Valérie Bacot : "On avait une peur, qu'il se relève et nous tue" témoignent les enfants de l'homme tué par leur mère

Au deuxième jour du procès de Valérie Bacot aux Assises de Saône-et-Loire à Chalon-sur-Saône, la cour a entendu les trois enfants de l'accusée. Au centre des débats ce mardi 22 juin, le terrible huis-clos familial empreint de violence qui a poussé Valérie Bacot à tuer son mari Daniel Polette.

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Pendant 17 ans, les habitants de la commune de Baudemont (Saône-et-Loire) ont vu les Polette comme une famille normale. Discrète et peu sociale certes, mais unie avec des enfants bien élevés et polis. Dans les faits, Valérie Bacot et ses 4 enfants étaient soumis à la violence d’un père alcoolique et impulsif. Ce mardi 22 juin, la cour d’Assises chargée de juger la femme qui a assassiné son époux s’attarde sur la terreur quotidienne connue par cette famille. Une famille sous emprise qui s'apparente à un clan.

Le premier jour du procès de Valérie Bacot a déjà permis d’en apprendre plus sur la vie de cette famille sous emprise. Interrogée, la femme de 40 ans explique en larmes les agressions physiques et verbales qu’elle subit depuis l'âge de 12 ans, mais aussi les colères de son mari envers ses enfants. Souffrant de troubles de l’attention et du comportement et éprouvant des difficultés scolaires, Daniel Polette se moque ouvertement de ses trois fils et de sa fille, les traitant d’idiots et d’attardés. Ce mardi, c'était à leur tour de raconter leurs versions des faits à la barre.

Romain, 20 ans, le premier à témoigner

Vers 9h30, Romain*, le deuxième enfant du couple Polette s'avance dans la salle d'audience pour répondre aux questions de la cour. La voix tremblante, les mots prononcés avec vitesse, il commence en affirmant : "Elle est non-coupable. On avait l’aide de personne. On était enfermés, on ne savait pas comment se débrouiller". Le jeune homme de 20 ans confie n’avoir jamais connu de moment heureux avec son père.

Il décrit un père irascible et difficile à vivre. "On se faisait balancer par terre, on recevait des calottes. Quasiment tous les jours. Quand il rentrait, il buvait. Donc il était tout le temps énervé".

Le deuxième fils du couple Polette raconte le soir du meurtre. Il reconnaît être "bouleversé" par la mort de son père et explique qu'il s'est contenté de "suivre les ordres" de Lucas, le compagnon de la fille de Daniel Polette et sa femme. "C'était un peu lui qui dirigeait ce qui se passait". Après la mort de leur père, Romain et son grand frère Vincent, ont aidé Valérie Bacot et Lucas à cacher le corps de Daniel Polette.

Les jours qui précèdent l'assassinat, Romain, Vincent et Camille ne vont pas en cours. Romain ne se souvient pas des raisons pour lesquelles les enfants ont été autorisés à rester à la maison ce jour-là. Quant aux moments qui suivent la mort de son père, le jeune homme de 20 ans se souvient de la "peur qu'il revienne". Le fils de Valérie Bacot répond toujours de manière courte, la voix légèrement éteinte.

Face à l'avocat général qui lui demande s'il n'était pas possible de trouver de l'aide en dehors et éviter de commettre un assassinat, le deuxième fils de Valérie Bacot répond : "vous voulez qu'on aille où ? On n'a pas de moyens, on ne travaille pas, on était piégés !".

Comment vit la famille aujourd'hui ?

En octobre 2018, Valérie Bacot est libérée sous contrôle judiciaire. La mère de famille est depuis autorisée à voir ses enfants. "Tout se passe super bien. On s'entend très bien. On rattrape un peu le retard", décrit Romain, son second fils.

Quant au geste commis par sa mère, le jeune homme de 20 ans affirme ne pas lui en vouloir"Mon père ne me manque pas", souffle-t-il avec fermeté. 

Vous pouvez être fiers de la solidarité de la fratrie face à ces épreuves.

La présidente du jury de cour d'Assises

Romain s'occupe désormais de son petit frère Raphaël. "Ça se passe super bien. C'était important pour moi qu'il ne soit pas en foyer ou en famille d'accueil". Le jeune homme de 20 ans assure que son frère cadet espère que sa mère sera libérée au terme de cette semaine de procès.

Valérie Bacot défendait ses enfants

Après Romain, c'est Vincent, le premier des enfants du couple Polette qui se présente à la cour. Les bras dans le dos, légèrement plus à l'aise que son petit-frère, le jeune homme de 22 ans raconte lui-aussi un quotidien difficile avec un père violent qu'il ne faut pas énerver. "Il pouvait nous en mettre une sans aucune raison. Au début, je croyais que dans toutes les familles c'était comme ça". Né gaucher, Vincent doit apprendre à écrire de la main droite, "car selon notre père les personnes qui écrivent avec la main gauche ne réussissent pas leur vie". 

Pendant ces années de violence, le plus grand des fils de Valérie Bacot se souvient de sa mère qui tente de prendre la défense de ses enfants. "Ma mère a toujours été là pour nous soutenir", confie-t-il de manière assurée. Pendant ce temps, la mise en cause reste immobile sur sa chaîse, presque voutée, le regard dans le vide.

Le soir de l'assassinat, Valérie Bacot prévient ses enfants après avoir appelé Lucas, son beau-fils, à l'aide. "On l'a tous prise dans nos bras car elle était en pleurs. On était un peu choqués mais on était surtout tristes car notre mère pleurait", se rappelle Vincent. Lui aussi est interrogé sur la soirée du 13 mars ou la famille a enterré le corps de Daniel Polette. "On avait une peur, c'est qu'il se relève et nous tue".

On avait comme une distance entre nous. Depuis sa mort, on s’est soudés. On se voit très souvent.

Vincent, fils aîné de Valérie Bacot

Après le meurtre, la famille ne prononce plus le nom de Daniel Polette, l'appelant "l'autre" ou "il". Père d'une fille et en couple, Vincent dit aujourd'hui vouloir "faire tout l'inverse de ce que faisait notre père".

Face à Nathalie Tomasini, l'une des avocates de Valérie Bacot, le jeune homme de 22 ans assure avec émotion et en cherchant les mots justes qu'il "espère qu'il y ait plus de reconnaissance pour les femmes battues et que les personnes qui frappent les femmes soient punis. J'espère que ma mère sorte et voit ma fille grandir". 

Suite à la demande de l'avocate, il assure que sa mère ne lui n'a jamais évoqué une intention de tuer son mari : "non jamais, elle n'en a jamais parlé". Il estime également que "sa mère serait morte de la violence que l'on subissait", si elle n'était pas passée à l'acte. La question de la préméditation est essentielle dans cette affaire.

Des enfants "terrorisés"

Des trois enfants de Valérie Bacot qui se présentent ce mardi face à la cour d'Assises, Camille, la seule fille, est la plus loquace. D'elle-même, dans un discours composé de nombreux souvenirs précis et détaillés, elle affirme : "notre ancienne vie était une vie très compliquée, remplie de cris. On était terrorisés".

La jeune femme de 19 ans raconte elle-aussi la violence subie par sa mère au quotidien "Je me souviens d'un jour où il lui a dit 'je vais prévenir tes enfants que je vais te mettre en sang, te mettre à terre et puis je vais les tuer'". Étudiante en école d'infirmière, elle décrit un épisode caractéristique du caractère de Daniel Polette. Un jour, il annonce à ses enfants qu'il veut divorcer. Quelques minutes après, il explique qu'il s'agit d'un mensonge. "Je voulais voir votre réaction. Je ne compte pas la quitter. Jamais", justifie-t-il.

Avec beaucoup de dignité, Camille raconte le soir du 12 mars où son père lui demande "comment elle est sexuellement". Elle en parle alors à sa mère. Valérie Bacot suppose que Daniel Polette veut prostituer sa fille. Par le passé, le père regardait sa fille se déshabiller. "Je ne me sentais pas à l'aise quand il me regardait, me carressait les cheveux. Le but n'était pas la tendresse". Assise quelques mètres derrière sa fille, Valérie Bacot est en pleurs.

Le discours de la fille de Valérie Bacot gagne en émotion lorsqu'elle raconte le moment où sa mère lui annonce la mort de Daniel Polette. "J'ai dit à ma mère 'maman ce n’est pas grave on va s’en sortir. Je sais que tu n’as pas fait ça par plaisir mais pour nous protéger'", se rappelle-t-elle la gorge nouée

Face au procureur, Camille se montre pour la première fois hésitante. Celui-ci lui demande de revenir sur les déclarations face aux gendarmes dans lesquelles elle affirme que sa mère lui a dit avant la passe qui précède la mort de Daniel Polette "j'en ai marre, je vais faire quelque chose, c'est le moment". La jeune fille après un silence de plusieurs secondes déclare ne jamais avoir dit ça aux forces de l'ordre. Réponse ironique de l'avocat général : "le temps a passé peut-être". 

La présidente du jury interroge Camille au sujet de la tentative d'empoisonnement de son père aux somnifères. La jeune fille explique ne pas avoir assisté à la scène, mais se rappelle des confessions de Lucas, son petit-ami à l'époque. "Il m’a dit qu’il voulait le faire dormir pour qu’il nous laisse tranquilles. Il m’a dit qu’il a géré les somnifères avec le café". 

À propos de son ex petit-ami, Camille déclare par ailleurs qu'il occupait de plus en plus de place dans la famille Polette. "Il prenait les décisions pour nous, même avant la mort de notre père"

 

Lucas, de confident à amant de Valérie Bacot

Lucas, c'est nom du petit-ami de la fille de Valérie Bacot, également ami des deux fils de Valérie Bacot. Il a témoigné ce lundi au premier jour du procès. Face au jury, le jeune homme livre de nombreux éléments sur la famille Polette. Celui-ci rencontre les deux fils aînés de la famille au lycée puis se met en couple avec Camille, la fille de Valérie Bacot. Le jeune homme âgé désormais de 21 ans passe beaucoup de temps au domicile familial.

Lucas tisse des liens particuliers avec les membres du clan, excepté Daniel Polette. Au point qu’un jour, Valérie Bacot se confie à lui. "Au début, rien ne me semblait bizarre. Jusqu’au moment des confessions de Valérie. J’ai fait plus attention et oui des choses n’étaient pas normales", explique-t-il devant madame la présidente.

Il décrit une ambiance familiale lourde, avec des personnalités oppressées par la personnalité et l’agressivité de Daniel Polette. "Quand il n’était pas là, tout le monde était bien, heureux. Quand il arrivait, personne ne parlait. Tout le monde dans son coin. Il ne fallait pas qu’il y ait de messes basses. Ce n’était plus la même famille".

Le jeune homme prend une importance significative au sein de la famille. Il est mis au courant par Camille de la question que lui pose son père le 12 mars 2016 : "Comment es-tu sexuellement ?". L’adolescent réfléchit avec Valérie Bacot à une manière d'endormir Daniel Polette. Le 13 mars 2016, c'est lui qui aurait proposé à Valérie Bacot d’endormir son conjoint avec des somnifères. La tentative échoue.

Le soir-même, Daniel Polette est tué d'une balle dans la nuque par Valérie Bacot. Cette fois, Valérie Bacot est seule. Mais Lucas l’aide à cacher le corps, avec ses deux fils aînés. Pour cela, Lucas, Romain et Vincent ont déjà été jugés. Ils ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis pour "recel de cadavre" en décembre 2019.

Lucas, de confident à amant de Valérie Bacot

L'enquête a mis en avant le rôle pris par Lucas. "Il s’est positionné en tant que leader de cette famille. Il prend symboliquement le rôle de sauveur. Il deviendra le mari de sa belle-mère et le beau-père de sa petite amie. Il s’est senti important de par l’attention que lui accordait Valérie Bacot", décrit une psychologue durant l’enquête, citée par Me. Nathalie Tomasini.

Après la mort de Daniel Polette, Lucas devient l’amant de Valérie Bacot, pendant 4 mois entre août et octobre 2017. "C’est un gros bordel. Dans cette histoire, il n’y a rien qui va du début à la fin", avoue le jeune homme âgé de 21 ans.

La relation prend fin avec les arrestations le 3 octobre 2017 de Valérie Bacot et de ses trois complices par les gendarmes.

Quel rôle le jeune homme a-t-il dans l'enchainement des faits ? Pour cerner sa personnalité, la cour fait venir son cousin par alliance. Le jeune homme de 27 ans le décrit comme quelqu'un de "pas facile à cerner. Il est dur, sec et spécial"

A-t-il pû influencer la famille et prendre des décisions pour elle ? "Il en est capable", assure-t-il avec conviction. À la barre, l'homme avoue avoir eu, comme Lucas, une relation avec Valérie Bacot. Une seule fois. "Ça s'est arrêté-là parce que je me suis rendu compte que je faisais une connerie".

 

Valérie Bacot interrogée pour clarifier ses propos

Comme ce lundi, madame la présidente souhaite faire réagir Valérie Bacot sur certains faits évoqués dans la journée, notamment par ses trois aînés. La mère de famille a tenu a souligné sa fierté de voir ce que sont devenus ses enfants. "Ça m'a fait du bien de voir qu'ils sont bien. Ils ont bien grandi seuls".

En fin de journée, Valérie Bacot est également interrogée sur le témoignage des enquêteurs. La juge la questionne tout d'abord sur les deux visites à la gendarmerie pour alerter les forces de l'ordre. Durant son audition, Valérie Bacot affirme y être allée deux fois. Or, depuis le début du procès, la mère de famille explique que ce sont deux de ses enfants et son beau-fils qui se sont rendus à la gendarmerie deux fois. Ce mardi, Valérie Bacot affirme avoir été déboussolée lors de ses interrogatoires. "Il y a tellement de questions posées que vous êtes paumée. Vous n'avez qu'une envie, c'est que ça s'arrête. Même moi, à force, je ne savais plus rien". Face à la cour, elle reconnaît alors que ce n'est pas elle qui a tenté de prévenir les gendarmes.

Les débats reviennent également sur la tentative de faire ingérer des somnifères à Daniel Polette le dimanche 13 mars 2016. Après de multiples versions présentées, Valérie Bacot se reprend à nouveau et confie cette fois-ci avoir écrasé elle-même les somnifères avant que Lucas, son beau-fils, ne les ajoute dans une tasse de café. "Je voulais juste qu'il dorme l'après-midi car les week end étaient interminables. C'était le pire", répond-elle en pleurs.

Enfin, Valérie Bacot doit clarifier ses propos au sujet de l'arme avec laquelle elle tue son mari. Devant les forces de l'ordre, elle décrit ce revolver comme un moyen de se protéger des clients violents. Au premier jour d'audience, Valérie Bacot a affirmé l'avoir prise le jour de l'assassinat par crainte à la fois des clients et de son mari. Des propos qu'elle confirme ce mardi 21 juin. "J'ai toujours eu peur des deux. Je savais qu’un jour ou l’autre ce serait ma fin", confie-t-elle bouleversée, les deux mains posées sur la barre.

Depuis le début de l'enquête, la mère de famille explique avoir tué son mari d'une balle de revolver tirée dans la nuque. Daniel Polette se trouvait au volant de son véhicule, Valérie Bacot était installée dans le siège derrière lui.

A la barre, le médecin légiste, l'expert en balistique et le technicien en identification criminelle ont jugé crédibles les descriptions de l'assassinat présentées par Valérie Bacot. Les analyses de résidus de poudre confirment notamment qu'un tir a bien eu lieu dans la voiture où l'assassinat de Daniel Polette a été commis. Le médecin légiste précise également qu'un tireur est conscient de l'impact que peut avoir son tir s'il vise la nuque et le cerveau. "Le cerveau est la partie la plus fragile du corps humain. Si on tire en sa direction, on sait que l'on va tuer quelqu'un".

La colère de Valérie Bacot face à l'avocat général

Après avoir demandé à Valérie Bacot de clarifier certains propos, la présidente du jury souhaite connaître les raisons pour lesquelles la mère de famille a caché la disparition de son époux jusqu'en octobre 2017. "Je voulais rester avec mes enfants jusqu'à ce qu'ils soient majeurs", justifie-t-elle, garantissant qu'elle se serait dénoncée le jour où ses fils aînés auraient obtenu un travail pour s'occuper de leur plus petit frère.

"Vous avez pourtant élaboré une version de la disparition très détaillée", lui rétorque la présidente. "J'étais perdue. On a suivi les instructions de Lucas", lâche Valérie Bacot. Au sujet du SMS, "Ça y est, c'est fait", qu'elle aurait envoyé à son beau-fils le soir de l'assassinat, la mise en cause garantit qu'elle ne l'a jamais écrit. "C'est impossible ! Je n'avais pas son numéro de téléphone".

Valérie Bacot revient également sur sa relation entretenue avec son beau-fils : "Lucas c’était quelques mois comme ça avant d’aller en prison. Grâce à ma thérapie avec les psychologues, j'ai compris que Daniel a eu une emprise sur moi et que Lucas a eu aussi une emprise sur moi".

Comme la veille, le procureur reproche à Valérie Bacot d'avoir tué son mari plutôt que de porter plainte et de trouver une solution avec les gendarmes. Comme la veille le ton monte entre eux. D'habitude discrète, Valérie Bacot s'emporte. "L'autre jour, vous me disiez qu’il fallait porter plainte, mais il y a beaucoup de choses qu’il faut changer", pointant du doigt les conditions d'accueil réservées aux victimes de violences lorsqu'elles se rendent chez les forces de l'ordre.

S'en suit une dernière passe d'armes entre elle et l'avocat général. Celui-ci l'interroge sur une potentielle préparation de l'assassinat de Daniel Polette. "Je n'ai plus rien à dire", s'énerve à nouveau Valérie Bacot, se tournant pour ignorer le procureur avant de se murer dans le silence pendant quelques secondes. "C'est pourtant toute la question de ce procès", lance calmement l'avocat général.

 

*les prénoms des enfants de Valérie Bacot ont été changés.

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