Covid-19 : pourquoi les Hauts-de-France basculent de nouveau sous le régime du confinement ?

Un nouveau confinement débute ce vendredi 19 mars, minuit, dans les cinq départements des Hauts-de-France, pour quatre semaines minimum. On vous explique les indicateurs qui ont été pris en compte pour décider de ces nouvelles restrictions.

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Jamais deux sans trois. Un an après les premières restrictions pour faire face à l’épidémie de Covid-19, les Hauts-de-France basculent de nouveau sous le régime du confinement pour la troisième fois, sept jours sur sept et pour un mois minimum. 

Contrairement au printemps et à l’automne dernier, le gouvernement a cette fois-ci décidé de territorialiser les nouvelles mesures. 16 départements sont donc concernés : les 8 d’Île-de-France, les 5 des Hauts-de-France, l’Eure, la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes.

Si depuis quelques jours la petite musique des nouvelles restrictions en Île-de-France était entrée dans tous les esprits, le basculement sous cloche des cinq départements de notre région en a surpris plus d’un. Pourquoi alors sommes nous concernés par ce nouveau confinement ? Éléments de réponse.

Le virus circule activement dans les cinq départements 

Le virus circule toujours dans notre pays, et particulièrement dans les cinq départements des Hauts-de-France. Cela se mesure grâce au taux d’incidence, c’est-à-dire au nombre de cas positifs pour 100.000 habitants. Le gouvernement a fixé le seuil d’alerte maximal à 250 cas pour 100.000 habitants. Dans notre région, il s’élève à 380. 

Un virus qui a également muté, puisque le variant anglais représente désormais plus de 75% des contaminations dans les Hauts-de-France.  "Nous constatons qu'il est plus contagieux et potentiellement plus grave", a précisé Jean Castex lors de sa conférence de presse hebdomadaire.

Lorsqu’on analyse la circulation du virus par département dans les Hauts-de-France, c’est toujours le Pas-de-Calais qui occupe la triste première marche du podium. Des mesures de confinement partiel le week-end y ont d’ailleurs été mises en place au début du mois de mars. Cependant, la dynamique dans les cinq départements est mauvaise, puisque les taux d’incidence augmentent partout depuis plusieurs jours désormais.

Si l’on zoome encore un peu plus, les taux d’incidence enregistrés à l’échelle des intercommunalités permettent de confirmer cette tendance, même si des disparités énormes existent. 

En vert sur la carte, la communauté de communes des portes de la Thiérache, située à la frontière de l’Aisne et des Ardennes. Sur la semaine du 6 au 12 mars 2021, le taux d’incidence est de 90 cas positifs pour 100.000 habitants. Soit quasiment dix fois moins que celui enregistré dans l’agglomération de Dunkerque, soumise au confinement partiel le week-end depuis fin février.

Les hôpitaux de la région sont saturés

Malgré des disparités à l’intérieur des Hauts-de-France, les hôpitaux de la région sont totalement saturés. Au printemps dernier, une fois le confinement terminé, le nombre de patients hospitalisés pour Covid-19 a totalement chuté. Mais depuis le début de la deuxième vague débutée à l'automne, les services sont sous tension et la décrue ne s’est jamais opérée. 

Comme le montre ce graphique, depuis le début du mois de novembre, le nombre de patients hospitalisés pour Covid-19 a quasiment toujours été supérieur au pic enregistré au printemps 2020. Et la tendance n’est pas bonne, puisqu’un nouveau record de patients accueillis simultanément dans les hôpitaux de la région s’apprête a être franchi dans les prochains jours.

Dans les services de réanimation, tous les lits sont occupés. Hors crise Covid, les hôpitaux des Hauts-de-France dénombrent environ 440 lits de réanimation. Mais depuis des semaines, l’Agence Régionale de Santé (ARS) demande d’armer de nouveaux lits, pour arriver à 600, puis 700, 800… et désormais 850 lits de réanimation opérationnels dans la région, "soit les capacités déployées au plus fort de la seconde vague au mois de novembre dernier"

Au 18 mars, 510 patients Covid-19 occupent un lit de réanimation dans la région, auxquels il faut ajouter les patients non-Covid. 

Mais réarmer des lits supplémentaires de réanimation n’est pas infini, puisque cela demande les équipements nécessaires certes, mais surtout des soignants au chevet des malades sans discontinuer.

Alors, depuis quelques semaines, les transferts de patients vers d’autres hôpitaux français ont repris : la Normandie, la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine… mais également la Belgique, où la situation se dégrade rapidement.

Le confinement le week-end, en place à Dunkerque et dans le Pas-de-Calais, ne produit pas les effets escomptés 

Malgré les transferts et la mise en place d’une batterie de nouvelles mesures restrictives ces dernières semaines dans certains territoires, l’épidémie progresse. À la fin du mois de février, l’agglomération de Dunkerque bascule sous le régime du couvre-feu le week-end, pour tenter de maitriser la flambée de l’épidémie liée à l’apparition du variant anglais. Même si le taux d’incidence a été divisé par deux dans le Dunkerquois en trois semaines, l’hôpital de la ville fait toujours face à une "marée" de patients Covid-19 aujourd’hui.

Même constat dans le département du Pas-de-Calais, de l’aveu même du Premier ministre. "Dans le Pas-de-Calais, le confinement le week-end a eu un effet réel mais il est insuffisant, a indiqué Jean Castex lors de la conférence de presse. La situation s'est stabilisée mais peine à s'atténuer. Face à l'accélération du virus et à la pression hospitalière, le moment est venu d'aller plus loin".

"Dans le Pas-de-Calais, le confinement le week-end a eu un effet réel mais il est insuffisant".

Jean Castex, lors de la conférence de presse jeudi 18 mars 2021

Pour l’exécutif, aller plus loin se traduit donc par l’extension du confinement partiel à un confinement sept jours sur sept. "La situation se dégrade. Notre responsabilité est maintenant qu'elle ne nous échappe pas", a indiqué le Premier ministre. Un nouveau serrage de vis jugé tardif par certains. Le conseil scientifique le recommandait déjà... le 29 janvier dernier.

En parallèle, la campagne de vaccination s'est accélérée dans notre région, après un démarrage plus que timide. L'Agence Régionale de Santé avait d'ailleurs admis un retard dans certains départements, notamment le Pas-de-Calais. Aujourd'hui, l'ARS indique que "la moyenne quotidienne des injections est passée d’environ 7 900 injections au mois de février à plus de 18 500 injections par jour depuis le 1er mars".

Depuis deux week-ends maintenant, des opérations de vaccination "coup de poing" sont menées dans les cinq départements, permettant de vacciner massivement. Au 17 mars, 661 396 injections ont été effectuées dans les Hauts-de-France. Un peu plus de 150 000 habitants de la région ont reçu leurs deux doses de vaccin, soit 2,5% de la population. Trop peu donc pour éviter un nouveau confinement.

Les nouvelles règles du confinement dans les Hauts-de-France

Le troisième confinement débute à minuit dans la nuit du vendredi 19 mars au samedi 20 mars et va durer au moins quatre semaines. Un système d’attestation est de nouveau mis en place : 

  • Les promenades autour de chez soi pour s’aérer ou faire du sport sont autorisées sans limite de temps, dans un rayon de 10 kilomètres.
  • Les écoles et collèges restent ouverts, les lycées basculent en demi-jauge.
  • Seuls les commerces vendant des biens jugés essentiels restent ouverts. Contrairement aux confinements précédents, les librairies, disquaires, fleuristes, coiffeurs ou encore magasins de bricolage font désormais partie de cette liste et peuvent maintenir leur activité.
  • Le couvre-feu, instauré depuis la mi-décembre, reste en vigueur mais est retardé de 18 à 19 heures.
  • Les déplacements interrégionaux sont interdits, sauf pour motif impérieux ou professionnel.
  • Les lieux de culte restent accessibles selon les règles actuelles.
  • Les universités continuent à fonctionner selon le rythme en vigueur.
  • Le télétravail doit être encouragé au maximum pour ceux qui le peuvent, au moins quatre jours sur cinq.
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