Statue de Victor Hugo vandalisée à Besançon : qui sont les deux étudiants qui ont reconnu les faits ?

Deux étudiants en histoire de l'université de Franche-Comté ont reconnu avoir peint en blanc, le 20 novembre, le visage de la statue de Victor Hugo du sculpteur Sénégalais Ousmane Sow au cours de leur garde à vue. Ils contestent toute intention raciste. Ils seront jugés le 26 décembre et encourent dix ans d'emprisonnement.

Sans les caméras de vidéoprotection, l'enquête policière n'aurait pas pu aller aussi vite. Grâce aux bandes vidéo conservées 15 jours avant d'être écrasées, les enquêteurs ont repéré qu'à 23H27 exactement, deux hommes aspergent de peinture la sculpture d'Ousmane Sow. Impossible d'identifier les auteurs des faits. Il faudra l'examen des enregistrements des autres caméras de la ville et la "connaissance fine de la population" pour interpeller à 6H30 jeudi 24 novembre un étudiant en 3e année de licence d'histoire à son domicile bisontin. 

Lors de sa garde à vue, le jeune homme, âgé de 20 ans, admet sa participation à la dégradation et précise avec qui il l'a faite. Dans la matinée, un second étudiant, âgé de 22 ans, lui aussi en licence d'histoire à l'université de Franche-Comté, est interpellé chez lui. Lui aussi reconnaît les faits, mais, précise le procureur de la République Etienne Manteaux lors d'une conférence de presse le vendredi 25 novembre, "ils contestent toute intention raciste, ils ont trouvé la couleur de peau de Victor Hugo trop foncée ". 

C'est l'étudiant de 22 ans qui a peint le visage de la statue en blanc, il s'est ensuite fait photographier par son comparse avec la pancarte sur laquelle on peut lire le mot "White power" avec un sigle associé à l'extrême-droite. 

Les jeunes hommes ne "sont pas radicalisés" et ne sont pas connus des services de police précise le procureur de la République, ils font partie du groupe de la "Cocarde étudiante", un mouvement étudiant d'extrême-droite. 

Le plus âgé des deux est le responsable local de la "Cocarde étudiante". Entre 2015 et 2021, il a été adhérent au Rassemblement National. "Il en est parti, précise le procureur de la République, car cela l'avait "soulé" de ne pas être candidat à la députation en 2022." . Le plus jeune a également fait partie du Rassemblement national entre 2015 et 2021.

Dans la soirée du 25 novembre, sur twitter, un communiqué de la Cocarde étudiante de Franche-Comté affirme que les deux mis en cause ne font plus partie de leur groupement. L'un a été exclu ce jour de la section bisontine et l'autre n'en faisait plus partie. 

Les étudiants sont présentés devant le parquet en début d'après-midi de ce 25 novembre. Ils seront poursuivis pour "dégradation grave de biens publics avec trois circonstances aggravantes" dont le caractère raciste, les faits en réunion et la dégradation d'un bien d'utilité public. Contrairement à ce qu'affirment les deux étudiants, le parquet estime que ces actes de vandalisme ont un caractère raciste. 

Leur jugement est prévu le 26 décembre. En attendant, le procureur demande leur placement sous contrôle judiciaire. Pour "ne pas confondre vitesse et précipitation", une enquête de personnalité sera effectuée pour mieux cerner les intentions et le profil des deux mis en cause.

Quant à la seconde dégradation la nuit suivante, celle du lundi au mardi 22 novembre, de la sculpture de "l'homme et l'enfant", installée aux Glacis, du même sculpteur, les jeunes hommes nient leur participation. Les enquêteurs estiment qu'il pourrait s'agir d'un autre auteur mais aucune piste ne peut être exploitée pour tenter de retrouver l'auteur des faits qui est d'une corpulence différente de celles des deux étudiants. 

Polémique nationale

La sculpture de Victor Hugo qui venait juste d'être rénovée a conduit à une vive polémique lancée par des médias régionaux et nationaux et largement relayé par une partie de la classe politique, qui s'en est pris à la couleur politique de la municipalité, trop verte selon eux, pour dénoncer la couleur du visage de Victor Hugo, trop sombre selon eux. 

Une fresque contre le racisme

En réaction à ces actes racistes, une fresque murale a été créée à Besançon, juste en face du conservatoire de musique et du Fonds régional d'art contemporain. Des artistes, techniciens et acteurs de la vie culturelle de Besançon signent ce vendredi 25 novembre une "tribune contre les actes racistes à Besançon". 

Nous considérons qu’ils s’inscrivent dans une tradition fasciste, celle des autodafés et des stigmatisations de l’art dans les années 1930 en Allemagne. Ils nous renvoient ainsi aux heures les plus sombres et les plus intolérantes de notre histoire dont nul ne peut ignorer les conséquences.

Tribune anti-raciste

Réunis en début d'après-midi du 25 novembre, quelques-uns des 200 signataires ont tenu à expliquer leur "acte de résistance". Une quinzaine d'artistes membres de "L'atelier populaire" ou de "Super senior" ont réalisé cette fresque collective sur ce mur connu pour être destiné à l'expression libre. 

Plainte de la ville de Besançon

La Ville a vivement condamné ces dégradations, demandant l’ouverture d'une enquête sur l'ultra droite bisontine pour incitation à la haine raciale. Mardi 22 novembre, Toufik-de-Planoise, journaliste à Radio Bip 25, dévoilait une photo des auteurs de la dégradation de la statue de Victor Hugo, posant avec une pancarte White Power, sur le réseau Télégram. Pour ce spécialiste de l'extrême-droite, il s'agit de néonazis actifs régulièrement sur Besançon.

Pour les dégradations de ces deux sculptures,  la Ville de Besançon a déposé plainte. 

Lors d'une conférence de presse organisée dans l'urgence mardi 22 novembre, la maire EELV Anne Vignot avait dénoncé “ce racisme vraiment profond exprimé à travers tout cela, ce rejet de l’écologie comme étant une politique qui serait radicale, et le fait que les gens absorbent de l’information sans jamais prendre le temps de l’analyser, de la comprendre, de voir qu’ils sont manipulés” .

"Un acte explicitement raciste"

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a condamné les faits survenus à Besançon dans un tweet publié le 24 novembre.

D'ici leur jugement, les deux étudiants ont l'interdiction de participer à des manifestations. Samedi 19 novembre, avant le rassemblement à Besançon contre les violences faites aux femmes, quatre hommes ont été reconnus par les manifestants comme appartenant à l'ultra-droite locale. 

L'un d'entre-deux particulièrement provocateur affichait un autocollant du groupe d'ultra-droite "VDL BSK" sur son téléphone portable, avec lequel il s'est filmé au milieu de la foule en colère contre leur présence. 

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