiérarchie connaît ça par coeur."
Le rythme ne pas se relâcher. Vendredi prochain, c’est le Premier ministre Jean Castex qui doit à son tour venir soutenir Denis Thuriot.