Au troisième jour du procès de Valérie Bacot, la cour d'Assises de Saône-et-Loire s'attarde sur la personnalité de Daniel Polette, l'homme violent tué par sa femme. Ses anciennes compagnes et des membres de sa famille sont interrogés ce mercredi 23 juin.
Le procès de Valérie Bacot est aussi le sien. Pendant 24 ans, Daniel Polette agresse sexuellement, violente physiquement et prostitue de force sa femme, qui fût dans un premier temps sa belle-fille. Assassiné le 13 mars 2016 par la mère de ses 4 derniers enfants, l’homme est au centre des débats menés à la cour d’Assises de Saône-et-Loire à Chalon-sur-Saône. Ce mercredi 23 juin, les membres de la famille et les anciennes compagnes de celui qui se faisait surnommer "Dany" étaient appelés à la barre. Plusieurs proches de Valérie Bacot sont également intervenus pour revenir sur le contexte familial dans lequel elle a grandi.
Et avec 10 témoins cités à la barre ce mercredi, la journée, particulière intense, a offert son lot de moments forts. Parmi les témoignages marquants, ceux de trois membres de la famille de Daniel Polette : son frère Alain et ses petites-sœurs Monique et Mireille.
Le "diable" dans la maison familiale des Polette
Pour cerner la personnalité de Daniel Polette, Monique, l'une de ses sœurs, est appelée à la barre. Celle-ci a la parole après sa petite soeur, Mireille. Cette dernière a impressionné l'audience par sa forte personnalité et sa gouaille. Monique constrate par sa timidité et sa fragilité. Marquée par les violences que lui a fait subir son frère, elle éprouve toujours des difficultés à parler de son enfance. Elle témoigne assise, en proie à des malaises réguliers.
"J'ai été violée à l'âge de 12 ans par mon frère. Il m'a couchée sur le lit et m'a dit 'ce qui va se passer, ça reste entre toi et moi', en me menaçant avec une arme de nous tuer ma mère et moi", confie-t-elle la gorge nouée. Monique Polette est violée par son frère toutes les semaines de 12 à 16 ans. Un jour, celle-ci refuse les violences sexuelles de Daniel Polette. Ce dernier tabasse alors sa petite sœur. Elle ne s'oppose plus jamais à son frère. "Mon plus gros regret c'est de ne pas l'avoir tué. Pour moi c'était un bourreau" fond-elle en larme.
La personne que je remercie le plus, c'est Valérie. Parce qu'elle a eu le courage de le tuer
À 16 ans, Monique Polette quitte le domicile familial pour ne plus vivre avec son frère. Elle sombre dans l'alcool et vit dans la rue. Son récit est poignant et constitue l'un des moments forts de ces trois jours de procès. La salle d'audience est silencieuse. Quant à Valérie Bacot, elle observe son ancienne belle-sœur, semblant compatir à sa douleur. Depuis le début des débats, la mise en cause a plutôt tendance à regarder dans le vide pendant que les témoins s'expriment.
"On avait tous peur de Daniel Polette"
Quelques minutes plus tôt, Mireille, une autre soeur de Daniel Polette est intervenue. "J'avais 24 ans lorsque j'ai appris de la bouche de ma sœur Monique ce qu'il lui avait fait subir. Il la violait, la tabassait", confie la femme de 56 ans qui dégage une personnalité très forte et affirmée face à la cour d'Assises.
Mireille Polette n'entretient aucune relation avec son frère. Mais un jour, elle le croise chez sa mère. Valérie Bacot est présente avec son beau-père Daniel Polette. La jeune adolescente est sur les genoux de l'homme âgé de plus de 25 ans qu'elle. En sortant, Mireille et Monique Polette se disent que la relation entre leur frère et sa belle-fille est ambigüe. Elles alertent alors les gendarmes. "J'ai toujours pensé que mon frère était un pervers", glisse-t-elle, acerbe.
D'un ton vindicatif et énervé, elle regrette que Daniel Polette ait été libéré deux ans et demi après son incarcération. "On ne punit pas assez ces gens-là en France". Ce qu'elle présente comme des disfonctionnements l'ont poussée elle et sa sœur à ne pas intervenir une fois que Valérie Bacot s'est installée avec Daniel Polette. "Quand on voit qu'on a dénoncé notre frère, qu'il a été libéré comme ça, qu'il a pu revenir habiter avec elle, ça ne donne pas envie de retourner faire tout ça !", lance-t-elle.
Suite aux questions de la Présidente, Mireille Polette affirme : "on avait tous très peur de lui. Moi il ne me manque pas. Il ne m'a jamais manqué et il ne me manquera pas".
Le frère de Daniel Polette soutient Valérie Bacot
Aux alentours de 13 heures, Alain Polette, frère de Daniel a aussi raconté la violence de son frère. Face à la cour, l'homme de 56 ans affirme ne pas pouvoir "dire quelque chose de positif sur lui". Ému aux larmes, Alain Polette décrit son frère comme un "être ignoble" qui frappait son père et faisait régner la terreur étant enfant. "Notre maison, c'était la maison du diable, car le diable habitait dedans". Adolescent, Daniel Polette forcé ses frères et sœurs a nettoyé le sang de leur père qui éclaboussait le sol et les murs après les coups qu'il lui donnait.
Il frappait mon père qui marchait avec des béquilles. Il a toujours battu les faibles
"Le coupable c'est lui. Valérie ne mérite que la liberté. Enfin !", souffle Alain Polette sans concession. L'homme affirme alors ne pas considérer Daniel comme son frère, qu'il nomme "l'autre".
Interrogé sur une aide qu'il aurait pu apporter à Valérie Bacot, Alain Polette explique qu'il ne voyait jamais la mère de famille sans son mari. "Mais si Valérie m’avait fait un signe, c’est sûr et certain que je l’aurais prise elle et ses enfants. Je les aurais cachés", garantit-il, tout en comprenant qu'elle n'ait pas trouvé la force de se confier. "Elle n'a jamais su ce qu'il nous avait fait. Peut-être qu'elle avait tellement peur... Il faut avoir vécu ce qu'elle a vécu pour comprendre et savoir".
Face à Janine Bonaggiunta, l'une des avocates de Valérie Bacot, Alain Polette réaffirme que son frère est un "être ignoble". "Même mort, il nous hante encore. Je regrette qu’il ne soit pas mort avant tout ce qu’il a fait à Valérie et ma sœur", lance-t-il.
Daniel Polette, un homme qui isole ses compagnes
Lors de cette troisième journée de procès, les trois premières compagnes de Daniel Polette sont également entendues. Chacune estime que l'homme aurait pu assassiner Valérie Bacot s'il n'était pas mort avant.
Michèle Narboux a été l'épouse de la victime de 1981 à 1987. La femme de 59 ans raconte un quotidien difficile, marqué par la brutalité et la violence. "Il nous isolait de tout le monde pour avoir plus d'emprise sur nous. Il a gâché ma vie", raconte-t-elle les bras en croix. Un jour, Daniel Polette défigure Michèle en la frappant. Sa plainte ne sera pas suivie d'une condamnation. "J'ai eu la sensation de ne pas être entendue", se remérore-t-elle
"Je me suis rendu compte que la vie avec lui était impossible. J'ai fait une demande de divorce en cachette car sinon je n'aurais jamais pu partir. Je n'avais plus rien à perdre. J'avais le soutien de certaines personnes, ce qui est important", confesse la femme de 59 ans qui a pu compter sur sa famille et Mireille Polette, la propre sœur de Daniel Polette.
Michèle Narboux confie n'avoir jamais pu se reconstruire après ce qu'elle a vécu. Elle n'a jamais partagé sa vie avec un autre homme.
Sa première compagne estime avoir été sous son emprise
La première compagne de Daniel Polette, Régine Jolivet, a été intérrogée entre 15h00 et 15h45. La mère de famille se souvient avec précision de l'homme qu'elle a rencontré 45 ans plus tôt, à l'âge de 12 ans. Tombée enceinte de lui trois années plus tard, elle raconte avec beaucoup de dignité et d'émotions sa relation avec lui. "La violence est entrée crescendo dans notre vie. C'est un homme qui buvait, qui était violent".
Le jeune homme déjà majeur à l'époque est jaloux, la frappe, lui arrache les cheveux, lui donne des coups de poing. "Une fois, il m'a montré une carabine et les balles qu'il avait en me disant 'il y en a une pour toi, une pour ton fils, une pour moi", se rappelle-t-elle encore touchée.
Quand on est sous l'emprise c'est très bizarre, on se dit qu'on a peur mais on ne part pas. Ça nous bloque tellement...
La femme estime alors avoir été sous l'emprise de Daniel Polette comme Valérie Bacot. "Je disais 'amen' à tout ce qu'il demandait". Régine Jolivet explique avoir été marquée à vie par cette période de son existence. "Ce sont des choses que l'on n'oublie pas. C'est un homme qui n'aime pas. Il faisait de nous sa chose", affirme celle pour qui l'accusée a été "formatée" dès ses 12 ans par Daniel Polette pour répondre à son besoin de domination.
Josiane Lesoudard, la deuxième femme de Daniel Polette a également livré son récit à la cour d'Assises. En 1977, elle tombe enceinte de la victime mais refuse de l'épouser. "J'avais peur de lui car il avait des accès de colère". Accablée par l'émotion, la femme de 61 ans raconte qu'elle a failli perdre son enfant à un mois de son terme. "Quand il est venu me voir à l'hôpital il était plutôt indifférent". Daniel Polette ne reconnaît pas l'enfant et laisse sa mère s'en occuper seule, disparaissant progressivement de leur vie.
"Mon père ne me manque pas"
Les trois enfants du couple Polette ont également évoqué leur père mardi. Ils affirment soutenir leur mère et comprendre son geste. "Mon père ne me manque pas", glisse notamment Romain*, le deuxième fils de Valérie Bacot. Le jeune homme de 20 ans ainsi que son grand frère et sa petite sœur décrivent un homme violent physiquement et verbalement qui n’a jamais aimé ses enfants et ne leur a jamais offert de moments de bonheur.
"On ne pouvait pas sortir. On n’avait même pas le droit d’aller jouer au foot dehors", se souvient Vincent, l’aîné de la fratrie. "Notre ancienne vie était une vie très compliquée, remplie de cris. On était terrorisés", ajoute Camille, la fille de Valérie Bacot.
La mère de famille a aussi eu l’occasion d’évoquer son ancien conjoint le premier jour du procès. "Il me disait que j'étais une merde, que j'empoisonnais les enfants avec ce que je leur faisais à manger. Je préférais subir les coups qu'entendre ses paroles".
"On ne pouvait pas sortir. On n’avait même pas le droit d’aller jouer au foot dehors", se souvient Vincent, l’aîné de la fratrie. "Notre ancienne vie était une vie très compliquée, remplie de cris. On était terrorisés", ajoute Camille, la fille de Valérie Bacot.
Sous l’emprise de Daniel Polette pendant 24 ans, Valérie Bacot se souvient des changements d’humeur de cet homme alcoolique et manipulateur. "Il vous dit 'oui' et après il se venge contre vous en disant 'non'. On ne comprend pas ce qu'il veut".
Une autre personne au centre des débats : Joëlle Aubague, la mère de Valérie Bacot
La journée de débat ce mercredi a commencé avec un autre moment fort, le récit de Joëlle Aubague, mère de l'accusée mais aussi ex-conjointe de la victime. Au sujet de Daniel Polette, la mère de trois enfants raconte la violence de son ex-conjoint qui la frappe un jour au visage. "Il m'a pour une fois autorisée à me maquiller pendant deux, trois jours pour cacher les marques".
Quant à l'attitude de l'homme vis-à-vis de sa fille, Joëlle Aubague se souvient de l'attention particulière de Daniel Polette. "Il la prenait sur ses genoux. On se disait ’ils s'entendent bien'. Avec du recul on se dit que ce n’était pas ce qui se passait".
Dans ses réponses, Joëlle Aubague apparaît comme une femme sèche et autoritaire, qui se montre parfois agacée lorsque la présidente du jury lui signifie une erreur sur un fait ou une date de son récit. La femme de 65 ans, se tient avec fermeté à la barre, revenant sans émotion sur son parcours et le contexte dans lequel a grandi sa fille.
En 1995, Daniel Polette est arrêté par les forces de l'ordre pour des faits de viol sur Valérie Bacot. "À la base, je n'ai soutenu personne parce que j'étais atterrée. Après j'ai soutenu Valérie. Ça m'a dépassé un peu. Je ne pensais pas que ça puisse arriver", raconte à la barre la mère de l'accusée.
À l'époque, les rapports des services sociaux décrivent l'attitude "ambivalente" de Joëlle Aubague au sujet de cette affaire. La mère de famille porte plainte mais ne représente pas sa fille lors du procès de Daniel Polette. "Je reconnais que je n'ai pas assumé ce que j'aurais dû. J'ai voulu excuser quelque chose qui n'était pas possible".
Valérie Bacot réagit aux propos de sa mère
En 1996, Daniel Polette est condamné pour agressions sexuelles. Face à l'avocate de sa fille est mise en difficulté. Selon Valérie Bacot, elle obligeait sa fille à rendre visite à son beau-père, condamné pour les viols qu'il lui a fait subir. "Qu'est-ce qui vous est passé par la tête ? Vous étiez plus femme que mère à ce moment-là ?", interroge Nathalie Tomasini. Réponse négative de la mère de Valérie Bacot qui avoue être "fautive".
Pourtant, interrogée plus tôt par la présidente, Joëlle Aubague assure qu'elle n'a jamais forcée sa fille. "Elle faisait comme elle voulait. Je n'ai jamais imposé quoique ce soit", présente-t-elle de manière ferme. Pour la première fois du procès, Valérie Bacot réagit aux propos d'un des témoins cités à la barre. Quelques mètres derrière, la mise en cause se prend la tête dans les mains quelques secondes, ne partageant visiblement pas la version de sa mère.
Il y a chez vous une réflexion sur ce que vous n'avez pas fait, et ce que vous avez fait. C'est un début.
Interloquée, madame la présidente avait expliqué à Joëlle Aubague que cette situation n'est pas acceptable pour une mère de famille. "Il y a des choses que j'ai faites que je ne referais pas, c'est sûr", acquiesce la mère de l'accusée. "Il y a peut-être des excuses à faire. Votre fille a peut-être besoin d'entendre certaines choses de votre part", répond la présidente de le cour d'Assises. Depuis trois jours, elle s'applique à conduire les débats avec humanité et empathie, n'hésitant pas à l'occasion, à reprendre l'avocat général pour des propos véhéments.
La "deuxième chance" de Daniel Polette après sa condamnation
Dès sa sortie de prison en 1997, Daniel Polette réintègre le domicile de Joëlle Aubague. "Je lui donne une deuxième chance. Ce n’était pas normal", concède la femme de 65 ans
Après le retour de son conjoint, Joëlle Aubague constate que les relations reprennent entre lui et sa fille. Alertée par l'absence de règles de Valérie Bacot en 1998, la mère de famille s'aperçoit qu'elle attend un enfant de Daniel Polette. La présidente du jury lui demande son opinion sur la nature de la relation entre la mise en cause et son beau-père à l'époque. "Je suis tentée de dire 'relation amoureuse'", lâche-t-elle après un court silence.
Selon Valérie Bacot, sa mère l'expulse alors du domicile familial et part vivre avec Daniel Polette. Une version à laquelle s'oppose Joëlle Aubague. "Je n'ai jamais été d'accord pour qu'elle parte !", assure-t-elle. À partir du mois de septembre 1998, mère et fille coupent les ponts. Dernier lien, une lettre envoyée par Valérie Bacot en octobre 1998 dans laquelle elle demande à Joëlle Aubague de ne plus intervenir dans sa vie.
Un courrier lu à l'assemblée par la présidente du jury. Pour la première fois depuis le début de son témoignage, la femme de 65 ans se laisse aller à ses émotions et pleure. Interrogée ensuite au sujet de l'assassinat de Daniel Polette, Joëlle Aubague estime "qu'il y avait d'autres solution, mais elle a eu du courage. C'est toujours facile de dire quand on n'est pas en face des choses".
En fin d'interrogatoire, Nathalie Tomasini apprend à Joëlle Aubague que sa fille a déposé plainte pour "complicité de viol par omission", il y a quelques semaines. La tête baissée, la femme de 65 ans répond par un long silence.
La mère de famille doit aussi répondre sur les agressions qu'aurait commises son fils. Valérie Bacot accuse son grand frère de l'avoir agressée sexuellement à l'âge de 5 ans. La mise en cause avance avoir mis au courant sa mère qui lui aurait répondu "ce n'est pas grave, ça reste dans la famille". Opposition catégorique de Joëlle Aubague, interrogée par Nathalie Tomasini, l'une des avocates de Valérie Bacot. "C'est monsieur Polette qui m'a raconté cette anecdote... enfin ces faits en juillet 1998 !". Face à l'avocate, elle affirme alors que selon elle, Christophe Bacot n'a jamais violé sa petite sœur.
"J'ai préféré arrêter d'aller la voir"
C'est ensuite Jérôme Bacot, le frère cadet de l'accusée qui témoigne. Jérome Bacot paraît très mal à l'aise face à la cour d'Assises. "Je suis plutôt à regarder le lendemain plutôt qu'à me rappeler les mauvaises choses de la veille", glisse-t-il. Au début de son témoignage spontané, l'homme de 34 ans n'a pas été capable de s'exprimer. "Je ne vois pas quoi dire".
Le petit frère de Valérie Bacot se souvient tout de même d'une jeunesse désagréable avec une mère absente et un beau-père rigide. "C'était plutôt strict. Avant son arrivée, on était plutôt libres. Après, il ne fallait pas sortir, c'était très cadré".
Valérie ? C'était une bonne grand sœur qui jouait avec moi
La présidente du jury de cour d'Assises le relance ensuite sur l'année 1995, celle où Daniel Polette est incarcéré pour les violences sexuelles qu'il impose à Valérie Bacot. "Je n'en ai pas le moindre souvenir", explique-t-il. À la barre, le jeune homme apparaît en décalage avec le ton du procès, comme inconscient de l'enjeu que peut revêtir son témoignage.
Sur la question de l'ambiance familiale, Jérôme Bacot décrit une vie normale pendant le séjour en prison de son ex beau-père jusqu'en 1997. "Ça allait bien, je mangeais des gâteaux. Ma sœur allait voir des concerts, avait des copines. Puis c'est redevenu comme avant, fermé et de nouveau oppressant quand il est revenu".
Depuis le début du procès, le procureur de la République estime que Valérie Bacot avait d'autres moyens pour sortir de l'emprise de Daniel Polette que de le tuer. Ce mercredi, il demande à Jérôme, son petit-frère, s'il aurait accepté de l'héberger en cas de départ de chez elle. "Quand il y a un problème, il n'y a pas de soucis, je suis là. Je fais ce qu'il faut", assure-t-il.
Pourtant, après le départ de Valérie Bacot du domicile familial en 1998, Jérôme ne prend pas de nouvelles, n'ayant pas envie de voir son ancien beau-père. Il reprend contact avec elle à sa majorité en 2004. "J'étais heureux de retrouver ma sœur. Ça avait l'air d'une petite famille simple qui allait bien".
On se doutait que sa vie n'était pas rose. Mais on ne pensait pas à ce point-là.
L'homme de 34 ans se rend chez Valérie Bacot tous les mois, puis deux à trois fois par an. Lorsqu'elle se marie avec Daniel Polette, Jérôme Bacot est choisi comme témoin de sa sœur. Jamais l'accusée ne s'est confiée à son petit-frère sur les violences conjugales dont elle était victime. Elle ne lui explique pas non-plus la vérité sur la disparition de Daniel Polette.
Jérôme Bacot aide sa sœur à déménager après l'assassinat de son mari et s'occupe de ses enfants. Il coupe finalement les ponts après son arrestation. "Ma sœur a ses préoccupations mais pas la même vision des choses que moi. J'ai préféré arrêter d'aller la voir", confie-t-il sans donner plus de détails sur la nature de leurs désaccords.
Quelques proches de Valérie Bacot ont également témoigné
Plusieurs proches de Valérie Bacot ont pu s'exprimer ce mercredi. "Je fais partie de cette société qui ne lui a pas tendu la main. Il y avait quelque chose de différent en elle et ses enfants", culpabilise Sandrine Dubuis, voisine de la famille Polette à Baudemont, qui a créé le comité de soutien à la mise en cause. Le patron actuel de Valérie Bacot et l'un de ses collègues de travail ont également parlé à la barre, évoquant une feme "douce" et "travailleuse".
À la fin de cette journée de débats particulièrement intense, la présidente du jury de cour d'Assises invite Valérie Bacot à réagir à certains propos tenus. "Aujourd'hui, j'ai appris beaucoup de choses. Je n'attendais rien du tout de ma mère. Pour moi, elle n'existe pas", commence-t-elle. La mise en cause tient à avoir un mot pour le frère et les deux sœurs de Daniel Polette. "Je sais ce qu'ils ont ressenti. Et je ne souhaite à personne de vivre ça. C'est encore tous notre combat. On ne vit pas dans le même univers que vous tous. Et je suis désolée car à cause de moi ils sont obligés de revivre tout ça", conclut-elle.
*les prénoms des enfants de Valérie Bacot ont été changés