Sécheresse : bois mort et végétaux inflammables, les pompiers sur le qui-vive dans les Pyrénées-Orientales

Alors que le département vient d'être placé en alerte renforcée en raison d'une sécheresse record, les sapeurs-pompiers sont préoccupés par l'état de stress hydrique de la végétation. Les quantités de bois mort et de feuilles sèches hautement inflammables s'accumulent dans les massifs. Et le risque incendie n'a jamais été aussi élevé à cette période de l'année.

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Des chênes Kermès (aussi appelés chênes des garrigues) qui meurent en plein mois de février : le colonel Stéphane Clerc, directeur adjoint du Service Départemental d'Incendie et de Secours des Pyrénées-Orientales (SDIS 66) n'avait jamais vu ça. Et pourtant le constat est là : cette essence, très résistante et endémique des massifs des Albères et des Corbières, peine à survivre après un été, un automne et un hiver de sécheresse.

Le déficit record de pluie, qui vent de conduire au classement du département en alerte renforcée, fait lentement son œuvre dans la nature catalane et les soldats du feu sont inquiets. Ils redoutent de violents feux de forêt dès maintenant et cet été. Car les quantités de bois mort et de feuilles sèches s'accumulent. Les végétaux sèchent sur pied, fournissant une matière hautement susceptible de s'embraser :

Le plus préoccupant pour cet été, c'est que les feux risquent d'être beaucoup plus intenses parce que le volume de combustible est plus fort.

Colonel Stéphane Clerc, directeur adjoint du SDIS 66

Risque incendie maximum

Mais avant même la période estivale, cette sécheresse chronique affecte le travail des sapeurs-pompiers catalans. Entre le 1er janvier et le 6 février, le nombre d'incendie a doublé par rapport à l'hiver 2022. Les surfaces touchées ont quadruplé, passant de sept hectares en 2021 à 28 en 2023, auxquels il faut ajouter les 60 hectares brûlés à Torreilles le 5 février dernier. Une situation inédite selon le SDIS 66.

Les botanistes déboussolés

L'avenir est incertain et le biologiste Eric Fabre, maître de conférences à l'université d'Aix-Marseille et au Centre de Recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées de l'université de Perpignan, est inquiet au vu de la déperdition d'espèces végétales normalement adaptées à des climats plus arides : oliviers sauvages, pistachiers lentisques et même pins d'Alep. 

Le pin d'Alep est un arbre qu'on trouve à la limite du désert, une des végétations les plus résistantes à la sécheresse !

Eric Fabre, biologiste

L'enseignant-chercheur a observé de près ce phénomène dans la Serre du Scorpion, une colline de garrigue des Corbières méditerranéennes. La faute à deux années consécutives de déficit pluvial aux conséquences désastreuses sur la biodiversité et le paysage : terre craquelée sur plusieurs hectares, lits de rivières à sec à l'image de l'Agly, cours d'eau réduit à un torrent de cailloux et de roches. 

La chaleur aggrave la situation

A cette pénurie d'eau dans les Pyrénées-Orientales (2023 est l'année la plus sèche depuis 1959) s'ajoute une chaleur qui accroît l'évapotranspiration des plantes, car les températures n'ont jamais été aussi élevées depuis 1947. Et la tendance devrait persister, a averti cette semaine la préfecture : "la sécheresse se prolonge [...] et tend même à s'accentuer dans certains secteurs malgré l'arrivée des températures hivernales depuis plusieurs semaines". Le département est sous le coup de mesures de restrictions d'usage de l'eau depuis le mois de juin 2022 et vient de passer en alerte renforcée, dernier échelon de gravité avant le seuil de crise.

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