Plus de 10 ans après les faits, la justice relance l'enquête concernant la disparition de Noureddine Adda. Il avait disparu en novembre 2013, alors qu'il quittait Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) pour se rendre en Algérie. Sa famille a rencontré la juge d'instruction ce mardi 16 janvier.
C'est peut-être la fin d'une longue traversée du désert, aussi désespérante qu'harassante. Ce mardi 16 janvier, la mère, l'une des sœurs et l'un des frères de Noureddine Adda ont rencontré la juge d'instruction en charge de l'affaire au palais de justice de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Plus d'une heure d'entrevue qui s'est soldée, pour la famille, par un regain de confiance et d'espoir.
"Aujourd'hui, on a l'impression que le dossier va peut-être reprendre vie", affirme Nabila Adda, sœur cadette du disparu. "La magistrate nous a donné l'impression de vouloir reprendre le dossier et de retravailler dessus. Pour nous, ce n'est pas un dossier bâclé. On espère enfin pouvoir rebondir sur cette affaire, même si c'est avec beaucoup de retard."
Disparu alors qu'il partait pour l'Algérie
Car cela faisait plus de dix ans que l'affaire n'avançait pas, embourbée dans les méandres de l'appareil judiciaire. Le 10 novembre 2013, Noureddine Adda, qui réside à Chalon-sur-Saône, se rend chez sa sœur pour récupérer un cadeau pour son épouse. Il prend ensuite la direction de la gare, en taxi, où il doit monter dans un train qui l'emmènera à Lyon. De là, il est censé rallier l'Algérie pour retrouver sa femme.
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Trois jours après, cette dernière prévient la famille de Noureddine qu'il n'est jamais arrivé en Algérie. La douane le confirmera plus tard : le quadragénaire n'a pas quitté le territoire français. Fait étrange, ses bagages sont retrouvés... dans un train, à Venarey-les-Laumes, entre Montbard et Dijon (Côte-d'Or). Ce train, précise le parquet de Chalon-sur-Saône, est le même que Noureddine a emprunté pour se rendre à Lyon.
Mais de Noureddine, aucune trace. Est-il seulement arrivé à Lyon ? Est-il decendu dans une autre gare ? Souhaitait-il simplement disparaître ? "Il était un peu dépressif", concède Khokha, sa mère, avec qui il avait l'habitude de souvent s'entretenir au téléphone. "Mais il était soigné. Il était autonome, il voyageait. Ce n'est pas quelqu'un qui se perdrait." Elle, comme tous les autres membres de la famille, ne croit pas à l'hypothèse de la disparition volontaire.
"Dès l'origine, des choses n'ont pas été faites"
Des hypothèses, des incertitudes et des soupçons : voilà en quoi consiste aujourd'hui l'affaire. Elle fait l'objet d'une instruction judiciaire pour "arrestation, enlèvement et séquestration". Mais pour Me Bernard Boulloud, avocat de la famille Adda, de longues années d'errance ont compliqué le dossier. "Dès l'origine, des choses n'ont pas été faites. Aujourd'hui, on ne pourra plus retrouver tous les indices, qui ont disparu de manière inéluctables, comme les images de vidéosurveillance de la gare où Noureddine a disparu."
Des témoins ont peut-être disparu, des auditions ont peut-être été mal faites... C'est un dossier qui est devenu particulièrement difficile. Le temps est le pire ennemi de l'enquête.
Me Bernard Boulloud,avocat de la famille Adda
Des manquements qui risquent d'handicaper l'instruction, mais qui ne l'empêcheront pas de se poursuivre. "La plupart du temps, les cold cases se résolvent par la chance", ajoute l'avocat. "Par hasard, un promeneur va par exemple retrouver un élément du corps de la personne qui a disparu. Et puis on dispose de nouvelles techniques scientifiques, biologiques, psychologiques... qui vont peut-être permettre de réexploiter les éléments dont on dispose."
Une confiance partagée par la famille, même si l'espoir de retrouver Noureddine vivant est très faible. "Des fois, je me dis qu'il est peut-être encore vivant quelque part, qu'il a été kidnappé..." confie, émue, Khokha Adda. "Mais on retrouve assez peu de disparus. On va continuer nos recherches, continuer à se bagarrer pour apprendre des choses. Tant que je suis vivante et que je marche, je ne lâcherai pas."
Chaque année en France, plus de 10 000 disparitions restent non élucidées.