Comment les festivals d'été et les secouristes se préparent à faire face aux cas de piqûres

Nuis carrées, Plages électro, Mas des Escaravatiers… Les concerts et festivals phares de la Côte d'Azur se profilent alors que le phénomène des "piqûres sauvages" s’intensifie. Les organisateurs redoublent de parades pour anticiper ce problème.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Avec le coup d'envoi de beaucoup de festivals de musique de l’été, les scènes azuréennes connaissent déjà une effusion de sons.

Ce jeudi 23 juin, la scène antiboise des Nuits Carrées accueillait par exemple son premier concert de l'année avec des artistes comme Chinese Man, Scratch Bandits Crex ou Baja Frequencia.

Alors que le phénomène de piqûres sauvages tend à se développer dans la région, les organisateurs de festivals musclent leur dispositif pour parer à ce type de comportement. A Toulon, au début du mois de juin, lors d’un concert organisé par TF1 pour l’une de ses émissions au Mourillon, 14 personnes avaient d'abord déposé plainte dans la foulée de la soirée, victimes de piqûres suspectes.

Une soirée à Six-Fours-les-Plages a connu le même sort, tout comme le Vélodrome, à Marseille, pendant le concert de Jul. Lors de la dernière fête de la musique, des cas ont été rapportés à Antibes, mais aussi loin de la Côte d’Azur, à Nancy ou à Paris.

Les associations alertées

Les associations dévouées à la sécurité du public, comme la Protection civile ou la Croix Rouge, sont aussi concernées par cette problématique car elles interviennent dans un grand nombre d'évènements cet été.

Si les préfectures azuréennes n'ont pas encore donné de consignes claires ou de protocoles, la Protection civile a déjà communiqué auprès de ses 250 bénévoles maralpins, pour leur donner une ligne de conduite s'ils venaient à devoir prendre en charge des personnes victimes de "piqûres sauvages". 

Cette note opérationnelle, rédigée sur les conseils du médecin de la Protection civile des Alpes-Maritimes, vise 4 étapes clés : 

  • Effectuer le bilan complet de la victime : une attention particulière doit être portée à l'examen cutané de la victime, y compris sous les vêtements si nécessaire, en respectant les précautions élémentaires liées à cet examen. 
  • Prendre une photo de la lésion de la victime avec son téléphone, précisant que cette photo pourra être utilisée lors de la consultation médicale ou dans le cadre d'une procédure juridique.
  • Appliquer la procédure AEV sur la zone piquée, soit un accident d'exposition à un risque viral
  • Demander un avis médical et appliquer les consignes 

Application web et vigilance renforcée

Au Mas des Escaravatiers, à Puget-sur-Argens dans le Var, on célèbre les 20 ans de cette scène réputée pour sa programmation, mais aussi sa piscine et son cadre naturel. Ici, la responsable communication des lieux l'assure, on redouble de vigilance pour parer à cette problématique des "piqueurs".

Les personnes chargées de la sécurité ont "reçu la consigne d'insister sur les fouilles des sacs" et de surveiller les comportements de la foule depuis des points d'observation

"Nous avons mis en place également l'utilisation d'une application mobile qui s'appelle Safer. Les personnes peuvent la télécharger et si ils se sentent en danger, il leur suffit d'appuyer sur un bouton pour que les référents de nos équipes interviennent directement" explique Eugénie Grimaldo.

L'application est utilisée par 35 festivals, elle permet de géolocaliser dans la foule une demande d'aide, qu'elle quelle soit. Ce dispositif d'alerte a été initialement créé pour "lutter contre les violences sexuelles en milieux festif" comme l'indique son site et connait un regain d'intérêt au vu de l'actualité. Il a scellé un partenariat avec le ministère de la Culture et la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur et revendique un million de festivalier couvert par ce service.

Le Mas, qui reçoit cet été Vianney, The Avener, Ben Mazué ou Juliette Armanet insiste sur ce type de prévention. Elle sensibilise aussi ses festivaliers afin qu'ils protègent leur boisson du GHB grâce à des cache-verres.

La loi n° 2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes condamne sévèrement ce type de pratique :

« Le fait d’administrer à une personne, à son insu, une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre à son égard un viol ou une agression sexuelle est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Lorsque les faits sont commis sur un mineur de quinze ans ou une personne particulièrement vulnérable, les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 euros d’amende »

Les Plages électro lancent leur safe zone

Difficile de faire plus proche de la mer que les Plages électroniques à Cannes. Le festival, créé en 2006, réunissait à l'époque quelques centaines de personnes mais aujourd'hui, il est l'un des plus atypiques de la Côte d'Azur.

A partir du 5 août, il accueillera notamment David Guetta, Paul K ou Damso. Pour cette 15e édition, 3 dates sont prévues, et une safe zone va être installée, pour la première fois 

Benoit Geli le directeur et fondateur de Panda Events, l'agence de production de concerts et de de festivals à l'origine des Plages électro, applique depuis les attentats de 2016, des standards élevés en matière de sécurité.

Portiques de sécurité, fouilles... "On est vraiment sur des fouilles aéroport chez nous" précise-t-il, car le festival ne lésine pas et dispose même de plus d'une dizaine de sauveteurs à cause de la proximité directe des scènes avec la mer.

L'évènement, en plein centre-ville cannois, profite aussi de l'appui des forces de l'ordre - caméras de sécurité et police municipale - qui ont prévu d'avoir des agents en civile pour se mêler à la foule. Tout comme des personnels de sécurité du festival qui vont se livrer à des maraudes, des "déambulations" dans la foule pour afficher leur présence et intervenir en cas de besoin. 

C'est surtout une safe zone qui sera la nouveauté cette année. Encadrée par des associations, comme le collectif Nous Toutes, Centre d'Information sur les droits des femmes et des familles des Alpes Maritimes, ou le Planning familial 

On a lancé une campagne de communication sur le sujet pour que le public soit alerte sur le fait qu'il existe un endroit ressource, et d'accueil sur le festival. Avant, ils peuvent télécharger une application de signalement, s'il y a un problème, le public le signale et on le géolocalise et il y a une équipe qui intervient  (Safer, ndlr). La safe zone sur site est visible, accessible et signalée, divisée en plusieurs espaces. Il y a un endroit que l'on appelle la zone d'écoute, où l'on est pris en charge.

Allegra Trichard

Directrice du festival des Plages électroniques

L'ensemble des bénévoles et membres de l'organisation des Plages électroniques ont été sensibilisés à ce type de problématique. Même au bar. Un nom de code a été instauré. Si une personne commande un "cocktail Angela", cela alertera le staff, comme le dispositif mis en place lors de la pandémie pour les pharmacies, dans le cadre des violences conjugales. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information