À l'approche des élections législatives, France 3 sollicite les députés sortants du Centre-Val de Loire pour faire le bilan des cinq années écoulées. En Loir-et-Cher, Guillaume Peltier fut hyperactif sur le papier mais absent dans la fabrique de la loi, avant de changer de camp en cours de mandat.
Certains parcours politiques peuvent être difficiles à suivre. Celui de Guillaume Peltier est de ceux-là. Député de la 2e circonscription de Loir-et-Cher depuis 2017, l'ancien maire de Neung-sur-Beuvron a exploré de fond en comble presque tous les mouvements de la droite (et de l'extrême-droite) française.
Retour aux sources
Il commence son militantisme au Front national de la jeunesse dans les années 90, avant de suivre Bruno Mégret lors du schisme du FN en 1998. Une expérience de courte durée, puisque Guillaume Peltier change une nouvelle fois de camp, rejoignant le très souverainiste Philippe de Villiers. Il devient même secrétaire général de son mouvement, le MPF.
Puis vient le temps de la scène nationale. Il adhère à l'UMP, renommée Les Républicains (LR) en 2015, dont il incarne l'aile droite, et qui lui permet d'obtenir des mandats : celui de maire, de conseiller régional, de député et de conseiller départemental. Devenu vice-président du parti, Guillaume Peltier enchaîne les positions radicales, mêmes pour ses camarades LR, et s'attire les foudres du bureau national. Démis de ses fonctions en décembre 2021, il en profite pour rallier le nouveau mouvement d'Éric Zemmour, Reconquête, dont il devient porte-parole. Comme un parfum de retour aux sources.
Parmi les députés les moins présents et les moins actifs
Autant dire que Guillaume Peltier manie le slalom politique mais garde bien sa droite. Depuis son élection en 2017, il a très peu voté les mêmes textes que La République en Marche, mais a approuvé les lois de la majorité ancrées à droite. Et notamment les lois sécuritaires portées par le ministre de l'Intérieur et ex-LR Gérald Darmanin, à savoir la loi dite "anti-casseurs", et la loi Sécurité globale. Et encore, il regrettait que cette dernière n'aille pas assez loi, estimant que le gouvernement avait eu "la main qui tremble". Il s'est en revanche opposé à la loi Bioéthique et au pass vaccinal.
À l'Assemblée justement, Guillaume Peltier a participé à une très grande majorité des votes solennels, mais fait partie des députés les moins présents sur place, selon le site "Nos députés". Il se classe également dans les élus les moins actifs en commission, les moins actifs dans l'hémicycle, et les moins participatifs à la fabrique de la loi via l'écriture d'amendements (mais en a signé plus de 2 700). A contrario, il a déposé pas moins de 98 propositions de loi depuis le début de son mandat. Soit quasiment deux par mois, ce qui en fait le plus actif de toute l'Assemblée dans ce domaine.
Son mandat n'a pas été un long fleuve tranquille. Selon un article du Monde en 2021, Guillaume Peltier ferait peser une ambiance productiviste sur ses assistants parlementaires. Certains ont témoigné au quotidien national d'un "rythme de travail effréné, [de] demandes de tâches sans cesse urgentes, [de] nombreux messages nocturnes". À l'instar du Monde, les médias n'ont pas toujours été tendres avec les habitudes du député. Une enquête de Mediapart en novembre 2021 l'accuse ainsi de mettre des moyens publics (de la Région en particulier) au service de sa cause personnelle, et notamment de ses micro-partis. Des révélations qui ont abouti, en janvier, à l'ouverture d'une enquête par le parquet de Blois. "Aucun procès politique ne nous fera taire", avait réagi l'intéressé sur Twitter. France 3 a, de son côté, interrogé ses liens avec l'un des référents Anticor de Loir-et-Cher.
Pouvoir d'achat et ruralité
Approché par France 3, Guillaume Peltier avait au départ donné son accord pour une interview. Informée des délais de publication de cet article, son équipe n'a finalement pas donné suite à nos sollicitations. Il n'a donc pas pu nous dire quels sujets l'avaient particulièrement mobilisé sur ses cinq années à l'Assemblée.
Rapporteur pour la commission des affaires sociales, il s'est notamment investi en 2018 pour la création d'un "ticket-carburant", permettant un remboursement forfaitaire des déplacements domicile-travail. Une proposition rejetée par la majorité à l'Assemblée. Depuis son passage chez Reconquête, il s'évertue également à proposer au Parlement des morceaux du programme d'Éric Zemmour, comme la lutte contre l'immigration, ou le versement d'une prime de 10 000 euros par naissance en ruralité.
Entre temps, Éric Zemmour a déçu à la présidentielle, avec moins de 8% des voix au premier tour. Sur sa récente propagande officielle, Guillaume Peltier semble en avoir tenu compte : il apparaît en photo avec son ancien mentor Philippe de Villiers, la figure montante Marion Maréchal, et le président déchu du conseil régional du 41 Nicolas Perruchot. En revanche, pas de trace du chef de file de Reconquête, le nom du parti n'apparaissant d'ailleurs qu'en petit, en bas de page, à égalité avec d'autres mouvements politiques.
Dans sa circonscription, Guillaume Peltier se représente, mais cette fois sans l'investiture LR. Celle-ci revient à son adversaire du conseil départemental et maire de Lamotte-Beuvron Pascal Bioulac. Lui-aussi ancien LR passé chez la concurrence, Roger Chudeau sera le candidat du Rassemblement national. La majorité présidentielle sera représentée par Emmanuelle Chaplault, et l'union de la gauche (Nupes) par le communiste Jérémie Demaline. Seront également sur la ligne de départ le Mouvement pour la ruralité, Lutte ouvrière, La France autrement, le Parti animaliste et François Chéreau, un soutien quelque peu dissident de la majorité présidentielle.