Après la débâcle aux législatives de 2017, l'union de la gauche parvient à présenter 13 candidats au second tour en Centre-Val de Loire cette année. Mais avec des réserves de voix potentiellement limitées, la partie est loin d'être gagnée pour la Nupes.
On ne peut pas vraiment dire que la région Centre-Val de Loire soit particulièrement ancrée à gauche. Ironiquement, le conseil régional est bien l'une des rares collectivités dont la gauche est parvenue à garder le contrôle ces quelques dernières année. Ainsi, chaque conseil départemental est dominé par Les Républicains ou par la droite de manière générale, tout comme de grandes villes comme Orléans et Chartres.
Pour la gauche de la région, 2017 représente la Défaite avec un grand D. En l'espace d'une seule élection, elle perd les neuf circonscriptions (sur 23) qu'elle contrôlait dans la région, perdant tout sous les assauts de la vague LREM-MoDem.
Les leçons de la défaite
Cinq ans plus tard, la gauche a compris la leçon, et les principaux partis se sont alliés sous la bannière de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (Nupes), placée sous l'hégémonie de Jean-Luc Mélenchon. Objectif revendiqué : obtenir une majorité à l'Assemblée, et imposer une cohabitation à Emmanuel Macron.
Alors, dans une région pas vraiment de gauche comme le Centre-Val de Loire, l'objectif était avant tout de sauver les meubles, et de faire mieux qu'en 2017. À l'époque, seuls quatre candidats de gauche parviennent à se qualifier pour le second tour, les voies s'éparpillant entre PS, France insoumise et Parti communiste. Cette année, le constat est déjà bien meilleur : la Nupes place13 candidats dans les starting blocks pour le deuxième tour de dimanche 19 juin. Avec l'espoir d'en emporter le plus possible.
Dans la première circonscription d'Indre-et-Loire, Charles Fournier a réalisé le deuxième meilleur score pour un candidat aux législatives dans la région cette année, avec 39,6%. Vice-président écologiste du conseil régional aux côté du socialiste François Bonneau, le candidat se présentait sur une circo très urbaine, correspondant peu ou prou à la ville de Tours, qui a élu il y a deux ans un maire... Europe-Écologie Les Verts. Un boulevard. "Dans une région qui n'est pas naturellement de gauche, nous avons réussi une percée remarquable", affirme Charles Fournier, qui y voit là "un signe que l'union fonctionne".
Complexe report de voix
Mais sur ces circonscriptions, la gauche peut-elle l'emporter au second tour ? Sur les 13 candidats Nupes encore en lice, 11 feront face à un candidat de la majorité présidentielle, a priori plus encline à bénéficier de reports de voix des électeurs de droite. "Le score de la Nupes est le fruit d'une alliance dès le premier tour, qui a sans doute peu de réserve de voix", réagissait ainsi hier soir Philippe Chalumeau, député sortant LREM arrivé deuxième à Tours derrière Charles Fournier.
Pourtant, Nicolas Sansu voit dans ces calculs "une très grave erreur d'analyse". Maire PCF de Vierzon, il est arrivé en tête dans la 2e circonscription du Cher, dont il avait été député entre 2012 et 2017. Et ce avant d'être battu par Nadia Essayan, députée sortante MoDem, éliminée dès le premier tour ce dimanche. Comme son camarade Bruno Nottin du côté de Montargis, Nicolas Sansu affrontera le Rassemblement national au second tour, et pourrait de ce fait bénéficier de voix de barrage républicain.
"L'opposition à Macron est transpartisane"
Et malgré les duels (probablement compliqués pour la Nupes) face à la majorité présidentielle Ensemble, le maire de Vierzon est optimiste :
Je pense qu'on va avoir 6 ou 7 députés, voire même 8.
Nicolas Sansu, candidat PCF-Nupes dans la 2e circo du Cher
Pour lui, "aujourd'hui, un certain nombre de gens ne veulent pas forcément d'Emmanuel Maron et iront vers celles et ceux qui représenteront cette opposition", argue-t-il. Il estime aussi que la gauche pourra trouver "beaucoup de réserve chez les abstentionnistes". À six jours du deuxième tour, Charles Fournier considère comme Nicolas Sansu que "rien n'est écrit" :
L'opposition à Emmanuel Macron est transpartisane, et certains électorats ne se sont pas mobilisés du tout. Tout est encore en jeu.
Charles Fournier, candidat EELV-Nupes dans la 1ère circo d'Indre-et-Loire
Désormais, il souhaite continuer à faire campagne pour "aller chercher celles et ceux qui n'étaient pas informé·e·s, ou qui vivaient ces élections comme une simple formalité après la présidentielle".
En attendant, les bons résultats de la Nupes ont comme un parfum de revanche dans la région, après la débâcle de 2017. Nicolas Sansu, lui, préfère éviter tout vocabulaire guerrier, et parle d'un "espoir qui se lève". L'espoir que l'accord électoral "soit une vraie refondation et aboutisse à un projet concret pour les Français". Rendez-vous le 19 juin.