Arrêté en 2005 en Indonésie pour un trafic de drogue qu'il nie, cet ouvrier-soudeur messin, est condamné à la peine de mort par la Cour Indonésienne de Cassation en 2007. Depuis, Serge Atlaoui, père de quatre enfants, attend dans le couloir de la mort.

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11 novembre 2005 : la matinée de trop

Ouvrier-soudeur, le messin Serge Areski Atlaoui, marié et père de trois enfants, a l'habitude de s'expatrier pour gagner sa vie et faire vivre sa famille restée en Lorraine. Il sort tout juste d'une mission aux Pays-Bas lorsqu'il accepte de se rendre en Indonésie pour faire un travail non déclaré, mais payé 2000 € la semaine, à Tangerang, dans la banlieue de Jakarta.

Sur place, il est chargé de l'installation et de l'entretien de machines industrielles qui serviraient à la fabrication d'acrylique dans une usine.

Il y travaille une première fois, six semaines, payé au noir, puis une seconde fois, deux matinées. Le 11 novembre 2005, quelques minutes avant une descente de police, il découvre que l'entreprise est en réalité une fabrique d’ecstasy. Jusqu'alors, il est persuadé que l'usine sert à effectuer des «tests» de fabrication du MDMA, le principal composant de l'ecstasy, sans produire de cachets.

Il est arrêté avec seize autres personnes, dont dix indonésiens. Quatre d'entre-eux sont relâchés.

29 mai 2007 : la peine de mort

Serge Atlaoui et un hollandais, six Indonésiens et cinq Chinois sont jugés séparément, par groupe de nationalités.

Le messin est accusé d'avoir été arrêté en possession de 138 kg de méthamphétamine, 290 kg de kétamine et 316 cylindres de substances précurseurs de drogues.

Les deux européens sont condamnés pour trafic de drogue, à la prison à perpétuité en première instance. Selon le Quai d'Orsay, lors de ce premier procès, Serge Atlaoui ne disposait pas d'interprète...

La peine est confirmée en appel.


Serge Atlaoui, comme son collègue hollandais, a introduit un recours en Cassation mais le 29 mai 2007, la sentence y est alourdie : ils sont condamnés à mort et incarcérés sur l'île de Nusakamba-ngan, au sud de Java. Le ressortissant hollandais meurt en prison.

28 avril 2015 : A quelques heures de l'exécution

Élu en 2014, le président Indonésien Joko Widodo lève le moratoire sur les exécutions capitales qui avait été instauré depuis 2008. Les exécutions peuvent reprendre.

Le 18 janvier 2015, cinq étrangers sont fusillés. L'inquiétude grandit pour Serge Atlaoui.
Le 29 janvier, Joko Widodo rejette la grâce présidentielle demandée par le messin.

Du 11 mars au 21 avril, aidé de ses trois avocats, Serge Atlaoui tente d'obtenir le recours en révision de son procès. En vain. L'exécution de Serge Atlaoui semble inéluctable.

Le 22 avril, Sabine, la femme de Serge Atlaoui et André son frère, en appellent au Président de la République et mobilisent l'opinion publique.

L'ambassadeur d'Indonésie en France est convoqué au Quai d'Orsay.
La chanteuse franco-indonésienne Anggun, très populaire en Indonésie, écrit au président Joko Widodo.

Le Président de la République François Hollande, le Premier ministre, Manuel Valls, et le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, font pression en évoquant "de graves dysfonctionnements de la justice indonésienne" face à laquelle Serge Atlaoui n'a "pas bénéficié du plein exercice de ses droits"
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Mais le Jeudi 23 avril, "ordre est donné de préparer plusieurs exécutions dont celle de Serge Atlaoui" dans les prochaines heures.

Samedi 25 avril, alors que le messin, contrairement aux autres condamnés à mort, n'a pas été transféré dans une cellule d'isolement, des manifestations de soutien se déroulent à Paris et à Metz où son portrait orne la façade de la mairie.

Mardi 28 avril 2015, huit condamnés à mort pour trafic de drogue sont exécutés. Mais pas Serge Atlaoui.

Officiellement, c'est un recours administratif de son avocate contre le rejet de sa demande de grâce qui a repoussé son exécution.

Lundi 22 juin, la Cour administrative de Jakarta rejette le recours administratif puis le 14 juillet, la Cour suprême rejette la demande en révision.

Mercredi 16 septembre, de façon inattendue, le Parquet général d'Indonésie annonce "qu'aucune autre exécution de condamnés à mort n'est prévue", la priorité étant désormais donnée à l'économie du pays par le président Indonésien. Le pays multiplie les initiatives pour attirer les investisseurs étrangers et relancer son économie, la première d'Asie du Sud-Est.

Pourtant, un sondage réalisé pendant cette terrible année 2015, montre que 85 % des Indonésiens interrogés se déclarent favorables à la peine capitale pour les condamnés à mort pour trafic de drogue.

14 juin 2016 : nouvelle crainte puis l'espoir

Aucune exécution n'a eu lieu depuis le 28 avril 2015, mais des responsables de la police indonésienne évoquent en avril et en mai "des exécutions imminentes".

Mardi 14 juin, un porte-parole du parquet général à Jakarta annonce que l'Indonésie "prévoit d'exécuter 16 condamnés à mort après la fin du mois du Ramadan", début juillet.

Mais le sursis dont bénéficie Serge Atlaoui est confirmé mercredi 13 juillet.

27 octobre 2017 : une si longue attente...

Le Président de la République, François Hollande, entreprend un voyage officiel en Indonésie le mercredi 29 mars 2017 alors que le Président Indonésien, Joko Widodo, annonce qu'il est favorable à un moratoire sur la peine de mort si sa population l'est également.

Serge Atlaoui, qui est depuis avril 2015 parent d'un quatrième enfant avec son épouse Sabine, entame sa douzième année de détention.
La dixième dans le couloir de la mort, pour un trafic de drogue qu'il a toujours nié....



Documentaire "Serge, condamné à mort"
Découvrez le combat de Sabine Atlaoui pour sauver son mari, Serge, du couloir de la mort en Indonésie. Un documentaire à ne pas manquer le jeudi 02 novembre à 23h20 sur France 3 et le lundi 06 novembre après le Soir 3 sur les antennes de France 3 Grand Est !
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