Ce dimanche 7 juillet, aucun des candidats du Rassemblement national n’a été élu député en Corse. Ils étaient pourtant parvenus au second tour dans les quatre circonscriptions. Néanmoins, le parti de Jordan Bardella atteint des scores inédits dans l'île.
Quatre candidats au second tour, mais finalement aucun député : à première vue, le Rassemblement national semble avoir perdu son pari en Corse.
Certes Ariane Quarena, Jean-Michel Marchal et François Filoni ont été battus. Mais ils l'ont été par les députés sortants Laurent Marcangeli, Michel Castellani et Paul-André Colombani, tous trois portés par un appel à "faire barrage" au parti d'extrême droite.
Quant à la dernière circonscription, le désistement de Sylvie Jouart aura finalement profité au candidat de droite François-Xavier Ceccoli.
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Pour Jean-Baptiste Luccioni du Nouveau Front Populaire, battu au premier tour dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, ce résultat prouve que le barrage au parti d’extrême droite trouve toujours un écho, en Corse comme sur le continent : "On peut noter qu'il y a une volonté nationale mais aussi locale de montrer que notre choix de société n'est pas dans l'exclusion, le rejet de l'autre, le déni et c'est aussi cela qui est important. Je pense que nous nous sommes toutes et tous engagés pour montrer qu'il y avait une vraie voie, une autre voie que celle de l'exclusion."
Le reportage de Pierrick Nannini :
Pour François Filoni, l'analyse est tout autre. Pas question pour lui de parler de défaite. "J’accueille [ce résultat] comme une avancée. On a longtemps reproché au RN de ne pas être enraciné en Corse. Aujourd’hui, pratiquement 4 Corses sur 10 ont voté Rassemblement national", analyse le délégué territorial du parti de Jordan Bardella en Corse.
Et d’ajouter : "C'est un chemin que l'on ouvre aujourd'hui et je pense que c’est quand même important. Même si on n'a pas de député, on est dans un message de construction. Il y a encore 8 ans, le RN faisait 2 ou 3% aux législatives. J'en fais pratiquement 41%. Je peux dire que le chemin parcouru est long. Mais nous allons vers l'avenir et davantage de Corses qui vont nous connaître de plus en plus, vont venir vers nous."
Plafond de verre ?
Loin d’avoir atteint un plafond de verre sur l’île, le parti d’extrême droite serait donc, au contraire, en position de renforcer son assise en Corse, selon François Filoni : "C'est encore une formation jeune. Dire que j'aurais fait 16 500 voix au second tour d'une élection législative, c'était impensable il y a encore quelques mois", souligne-t-il.
Une analyse que partage en partie André Fazi, maître de conférences en science politique à l'Université de Corse. "Il n’y a pas de députés du RN en Corse, c'est vrai, mais ce sont des scores absolument remarquables, pour ne pas dire énormes. Nous sommes habitués à voir ce parti à 10%, à 15%, on le voit entre 25 et 35% au premier tour, puis à 35 ou 40% ce dimanche soir. Pour eux, c'est un résultat exceptionnel."
Si ce dimanche soir la Corse ne compte aucun député RN, les scores de ses représentants semblent cependant inaugurer une nouvelle ère dans l'île pour le parti d'extrême droite, désormais ancré dans le paysage politique insulaire.
