L'association de défense des animaux L214 dévoile ce jeudi 11 avril des images de maltraitance animale, prises dans l'abattoir Bigard de Venarey-les-Laumes (Côte-d'Or). Une plainte a été déposée auprès du procureur de Dijon. La préfecture de Côte-d'Or annonce prendre des "mesures immédiates".
Des images insoutenables. Ce jeudi 11 avril, l'association de défense des animaux L214 dévoile des photos et vidéos prises à l'intérieur de l'abattoir Bigard de Venarey-les-Laumes (Côte-d'Or), qui a récemment fait parler de lui lors de l'épisode de la rue inondée de sang. Entre autres actes de violence délibérée, on y voit notamment des bovins êtres abattus sans étourdissement préalable.
"On a relevé une souffrance évidente qui est systématique dans les abattoirs que nous avons déjà épinglés", souligne Bérénice Riaux, chargée de campagne pour l'association. "Ce sont des infractions graves puisqu'elles entraînent des conséquences sur les animaux, surtout lorsqu'ils sont égorgés sans être amenés à l'inconscience."
"L'animal reçoit en une minute plus de 20 coups violents sur le corps et la tête"
Une souffrance que l'on constate bel et bien sur les images en question. Sur une vidéo, on voit en effet des vaches égorgées par des employés effectuant un geste de "cisaillement" - c'est-à-dire qu'ils pratiquent des retours dans la plaie - alors que "la saignée doit être effectuée en un seul passage et en un seul geste", indique L214 dans son communiqué.
Plusieurs animaux ainsi traités sont ensuite relâchés, sans être ni immobilisés ni inconscients. Dans la vidéo en question, on entend certains beugler tandis qu'ils se vident de leur sang. "La réglementation exige pourtant que les animaux soient ensuite maintenus dans leur contention jusqu'à ce qu'ils soient inconscients", fait remarquer Bérénice Riaux. "Évidemment pour l'abattoir, il faut que ça aille vite, mais ça ne peut pas tout excuser." Pour rappel, l'abattage sans étourdissement est requis pour la production de viande halal et casher, mais est strictement réglementé.
Par ailleurs, on voit un employé de l'abattoir frapper à de nombreuses reprises une vache dans un enclos. "L'animal reçoit en une minute plus de 20 coups violents sur le corps et la tête", note l'association, qui précise également que le bouvier "enfonce son bâton dans l'anus" de la bête. Certaines de ces images étant particulièrement choquantes, nous avons choisi de ne pas les diffuser.
Une plainte déposée auprès du procureur de Dijon
En conséquence, L214 a porté plainte auprès du procureur de Dijon pour "sévices graves et actes de cruauté". Elle reproche notamment des "coups d'aiguillon sur des endroits interdits", "violents coups donnés à des animaux" et "saignée par cisaillement et défaut de compétence du personnel". L'association demande également la fermeture de l'abattoir et la fin "de la dérogation autorisant les abattages d'animaux sans étourdissement".
De son côté, l'abattoir, que nous avons contacté, nous a renvoyé vers la direction du groupe Bigard située à Quimperlé (Finistère). Celle-ci n'a pour l'heure pas donné suite à nos sollicitations.
La préfecture de Côte-d'Or réagit
Dans un communiqué reçu ce mercredi soir, la préfecture de Côte-d'Or annonce prendre "des mesures immédiates". Le préfet a demandé "au directeur départemental de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations, NDLR) de se rendre dès jeudi matin dans l'établissement afin d'évaluer la situation et la nécessité de mettre en oeuvre des mesures correctives". Les autorités rappellent que l'abattoir fait l'objet d'un contrôle permanent.
Plusieurs autres affaires de maltraitance animale dans la région
Le précédent scandale de maltraitance animale en Bourgogne remonte au 21 juin 2023, date à laquelle L214 avait révélé les conditions de vie "catastrophiques" des chèvres d'un élevage de Saint-Pierre-le-Vieux (Saône-et-Loire). Des images de tas de cadavres et d'animaux à l'agonie dans les enclos avaient été diffusées.
Voir cette publication sur Instagram
Quelques mois plus tôt, c'était à Saint-Maurice-de-Satonnay qu'un autre élevage était épinglé. Il s'agissait de l'entreprise de Thierry Chevenet, l'un des principaux producteurs européens de fromage de chèvre fermier. À l'époque, l'éleveur s'était dit "choqué" par les méthodes de L214.