Des jeux après les Jeux. Pendant deux jours, du 23 au 24 octobre 2024, un centre d'accueil pour personnes atteintes de handicaps psychiques, la ferme du Sillon, à Chaux des Crotenay (Jura) a organisé des olympiades.
"Une drôle d'idée", sourit Guillaume Guinchard, chef de service de la ferme du Sillon (centre d'accueil pour personnes atteintes de handicap psychiques) situé à Chaux des Crotenay dans le Jura. "C'est vrai qu'on ne pense pas faire cela avec 30 personnes autistes", reprend-il au micro de nos journalistes Norbert Evangelista et Hugues Perret.
L'établissement a en effet organisé des olympiades pour ses résidents et a invité trois autres établissements à se joindre à l'événement sportif. La Maison du Bois Joli à Morez (Jura), le Foyer d'accueil spécialisé de Crancot (Jura) et l'IME de Bourg-en-Bresse (Ain).
"C'était difficile, mais j'ai réussi"
Au total, ces olympiades ont réuni "presque 100 personnes en comptant les éducateurs et les autres structures". Pendant deux jours, du mercredi 23 octobre au jeudi 24 octobre 2024, les participants se sont essayés à une dizaine d'épreuves différentes. "Badminton, jeux d'adresse avec un ballon, course de relais, vélo, sarbacane et jeux cognitifs dont le puzzle", énumère Guillaume Guinchard.
C'est une vraie réussite. Quand on fait des choses un peu hors du commun avec les résidents, on ne connait pas leur réaction, mais on a eu une bonne météo et les résidents étaient formidables.
Guillaume Guinchard,chef de service de la ferme du Sillon, centre d'accueil pour personnes atteintes de handicap psychiques
Pour Dominique, atteint de troubles autistiques, l'épreuve de relai s'est bien passée. "Je me suis bien débrouillé", témoigne-t-il. Et de reprendre : "C'était difficile, mais j'ai réussi à monter la côte".
"Chaque personne est singulière"
Pour l'équipe, organiser ce type d'événement relève de la prouesse. Le personnel encadrant doit être capable de s'adapter à des pathologies presque aussi différentes que le nombre de participants. "Chaque personne est très singulière, chaque personne est très différente et c'est ça qui fait la beauté mais aussi la difficulté de ce métier", livre Guillaume Guinchard.
Les personnes atteintes d'un trouble autistique ont ainsi des problèmes de communication. "On communique par pictogramme, par image, par geste", souligne Guillaume. Certains possèdent le langage "mais est-ce qu'ils comprennent comme nous ? C'est ça qui n'est pas simple", explique-t-il.
Ces incompréhensions peuvent générer de la frustration chez les résidents : "Leur seule façon de l'exprimer, c'est par la colère et là ça peut être compliqué. Évidemment, ce n'est pas tous les jours, mais ça peut faire partie du travail".
Anaïs Bescond remet les médailles
Les personnes atteintes de troubles autistiques éprouvent des difficultés à sociabiliser. Participer à ce genre d'événement "leur permet de rentrer en relation avec d'autres personnes dont des personnes qu'ils n'ont pas l'habitude de voir comme les journalistes. Ça les fait entrer en contact avec le monde extérieur", explique Guillaume Guinchard.
Ces athlètes pas comme les autres ont eu la chance de recevoir leurs médailles des mains de la championne olympique de biathlon Anaïs Bescond. La sportive a notamment été en juin la dernière relayeuse de la flamme olympique dans le Doubs. Elle a allumé le chaudron à la Gare d'Eau de Besançon.
"C'est avec plaisir que je retrouve des épreuves sportives pour tout le monde", livre-t-elle. Pour elle, participer à cet événement permet de visibiliser l'autisme : "Ça fait du bien d'en parler et de se rassembler autour de cela".