Présidentielle 2022 : deux ans de Covid-19, quel impact sur les élections ?

Il y a deux ans à la veille du premier confinement, la France organisait le premier tour des élections municipales malgré des oppositions, avant de reporter le second. Aujourd'hui, alors que l'épidémie de Covid-19 connaît un rebond, le premier tour de la présidentielle est maintenu et le gouvernement incite les citoyens à aller voter.

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"J'appelle les Français à se rendre aux urnes les 10 et 24 avril, parce que c'est une élection majeure, importante." Les mots sont ceux de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, à la sortie du Conseil des ministres mercredi 6 avril. Alors que certains observateurs craignent une abstention supérieure à 30% lors du premier tour de l'élection présidentielle (le record pour une présidentielle est de 28,4% lors du premier tour de 2002), les responsables de tous bords tentent de mobiliser les électeurs, à quelques jours du scrutin.

Au-delà des considérations politiques, l'une des principales raisons qui pourraient inciter les citoyens à bouder les isoloirs, c'est la persistance de la crise sanitaire. Depuis quelques semaines, la France connaît un rebond épidémique, avec 1409 cas pour 100.000 habitants recensés au 4 avril. Même si le rythme des contaminations semble ralentir ces derniers jours, les chiffres restent bien au-delà du seuil d'alerte de 50 cas pour 100.000 habitants fixé au début de l'épidémie. Et la Bourgogne n'est pas épargnée avec des taux atteignant 1563,9 en Côte-d'Or, 1401,8 dans la Nièvre, 1284 en Saône-et-Loire et 1217,1 dans l'Yonne.

Signe de cette persistance, le ministère de la Santé a ouvert jeudi 7 avril la deuxième dose de rappel, ou "quatrième dose" à toutes les personnes de plus de 60 ans (elle l'était déjà depuis le 14 mars pour les plus de 80 ans).

Quel protocole dans les bureaux de vote ?

Reconnaissant que "le virus de la Covid continue de circuler au sein de la population", le gouvernement a précisé le 30 mars le protocole sanitaire applicable dans les bureaux de vote. Principale consigne : le vote est ouvert à tous, positif ou non, vacciné ou non. "Il ne peut être exigé des électeurs [...] aucun des documents suivants : preuve de vaccination, certificat de rétablissement ou de réalisation d'un test virologique", indique le communiqué. Pas question donc de conditionner la participation au passe sanitaire par exemple.

Pas de jauges non plus, seul "l'accès au bureau de vote peut-être régulé et l'entrée et la sortie doivent être séparées pour éviter les situations de grande promiscuité". Pour le reste, les gestes barrières s'appliquent : aération des locaux, lavage des mains à l'entrée et à la sortie, désinfection du matériel. Le port du masque et les règles de distanciation physique ne sont pas obligatoires, mais "le port du masque reste fortement conseillé", en particulier pour les personnes positives, symptomatiques ou à risques. Il pourra seulement être demandé aux personnes le portant "de le retirer brièvement pour procéder à la vérification de leur identité".

Quelle était la situation en 2020 ?

La situation rappelle celle de 2020, alors que le pays se préparait au premier tour des élection municipales, organisé le 15 mars. Un scrutin tenu en pleine première vague de l'épidémie de Covid-19, à la veille du premier confinement, annoncé le 16 mars et entré en vigueur le 17.

A l'époque, la polémique enfle sur son maintien entre ceux qui minimisent les risques, comme Marie-Claude qui estime que "quand on a vu la foule dans les hypermarchés, sans aucun doute on peut aller voter", et ceux qui ne comprennent pas la cohérence des mesures, comme Catherine, "dégoûtée de voir ça. On demande à tous les commerçants de fermer mais il faut aller voter".

Le président de la République choisit de conserver la date du premier tour, un premier protocole sanitaire est défini pour les bureaux de vote, sans masque obligatoire mais avec distanciation physique, lavage des mains. Les électeurs sont même invités à apporter leur propre stylo pour signer les listes d'émargement.

Malgré les consignes, les craintes incitent de nombreux Français à rester chez eux. Le premier tour se solde par un taux d'abstention historique : 55,34%. Dès le lendemain, de nombreuses voix s'élèvent pour demander un report du second. Comme Stéphanie Modde, la candidate écologiste arrivée en troisième place à Dijon, qui estime que "si l’urgence absolue est de contenir cette pandémie pour que les personnels soignants puissent continuer de soigner dans des conditions acceptables la population, oui, il faudra arrêter cette élection". Mêmes doutes du côté d'Emmanuel Bichot, autre qualifié pour le second tour dans la cité ducale : « Je m’interroge comme beaucoup sur le réalisme de l’organisation d’un 2e tour dans une semaine, compte tenu de l’évolution de la crise sanitaire. Il y a une très grosse hypothèque sur ce sujet. Il faut se tenir prêts à toutes les hypothèses. »

Effectivement, le 16 mars 2020, en même temps que le confinement, Emmanuel Macron annonce le report du second tour. Un rendez-vous finalement reprogrammé le dimanche 28 juin, pour les communes concernées, plus de trois mois après le premier. Avec là aussi un protocole sanitaire strict, et cette fois l'obligation de porter le masque. Sans parvenir à porter la participation au-delà de 41,6%.

Mais les semaines suivant le premier tour auront aussi vu la hausse des contaminations, notamment chez des élus ou assesseurs mobilisés pour tenir les bureaux de vote. En Côte-d'Or, le maire de Beurey-Bauguay est ainsi décédé du coronavirus dix jours après le scrutin.

Qu'est-ce qui a changé depuis ?

Reste que la situation de 2022 diffère sur plusieurs points de celle de 2020. Après deux années d'épidémie, la maladie est mieux connue, prise en charge de manière plus efficace, engendrant une baisse de la mortalité. Les gestes barrières sont également ancrés dans les habitudes des Français.

La vaccination a également changé la donne, avec 54,3 millions de personnes ayant reçu au moins une dose et 58,6% de la population bénéficiant d'un parcours vaccinal complet.

Résultat, la pression sur les hôpitaux est moins forte deux ans plus tard. Alors que la part d'activité Covid montait jusqu'à plus de 20% aux urgences fin mars 2020 avec pas loin de 34.000 passages par semaine pour suspicion de coronavirus, elle n'était fin mars 2022 que de 2,2%, avec moins de 8.000 passages par semaine. Pas de quoi en l'état faire craindre une saturation des services, même au plus fort de la cinquième vague en début d'année.

Cet état des lieux a incité le gouvernement à ne pas repousser le rendez-vous démocratique que constitue l'élection présidentielle. Même s'il est conseillé de respecter les précautions au moment du passage dans l'isoloir, comme dans tous les lieux publics où le brassage de population est important.

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