115 candidats briguent les suffrages des électeurs dans les 9 circonscriptions de l'Hérault. Le premier tour des Législatives, le dimanche 12 juin, s'annonce difficile pour les députés sortants. La vague macroniste de 2017 va devoir affronter l'union de la gauche avec la NUPES et cela pourrait se traduire par des duels très serrés, le 19 juin, pour le second tour.
851.698 électeurs sont inscrits aux Législatives 2022 dans les 342 communes de l'Hérault. Ils n'étaient que 800.200 en 2017.
La physionomie de l'électorat du département évolue très vite à cause du solde migratoire. Chaque année, on compte 8 à 11.000 habitants de plus, notamment en ville et sur la côte. Cela se ressent dans les urnes, notamment dans les villes et sur le littoral.
Les 943 bureaux de vote seront accessibles entre 8h00 et 18h00. Par dérogations, les bureaux de vote de la commune de Béziers fermeront à 19h00 et ceux de Montpellier à 20h00.
Moins de candidats qu'en 2017
Pour ces élections, il y a entre 10 et 16 candidats par circonscription. 10 dans la 9e et 16, le record, dans la 2e, on est toutefois loin des 24 candidats de 2017.
Ils sont 115 au total dans le département (voir notre carte des noms de tous les candidats dans chaque circonscriptions), c'est 17 de moins que pour la mandature précédente.
Au jeu des accords nationaux, des accords locaux, des dissidences, du nombre des candidats par circonscription et de l'évolution des votes, le panorama politique risque de changer. Qu'en sera-t-il de la prime au sortant et/ou de l'effet Macron post-Présidentielle ?
La NUPES va-t-elle supplanter le RN au second tour ?
En 2017, 336.600 électeurs s'étaient déplacés aux urnes, pour le second tour des Législatives, mais ils ne représentaient que 42% de participation. Les candidats "Macron" avaient alors emporté 7 des 9 sièges de l'Hérault. Seules les 2e et 6e circonscriptions n'étaient pas étiquetées LREM. La 2e était gagnée par une candidate LFI et la 6e par une RN.
A la Présidentielle 2022, 6 circonscriptions ont placé Marine Le Pen en tête, au 1er tour, mais la 1ère et la 2e ont voté Mélenchon et la 3e Macron.
Au second tour, le département était coupé en 2, Le Pen à l'Ouest (5e, 6e et 7e) et Macron à l'Est.
Avec l'union à gauche, les candidats NUPES, Nouvelle union populaire écologique et sociale, devraient se retrouver au second tour en duels, surtout si la participation est faible. Mais attention aux scores des dissidents PS et LFI dans plusieurs circonscriptions.
Le scénario de 2017 avec une majorité de duels LREM/RN se transformerait alors en duels Ensemble/Nupes. Ensemble étant la coalition présidentielle. 1 ou 2 candidats RN ou extrême droite seulement accédant au second tour, contre 7 en 2017.
Les enjeux par circonscription
1ère circonscription : 15 candidats
Patricia Mirallès LREM sortante, désormais estampillée Renaissance, doit faire face à un vote LFI très important, même si en 2017, elle a été élue avec 65,7% face à France Jamet du RN qui elle aussi repart au combat.
Patricia Mirallès a essuyé, début mai, des attaques sur sa probité et sur l'utilisation de ses frais de mandat comme députée. En sortira-t-elle indemne ?
Dans cette circonscription, Montpellier, Lattes, Villeneuve-lès-Maguelone, le jeu est très changeant. Mais l'élu est toujours depuis 1993, un candidat de la majorité de gouvernement. UDF en 1993, PS en 1997, UMP en 2002 et 2007, EELV-PS en 2012 et LREM en 2017.
Contrairement aux autres circonscriptions, avec l'alliance NUPES, il y a un candidat de plus qu'en 2017 mais avec un vote majoritaire Mélenchon en avril dernier, le candidat LFI devrait pouvoir accéder au second tour devançant le RN.
2e circonscription : 16 candidats, dont 9 femmes
Cette 2e circonscription de l'Hérault semblait promise aux troupes de Jean-Luc Mélenchon. C'était sans compter sur le goût des Montpelliérains pour les dissidences. Les près de 120.000 habitants (65.000 électeurs) de cette circonscription entièrement située sur le territoire de Montpellier, plus jeunes et moins riches que la moyenne nationale, se répartissent entre des quartiers défavorisés comme La Mosson ou le Petit Bard et des zones bourgeoises-bohèmes, étudiantes ou aisées, symbolisées par le quartier des Arceaux, proche du centre historique.
Terre d'élection du socialiste Georges Frêche, on y vote traditionnellement à gauche, sauf en 2002 pour 227 voix.
3 candidats se revendiquent de la majorité présidentielle. Annie Yague est "la seule candidate" Renaissance et "si d'autres s'en "revendiquent", "il s'agit alors d'une usurpation", explique dans un communiqué le président de l'Assemblée nationale. Pourtant, Mahfoud Benali et Flavio Dalmau, 18 ans, sont des candidats dissidents LREM.
A gauche, le bazar politique est encore plus flou. Le chef de file de La France insoumise a engrangé ici plus de 45% des voix lors de la Présidentielle, mais la députée sortante LFI, en délicatesse avec Jean-Luc Mélenchon, n'a pas été reconduite par la NUPES, Muriel Ressiguier, 44 ans, repart donc seule.
"La Nupes, ce n'est pas l'union de la gauche, c'est du populisme" tacle-t-elle.
La candidate officielle de la NUPES se nomme Nathalie Oziol (LFI), c'est une professeure d'anglais de 32 ans, jusqu'ici peu connue. "Attention aux contrefaçons!", a-t-elle insisté sur France 3.
Car une candidate dissidente du PS, soutenue par la présidente de région Carole Delga, par le maire de Montpellier, Michaël Delafosse et par le président du Conseil départemental est aussi en lice. Fatima Bellaredj se présente en binôme avec l'écologiste Jacqueline Markovic (EELV).
3e circonscription : 11 candidats
Dans cette circonscription, Montpellier, Castelnau, Lunel, Castries, qui alterne droite et gauche depuis 1993, mais largement gagnée en 2017 par LREM avec 60%, tout était simple jusqu'à fin avril. La députée sortante, co-présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée nationale, très en vue en "macronie" avait élection gagnée... Mais des révélations de Médiapart sur "les mirobolantes notes de frais" de Coralie Dubost ont fauché son avenir politique en quelques jours.
Poussée vers la sortie pour éviter le scandale, elle jette l'éponge à 39 ans, après un seul mandat et se met en retrait de la vie politique.
C'est finalement Laurence Cristol, ex-LR, qui reprend le flambeau pour la majorité présidentielle Renaissance/Ensemble face à une candidate NUPES-EELV Julia Mignacca qui devra, elle, faire face à une candidature dissidente du PS en la personne de Jean-Luc Bergeon.
Autre curiosité dans la 3e circonscription, le retour de Philippe Saurel, l'ancien maire DVG de Montpellier, battu en 2020 en triangulaire par Michaël Delafosse.
4e circonscription : 15 candidats
Dans le nord de l'Hérault, Lodève, Ganges, Aniane, Le Caylar, le RN (25.4%) et LFI (23.6%) étaient au coude à coude au premier tour de la Présidentielle devant LREM. C'est pourtant Emmanuel Macron qui est arrivé en tête au soir du 24 avril.
Le député de la majorité sortante, Jean-François Eliaou, largement vainqueur du FN avec 65% en 2017 repart au combat. Il a le soutien de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe.
Face à lui 14 candidats, dont un NUPES, un dissident PS, un candidat Territoire de Progrès proche de Jean-Yves Le Drian, ancien ministre d'Emmanuel Macron et un représentant l'Ecologie au centre.
5e circonscription : 12 candidats
Le député sortant LREM Philippe Huppé, vainqueur du FN en 2017 avec 58%, devra faire face à la montée du RN mais aussi à la progression du vote Insoumis. Respectivement, 31,7% et 21,6% le 10 avril. Le parti présidentiel n'arrivant qu'en 3e position avec 18,5% dans ce très vaste secteur Bédarieux, Clermont-l'Hérault, Lunas, Roujan, La Salvetat.
Il compte 141 communes, sur un vaste territoire qui naît aux confins du Tarn pour se terminer à quelques kilomètres du littoral, et qui relie la frontière audoise au Lodévois.
Ses enjeux économiques varient d'est en ouest et du nord au sud. La viticulture est présente sur une large partie du territoire, tout comme le tourisme autour du vin, du thermalisme ou de la moyenne montagne.
Marine Le Pen est arrivée en tête des 2 tours de la Présidentielle. Sa représentante Stéphanie Galzy espère ravir les votes, d'autant que le candidat officiel NUPES, Pierre Polard, aura la concurrence d'un dissident PS local, Aurélien Manenc et de 3 écologistes.
6e circonscription : 13 candidats
La sortante FN, Emmanuelle Ménard, désormais divers extrême droite, semble favorite dans une zone qui a placé Marine Le Pen largement en tête aux 2 tours de la Présidentielle et qui a réélu Robert Ménard, maire de Béziers au 1er tour des Municipales en 2020. Le vote RN reste au même niveau dans ce secteur depuis 2017 alors que le vote Macron recule.
Dans la circonscription de Béziers, la NUPES Magali Crozier, infirmière, part avec un dissident PRG et 3 candidats écologistes.
Florence Taillade, adjointe au maire de Valras et conseillère à l’Agglo de Béziers, où elle préside "Ensemble pour le Biterrois", le groupe d’opposition à la majorité de Robert Ménard, représente Les Républicains.
Henri Fabre-Luce, vigneron biterrois et ancien conseiller municipal et communautaire de Robert Ménard est le candidat de Reconquête !
Mathilde Tastavy, candidate de la majorité présidentielle, a été assistante parlementaire du député LREM de la 5e circonscription, Philippe Huppé.
Cette circonscription a un taux de chômage de 7,7% et un taux de pauvreté de 26% contre 14,5% en moyenne en France.
7e circonscription : 11 candidats
Quel sera le sort du député LREM sortant Christophe Euzet ? Le moins bien élu des députés macronistes en 2017 dans l'Hérault, avec 52,8%, est aujourd'hui sous la bannière Agir, la droite constructive, un parti centre-droit satellite du mouvement Ensemble.
Seules 2.200 voix séparaient LREM et RN en 2017. Mais c'est la circonscription d'Agde, Frontignan, Mèze, 3 communes qui ont majoritairement voté pour Marine Le Pen en avril. Elle concerne aussi une partie de Sète.
Et dans ce secteur, Les Républicains réalisent encore de bons scores autour de 12 à 14%.
La population y est plus âgée qu’ailleurs (la moitié a plus de 50 ans) et plus pauvre, avec un taux de chômage et de précarité supérieur à celui du département, notamment à Sète et Pézenas
La tension sur le logement est très importante avec un taux de vacance de 5,5% et une part de résidences secondaires en progression.
Le tracé de la future ligne LVG Montpellier-Béziers est aussi un thème central dans ce secteur.
8e circonscription : 12 candidats
Le député sortant LREM Nicolas Démoulin ne se représente pas. Quel sera le score du candidat Ensemble, Jean-François Audrin, qui tentera la succession ? D'autant qu'un candidat dissident LREM, Stanislas Thiry, est sur les rangs, au centre.
Seule certitude, le RN et LFI font des scores importants (25 à 26%) dans ce secteur entre Frontignan, Pignan et Montpellier. Marine Le Pen y a devancé Emmanuel Macron au 1er tour de la Présidentielle.
Il y a 93.608 inscrits sur les listes électorales pour 133.452 habitants contre 123.128 en 2013, soit +1,4%. La part de la population urbaine dans cette circonscription récente est de 98,6%. Celle des communes rurales et périurbaines est de 1,4%.
9e circonscription : 10 candidats
Patrick Vignal, député LREM sortant, ex-PS, tente un 3e mandat dans un secteur couvrant Montpellier, Mauguio, La Grande-Motte, Lunel et la Petite Camargue. Marine Le Pen est arrivée en tête au 1er tour de la Présidentielle, mais c'est Emmanuel Macron qui est devant au second tour.
Aux Législatives 2017, RN, LREM et LFI étaient dans un mouchoir de poche au 1er tour (25%, 24% et 23.7%) mais Patrick Vignal l'a emporté avec 64,5% à la faveur du bon report des voix LFI et LR face au RN.
Face à lui, en 2022, Frédéric Bort, le délégué du RN dans l'Hérault et ancien très proche de Georges Frêche. Un homme connu et influent. Seront-ils en duel ?
Mais si la candidate LFI pour la NUPES, Nadia Belaouni, se qualifie au second tour aux dépens du RN, le sortant sera en difficulté. Il faudra alors compter sur les voix de la droite et ironie du sort... du RN.
A noter, la présence de 2 candidates pour la défense des animaux, Matilda Lotta, pour le Mouvement Homme Animaux Nature et Valérie Garnier pour le Parti animaliste. Insolite sur ce territoire, terre traditionnelle de bouvine.
Le rôle de l'abstention
Dans un département où le vote extrême à droite progresse à chaque élection, où la droite classique et le PS ont quasi disparu, les 2e, 5e et 7e circonscriptions sont à suivre. Mais les projections des votes à la Présidentielle sont à prendre avec recul car l'abstention était de 26,6% pour le second tour, mais aux Législatives de 2017, elle variait de 54 à 62%, selon les circonscriptions.