Inquiétée par la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, la jeunesse se mobilise pour faire barrage à l'extrême droite. Blocage ou occupation des campus universitaire, tribune dans la presse, la contestation des étudiants prend différentes formes.
C’est presque un cri du cœur, un élan instinctif. "La jeunesse emmerde le Rassemblement national". C’est avec ces mots qu’un collectif réunissant plusieurs organisations de jeunesse appelle à faire barrage à l’extrême-droite dans une tribune publiée ce jeudi 21 avril dans Libération. Une punchline, référence directe au slogan punk "La jeunesse emmerde le Front national", entrée depuis les années 1980 dans la conscience militante.
Dans cet entre-deux-tours de l’élection présidentielle, la jeunesse de France se mobilise donc, inquiétée par la présence de Marine Le Pen parmi les deux finalistes. À Dijon (Côte-d’Or), les étudiants s’activent également. Les élèves de Sciences Po ont décidé d’occuper les locaux de leur campus ce mercredi 20 avril en marge du débat entre la candidate RN et Emmanuel Macron.
Pourquoi la jeunesse se mobilise ?
Le 14 avril dernier, des centaines de jeunes avaient occupé l’université de la Sorbonne et l’Ecole normale supérieure à Paris. Le même jour, les campus de Sciences Po à Paris et Nancy étaient quant à eux bloqués. Les étudiants dijonnais s’inscrivent donc dans un mouvement de protestation généralisé.
Au total, 40 étudiants du campus de Sciences Po à Dijon, soit un quart des effectifs, ont occupé le site jusqu’à deux heures du matin. "Il y avait des gens très déterminés, des personnes qui sont venues parce que la lutte les intéresse, parce que la situation les questionne. On a besoin de savoir ce qu’on fait. Il y a une anxiété générale chez les étudiantes et les étudiants", explique Diem, une élève inscrite à l'institut d'études politiques.
Parmi les revendications de la jeunesse, la volonté de lutter contre la banalisation des idées d’extrême droite en France. "Qu’en est-il de notre avenir si l’extrême droite accède au pouvoir ? L’extrême droite n’est jamais du côté de la jeunesse et des classes populaires", s’inquiètent les organisations dans leur tribune commune.
"On voulait dénoncer le fait que l’extrême-droite, qualifiée au second tour, puisse s’exprimer tranquillement pendant toute une soirée", ajoute l’étudiante de Sciences Po à Dijon.
42 % d’abstentionnistes chez les 18-24 ans
Au premier tour, 42 % des 18-24 ans se sont abstenus d’aller voter. La conséquence d’une campagne durant laquelle les préoccupations des jeunes n’ont pas été prises en compte selon eux. C’est également pour cela que les étudiants se sont mobilisés à Dijon.
"On s’est activité pour défendre l’écologie et le social. C’est pendant le débat d’entre-deux-tours que les candidats se décident à écouter la voix des jeunes. On n’a pas grand espoir sur le fait qu’ils vont en tenir compte. Mais ça nous semblait important de prendre des risques, de nous mobiliser pour montrer qu’il y a des thèmes qu’il ne faut pas oublier", justifie Diem.
On veut replacer l’écologie et la question sociale au cœur du débat. On savait que ça allait être très peu mentionné, ou sinon très mal, pendant le débat.
Diem, étudiante Sciences Po à Dijon
Pendant l’occupation du campus de Dijon, les étudiants de Sciences Po ont beaucoup échangé sur cette campagne, réfléchissant notamment au choix à faire ce dimanche 24 avril. "Beaucoup d’entre nous sont assez indécis. On a comme seule alternative de voter Emmanuel Macron qui a fait du mal à la jeunesse et au système social. Nous ne savons pas ce que nous allons faire. Il était alors question de réfléchir sur quoi voter tout en gardant à l’idée qu’aucune voix ne doit aller à l’extrême droite".
Désormais, les étudiants de Sciences Po Dijon anticipent leurs prochaines mobilisations. D’autres mouvements devraient être mis en place après le second tour de la présidentielle. "On va décider d’actions à l’extérieur. On a prévu de potentielles séances de tractage, d’affichage, de formation, on ne sait pas encore. On a décidé de ne pas en rester là, car le fascisme ne va pas s’arrêter après dimanche".
Chez les 18-24 ans, Marine Le Pen a réalisé 18 % des suffrages au premier tour de la présidentielle. C'est Jean-Luc Mélenchon qui s'est offert le titre honorifique de champion de la jeunesse en marge du scrutin national, attirant 34,8 % de leurs votes.