Témoignages. À la retraite, ces médecins reprennent du service quelques jours dans un désert médical : "un vrai challenge"

Publié le Écrit par David Segal
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Le centre de santé de l'association "Médecins Solidaires" a ouvert ses portes à Chantenay-Saint-Imbert (Nièvre). Cette initiative prend le contre-pied de la téléconsultation pour garantir l'accès aux soins dans les déserts médicaux. Le Dr Aubois et le Dr Jallais sont deux généralistes retraités volontaires pour assurer les premières consultations.

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"Bonjour Madame, des antécédents particuliers ? des allergies ?" Le Dr Pierre Aubois accueille une patiente dans son cabinet, avec tout le matériel nécessaire. La consultation dure une dizaine de minutes. "Vous avez besoin d'un arrêt de travail ?"   

Depuis quelques jours le nouveau centre de santé de l'association "Médecins Solidaires" a ouvert ses portes à Chantenay-Saint-Imbert, une commune de 1200 habitants au sud de la Nièvre et à la frontière avec l'Allier.

Le Dr Aubois conclut le rendez-vous. "Je vous raccompagne", avec un léger accent du sud. Ce généraliste de 69 ans est à la retraite depuis 3 ans. Il a décidé de laisser derrière lui pendant six jours, le Vaucluse et son village pittoresque de la Tour-d'Aigues : "je fais partie des médecins pionniers de l’association. On fait toujours l’ouverture des centres parce qu’on essuie les plâtres. On ne veut pas envoyer au début des médecins qui n’auraient pas l’habitude du fonctionnement" souligne-t-il.

On prend en charge des gens qui n’avaient plus de médecin depuis plusieurs mois voire plusieurs années et on essaie de tout remettre dans l’ordre.

Dr Pierre Aubois, médecin retraité et "solidaire"

C'est le 4ème centre du genre en France installé par "Médecins solidaires". Ici le concept est simple : un médecin différent est accueilli chaque semaine et ce toute l'année sauf à Noël et la semaine du 15 août. Avec 450 médecins dans le réseau, l'association permet ainsi aux patients de pouvoir bénéficier de la continuité des soins dans une zone où il n'y a pas assez de généralistes par rapport au nombre d'habitant : le fameux désert médical. Il y a déjà eu plus de 20 000 consultations depuis le premier centre ouvert dans la Creuse, en 2021.

Un médecin et deux assistantes

"Moi je trouve ça passionnant, c’est fatigant mais c’est un vrai challenge", souligne le Dr Aubois. "On n’est pas dans la routine. Le médecin qui vient, il a un œil neuf, il est plus attentif. C’est même un atout pour le projet médecin solidaire parce que souvent les médecins déjà installés sont submergés", précise-t-il. Avant de confier que cela repose sur une organisation et une rigueur de chaque médecin qui passera dans le cabinet. "La tenue du dossier médical, c’est vraiment la clé de voûte. On partage sur un logiciel pour le confrère suivant qui verra le patient. Ce qu’il doit savoir, sur quels points il doit être vigilant".

Dans le centre de santé, deux assistantes administratives épaulent le praticien qui vient pendant la semaine. Dans la salle d'attente, une habitante du secteur salue l'initiative : "dans la région, il y a des médecins qui ne prennent pas de nouveaux patients, et nos médecins traitants, quand on a réussi à en trouver, sont toujours surbookés. Les personnes qui ont mis ça en place, bravo !"

Les généralistes volontaires touchent 1000 euros pour la semaine. Le temps de leur séjour, ils sont hébergés gratuitement sur place. Le Dr Alain Jallais a lui aussi quitté ses terres du Lot pour venir dans la Nièvre. Il fait partie de l'aventure "Médecins solidaires" depuis le début : "l'association met un point d’honneur à ce que les médecins soient bien accueillis, dans les gîtes agréables. Les gens peuvent venir en famille, voire avec des enfants quand il y en a."   

"On a l'impression de rendre service à la population"

Dr Alain Jallais, médécin solidaire

Pour ce qui est de l'organisation, cela repose sur le système de roulement et c'est ouvert à tous les profils : "on a 30% de médecins pas encore installés. 30% sont déjà installés mais prennent de leur temps pour venir et puis 30% de médecins retraités. Le reste ce sont des médecins salariés dans le public ou privé." Le collectif espère ainsi convaincre de plus en plus de praticiens de s'engager dans la démarche. Objectif à terme : ouvrir d'autres centres partout en France. "L’idée c’est de demander peu à beaucoup de médecins plutôt que de demander beaucoup à peu de médecins". 

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