Après une semaine de procès à la cour d'Assises de Saône-et-Loire à Chalon-sur-Saône, Valérie Bacot est condamnée à 4 ans de prison dont 3 avec sursis. Elle ressort libre ce vendredi 25 juin.
Valérie Bacot ressort libre au terme de son procès. Libre mais pas acquittée. Les jurés populaires l’ont condamnée à 4 ans de prison, dont 3 avec sursis pour l’assassinat de Daniel Polette commis le 13 mars 2016. L'accusée ayant déjà été incarcérée pendant un an après son arrestation en octobre 2017, elle peut donc rester en liberté au soir de ce vendredi 25 juin. À cette nouvelle, la salle a applaudi. Pour rappel, Valérie Bacot risquait la réclusion criminelle à perpétuité.
À l'unanimité, les jurés populaires ont jugé Valérie Bacot coupable du chef d’assassinat. La femme de 40 ans reçoit également une injonction de traitements et de soins ainsi qu'une interdiction de porter ou détenir une arme pour une durée de 15 ans. Valérie Bacot est reconnue coupable d'avoir donné volontairement la mort à Daniel Polette. La préméditation est également retenue. "La cour dans son ensemble tient à vous souhaiter de retrouver la paix et la sérénité", a affirmé Céline Therme, présidente de la cour d'Assises.
Le soulagement de Valérie Bacot et ses proches
Fragilisée physiquement après cette semaine de procès, Valérie Bacot a entendu le verdict assise avant de s'effondrer sous le coup de l'émotion. "Je ne suis pas soulagée mais vidée mentalement et physiquement. Je remercie tout le monde pour le soutien que j'ai eu. Maintenant, c'est un nouveau combat pour toutes les autres femmes", a réagi la mère de famille après le verdict.
Quelques minutes après, à la sortie du tribunal, Valérie Bacot est attendu par une foule importante qui l'applaudit alors qu'elle descend les marches du palais de justice. Son fils aîné particulièrement ému se félicite de cette décision de justice. "On est tous contents qu'elle puisse continuer à vivre normalement. C'est tout ce qui compte. On va continuer à être soudés".
"Justice a été rendue" pour Nathalie Tomasini
Pour Me Tomasini, avocate de Valérie Bacot, ce verdict clément est une victoire : "Pour moi justice a été rendue. On est particulièrement émues par Valérie qui a été exemplaire pendant tout ce procès. C'est une satisfaction immense. Je suis moi-même très émue. J'ai toujours pensé en mon for intérieur qu'elle serait libérée".
Pour son autre avocate, Janine Bonaggiunta, la femme de 40 ans devient un symbole de la lutte pour les femmes. "C'est un verdict de clémence puisque la préméditation a été retenue. [...] Aujourd'hui enfin on se rattrape avec elle. Elle qui n'avait jamais été entendue, aujourd'hui on l'entend, on l'écoute, on la comprend et on lui fixe une condamnation avec une peine moins importante qu'on ne le pensait". La défense espérait en effet une peine de 10 ans d'emprisonnement pour Valérie Bacot.
Les réquisitions de l'avocat général
Ce vendredi matin, l’avocat général a réclamé une peine de 5 ans de prison, dont 4 avec sursis. "Faut-il que Valérie Bacot revienne en prison ? Je crois que la réponse est non" avait-il lancé tout en rappelant que la justice doit sanctionner un geste qui a entraîné la mort d’un homme. "Nous, communauté humaine, on ne peut accepter que l'on tue. C'est le message que votre cour doit envoyer", a intimé Éric Jallet, convaincu notamment que Valérie Bacot a préparé le passage à l'acte.
Si par la voix de Janine Bonaggiunta, la défense a "remercié l’avocat général" pour sa clémence, elle a plaidé l’acquittement, ne retenant pas la préméditation du geste et prônant l'irresponsabilité pénale. "Comment imaginer une femme sous le joug de ce bourreau avoir le dessein de tuer Daniel et agir avec calcul quand on la décrit sous emprise extrême ? Ça ne matche pas", a estimé Nathalie Tomasini, l’autre avocate de Valérie Bacot.
Celle-ci s’en est d’ailleurs prise à Eric Jallet, l'avocat général, au sujet de l'emprise. "Penser qu'elle n'a rien fait pour s'en sortir, ce n'est rien comprendre aux mécanismes de l'emprise", a-t-elle lancé. Nathalie Tomasini avait alors conclu sa plaidoirie en demandant aux jurés populaires de rejoindre "le nouveau monde de la justice", celui qui défend les femmes victimes de violences conjugales, en acquittant Valérie Bacot.
Pour rappel, durant cette semaine, Valérie Bacot a pu s'exprimer en longueur sur son parcours. Mardi, les enfants les plus âgés de la femme de 40 ans avaient pris sa défense. Mercredi, la cour avait établi le portrait de la victime, Daniel Polette. Ce jeudi avait permis d'établir le profil psychologique de l'accusée.
Comparée à Jacqueline Sauvage, Valérie Bacot écope d’une peine plus légère qu’elle. La femme grâciée par François Hollande en 2016 avait en effet été condamnée deux fois à 10 ans d’emprisonnement en 2014 puis 2015.