Il y a un an, l'affaire avait fait grand bruit, reprise par toute la presse nationale. Mais depuis, l'enquête est toujours en cours... Et on ignore encore de quoi Claudette est vraiment décédée.
L'affaire avait été très médiatisée en novembre 2022. À l'époque, le CHU de Dijon s'était retrouvé en pleine tempête, accusé d'avoir laissé "mourir de faim" Claudette, une patiente de 77 ans. Elle avait été admise pour une fracture du fémur et est décédée au bout d'une semaine, le 31 août 2022. L'affaire a rapidement fait le tour de la presse nationale. Depuis, où en est-on ? De quoi est morte Claudette ? France 3 Bourgogne se penche à nouveau sur l'affaire.
"Une procédure assez rare"
Contactés, les enfants de Claudette, Murielle et Jean, ont très peu d'informations. Leur avocate, Mathilde Espérandieu, indique que l'affaire "est toujours en instruction pour recherche des causes de la mort".
"C'est une procédure assez rare, en tout cas à Dijon", indique maître Espérandieu. Concrètement, il faut d'abord attendre les conclusions de cette instruction. Une fois que les causes de la mort auront été connues, on saura si éventuellement une faute a été commise. Dans ce cas, "on pourra repartir sur une procédure classique, mettant en cause la responsabilité de l'hôpital", ajoute l'avocate. Mais cela ne pourra se faire qu'une fois les causes de la mort établies.
"Maintenant, on attend ces réponses. Les retours des laboratoires sont très longs, ce n'est pas nouveau", déplore l'avocate. En effet, dès novembre 2022, une source judiciaire expliquait à France 3 : "Plus vous faites une recherche pointilleuse, plus cela prend du temps. Ce n'est pas comme dans les films, aucun laboratoire en France ne peut faire ces analyses en cinq minutes." Pour autant, le temps semble très long pour les enfants de Claudette, qui espèrent toujours savoir la vérité.
Aucune communication officielle
Sur le fond de l'enquête, plusieurs avancées ont été réalisées, mais elles sont soumises au secret de l'instruction. L'avocate des enfants de Claudette n'en dira donc pas davantage, pas plus que le parquet de Dijon : "la procédure est toujours en cours et non susceptible de communication", indique le procureur.
Contacté, le CHU de Dijon "ne souhaite pas faire de commentaires, l'enquête judiciaire étant en cours", indique l'hôpital ce 10 novembre.
Le rappel des faits
- Août 2022 : Claudette est admise au CHU de Dijon pour une fracture du fémur. Selon ses enfants, elle est alors laissée plus de 4 jours sans alimentation. Son état se dégrade ; elle entre en réanimation le 28 août et décède le 31.
- Novembre 2022 : l'affaire sort dans la presse. "Je ne peux pas imaginer qu'on l'ait abandonnée", réagit un syndicaliste de l'hôpital auprès de France 3. "Être à jeun pendant plusieurs jours, c'est rarissime (...) Je ne vois pas comment des soignants auraient pu ne pas réagir (...) On fait ce travail-là pour soigner les gens, pas pour les abandonner", déclarait Rodolpe Gaumain, de l'UNSA-CHU. La CGT affirme la même chose : "C’est littéralement impossible qu’elle n’ait pas du tout été nourrie, qu’elle ait été dénutrie et soit morte de faim, il y a des protocoles à respecter."
- 8 novembre 2022 : le CHU tient une conférence de presse pour tenter d'éteindre l'incendie. On apprend que Claudette a été mise à jeun dans l'attente de son opération du fémur, mais que cette opération a été reportée 4 fois faute de créneau disponible. Les repas ont été "commandés, distribués et inscrits au dossier", assure le chef de service.
Une zone d'ombre subsiste tout de même : Claudette, qui était sous traitement, a-t-elle bien reçu ses médicaments ? Si non, cela pourrait expliquer la dégradation rapide de son état. C'est l'une des hypothèses formulées par les enfants de la patiente.
- Avril 2023 : huit mois après, un juge d'instruction est saisi et une information judiciaire est ouverte pour "recherche des causes de la mort".