"Le soleil, les conversations, l'air libre... je revis !" : premier jour de déconfinement à Montpellier

Ce mercredi 19 mai marque le début de la deuxième phase du déconfinement. Dans le centre de Montpellier (Hérault), les commerces ouvrent leurs rideaux, fermés depuis plusieurs mois. Les terrasses se remplissent déjà. Il flotte dans l'air beaucoup d'espoirs... et une légère appréhension.

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A Montpellier comme ailleurs, ce mercredi matin n'est pas comme les autres. Cette date du 19 mai a été répétée, martelée, attendue comme une libération. C'est aujourd'hui que commence la deuxième phase du déconfinement, selon le calendrier établi par le gouvernement, après une première phase entamée le 3 mai par la réouverture des collèges et lycées et la fin des restrictions de déplacement. Tous les commerces peuvent désormais accueillir leurs clients. Les bars, les cafés et les restaurants servent à nouveau, en terrasse uniquement. Cinémas, musées et théâtres ouvrent enfin leurs portes. 

8h26 - Un fourmillement

Les rideaux de la plupart des restaurants sont encore baissés. Mais une agitation inhabituelle flotte dans l'air.

Derrière le tramway, place de la Comédie, un camion de grossiste en boissons est stationné. La fermeture prolongée des établissements de restauration et l'annulation des festivals a durement touché cette filière. Les deux livreurs prennent la pose le temps d'une photo, mais doivent enchaîner. "On a beaucoup de travail nous aujourd'hui, c'est la reprise, c'est la folie !", s'exclame l'un deux, tout en saisissant son chariot chargé de caisses.

Derrière eux, la place de la Comédie est transfigurée. Tables, chaises et parasols recouvrent désormais une grande partie de l'esplanade. En prévision de cette réouverture, la municipalité de Montpellier a annoncé lundi des extensions exceptionnelles des terrasses, ainsi que l'exonération des redevances d’occupation des droits de terrasses jusqu’au 30 juin. D'autres mairies ont pris des mesures en ce sens. Déjà, des clients sont attablés au soleil.

L'un des restaurants de la place Ravy a placardé une affiche : "recherche un cuisinier à temps plein". Dans le secteur de la restauration, les recrutements s'avèrent plus difficiles que prévu. Dans ce contexte persistant d'incertitude, beaucoup de travailleurs se sont reconvertis dans d'autres domaines. Selon une récente enquête de Pôle Emploi, les serveurs et commis de cuisine figurent parmi les dix métiers les plus recherchés.

Dans la rue de la Loge, le propriétaire de la coutellerie Pradel Goleo ouvre son rideau de fer. "Ca fait des mois que je suis fermé, là c'est la réouverture, j'ai tellement de choses à faire !", s'exclame-t-il, avant de retourner rapidement s'affairer dans sa boutique.

8h44 - Le premier jour du Bonsoir 

Dans la rue de la Croix d'Or, Jean-Philippe Causse, les bras chargés de chaises, déploie sa terrasse. Pour lui, ce n'est pas une réouverture, mais une ouverture. C'est le premier jour pour le "Bonsoir Cocktail Bar". Autrefois gérant du By Coss Bar, situé dans le quartier des Beaux-Arts, Jean-Philippe Causse commence aujourd'hui une autre aventure. 

C'est le grand jour ! C'a été une frustration énorme de suspendre ce nouveau projet pendant si longtemps. Nos clients fidèles du By Coss attendaient l'ouverture du Bonsoir Cocktail Bar avec impatience. Aujourd'hui, on va enfin pouvoir leur faire découvrir ce nouvel endroit !

Jean-Philippe Causse, gérant du Bonsoir Cocktail Bar

Plus que quelques minutes avant l'ouverture à neuf heures. Cet horaire matinal constitue l'une des adaptations opérées par le restaurateur. "Maintenant, on ouvre toute la journée, et on va proposer une formule du midi pour compenser la fermeture à 21h", explique Jean-Philippe Causse. "Ces confinements ont été difficiles, mais ça nous a permis de bien peaufiner tous les détails, la décoration, l'offre !", raconte-t-il avec optimisme. Les clients ne pourront pas profiter de cette décoration soignée tout de suite : le service en intérieur est toujours proscrit. Le 9 juin, si la situation sanitaire le permet, les cafés et restaurants pourront accueillir leurs clients en intérieur avec une jauge de 50 % et une limite de 6 personnes par table.

9h12 - Rencontre avec Sylvie

Sur la place Jean-Jaurès, sous les arbres en fleurs, Sylvie est attablée seule. Les yeux fermés, le visage levé vers le soleil. La serveuse vient lui déposer un jus de fruit, un café et un croissant. Elles échangent quelques mots enjoués. "Je voulais être là dès le premier jour, dès les premiers instants", souffle Sylvie avec un large sourire. "Ces moments, cette liberté, c'est comme l'air qu'on respire. C'est quand on en est privé qu'on réalise à quel point ça nous est vital."

La lumière, les inconnus, le bruit des conversations autour, même les pigeons qui passent entre les pieds de la table, je savoure tout ! Je me desséchais. Là, je revis.

Sylvie Gonzalez

Sylvie a "tout envoyé valser" à cause de la crise sanitaire. "Je dirais presque "grâce" à la crise sanitaire !", rit-elle. A 58 ans, elle a quitté son travail d'informaticienne, vendu son appartement, et veut désormais reprendre des études. "Je n'en pouvais plus d'être en télétravail, devant mon ordinateur, à faire des PowerPoint. Maintenant, je veux faire quelque chose qui a du sens, en lien avec les gens."

Le jour-même du deuxième confinement, en octobre, elle est allée voir Adieu les cons d'Albert Dupontel au cinéma. "Ca m'a donné une pulsion de vie, une envie de faire ce qui me plaît vraiment. Il faut absolument aller le voir !" s'exclame-t-elle.

Adieu les cons est justement à l'affiche aux Diagonal Cinemas. L'établissement a levé son rideau. La porte est ouverte, les programmes sont disposés à l'extérieur. Les premières séances commencent dès 10h30 avec Mandibules de Quentin Dupieux ou ADN de Maïwenn. 

Entre les professionnels qui s'activent et les clients qui profitent, le contraste est saisissant. Si la bonne humeur semble partagée par tous, une certaine appréhension est palpable du côté des commerçants. Préoccupés par les derniers détails, les espaces entre les chaises, le vent qui pourrait dissuader les clients... Leurs gestes traduisent l'enjeu de cette reprise tant attendue.

10h45 - Affluence au Polygone

"Nous sommes ouverts", proclame une grande banderole à l'entrée du centre commercial "Polygone", au centre de Montpellier. Deux flots ininterrompus de clients, l'un entrant, l'un sortant, se croisent. "Je ne suis plus habituée à marcher avec les gens !", s'exclame une adolescente, après qu'un agent de sécurité lui a fait remarquer qu'elle ne respectait pas le sens de circulation. Pour éviter le brassage de la foule, la fermeture des centres commerciaux de plus de 20 000m² avait été annoncée à la fin du mois de janvier par le Premier ministre Jean Castex, suscitant l'incompréhension, voire la colère de leurs directeurs.

A l'intérieur du Polygone de Montpellier, toutes les enseignes sont désormais ouvertes. Une jauge de 8m² par client doit être respectée. Par conséquent, devant les boutiques les plus exiguës ou les plus populaires, des files s'allongent.

Boutiques d'artisans, de jeux de société, d'affiches, de bijoux... L'affluence est moins spectaculaire dans les petites échoppes de l'Ecusson. Pour autant, de nombreux passants - toujours masqués - flânent dans les moindres ruelles pour profiter des devantures redécorées.

12h14 - Le premier déjeuner 

Dans le quartier Saint-Roch, sur la place Ravy, sur la place de la Comédie, mais aussi dans les rues plus étroites et confidentielles, les terrasses sont installées. Les premiers plats commencent à être servis.

Bien que réduites à 50% de leur capacité, ces terrasses sont encore loin d'être saturées. La réouverture des restaurants n'empêche pas les très nombreux coursiers à vélo d'être sollicités pour des livraisons.

De nombreux passants s'arrêtent une seconde pour photographier ces terrasses, comme s'ils étaient témoins d'un spectacle insolite. Assis au centre de la place de la Comédie, un guitariste joue Georges Brassens et Joe Dassin, accuentuant l'atmosphère de vacances.

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