La colère brûle à nouveau chez les agriculteurs. Dans la soirée du dimanche 17 novembre, la mobilisation a été relancée à Arnay-le-Duc en Côte-d'Or. Les syndicats pointent des mesures trop faibles pour répondre à une année compliquée pour l'agriculture et craignent un accord entre l'Europe et le Mercosur.
Des bâches, des bidons, des palettes, le tout amené par de nombreux tracteurs. Pas de doute, la colère du monde agricole brûle de nouveau en Côte-d'Or. Si ce ne sont là que les premières braises, elles marquent le renouveau d'une action nationale coordonnée.
Certains panneaux de communes n'étaient même pas encore remis des manifestations de la fin d'année dernière. Mais déjà depuis quelques semaines, le mécontentement des agriculteurs ne faisait que s'intensifier.
En octobre, c'est au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté que les manifestants avaient fait entendre, avec force, leurs revendications. Ce dimanche, la première flamme des mobilisations s'est allumée à Arnay-le-Duc.
Une première mobilisation qui en appellera d'autres
Les manifestants n'ont pas ménagé leur peine aux abords des routes. Les panneaux ont été couverts de bâches, des barricades ont été érigées... Pas de doute, il y a de quoi raviver des souvenirs de janvier dernier.
"C’est un petit peu l’acte deux", admet Sylvain Fleury, exploitant agricole à Saint-Martin-de-la-Mer et vice-président de canton à la Fédération départementale des exploitants agricoles (FDSEA) de Côte-d'Or. "On avait démarré les blocages avec tous les jeunes au mois de janvier l’année dernière et on avait tenu cinq jours en attendant des réponses concrètes de notre gouvernement.
"On s’aperçoit qu’on a eu des "mesurettes". Les agriculteurs ne marchent pas avec des "mesurettes", il nous faut vraiment du concret avec de l’argent qui puisse pallier les difficultés financières. Il faut surtout qu’on arrive à vivre de notre produit."
Cet éleveur de bovins vient rappeler que les conditions climatiques de cette année 2024 ont vraiment compliqué la tâche des agriculteurs. En août dernier, les exploitants parlaient même d'une "année noire" - des témoignages à retrouver dans cet article.
Jacques De Loisy, le président de la FDSEA 21, en dit plus sur l'avenir de la mobilisation agricole : "Retour là où nous étions au mois de janvier, c’est-à-dire à Arnay-le-Duc et partout sur le département pour manifester par rapport aux allègements de charges, de normes et de restrictions sur l’acte de production agricole."
Une nouvelle action est annoncée dans la soirée de ce lundi 18 novembre. Les agriculteurs bourguignons prévoient de se retrouver aux abords de la piscine olympique de Quetigny, dans la métropole de Dijon.
L'ombre du Mercosur en épouvantail
L'une des grandes inquiétudes des agriculteurs réside à plus de 8 000 kilomètres de là. Emmanuel Macron est en Amérique du Sud, pour un voyage de l'Argentine au Chili en passant par le Brésil. La crainte des manifestants en France repose sur la question du traité avec le Mercosur. Ils craignent que l'Europe signe un traité de libre-échange avec l'alliance des pays sud-américains.
Jacques De Loisy détaille ce point : "On tient fermement à ce qu’aucun compromis ne soit signé sur le Mercosur. N’importons pas la viande, les céréales et autres dérivés que nous ne voulons pas en France et en Europe. On comprendrait mal également que l’Europe signe un accord avec le Brésil qui fait partie des BRICS(+) quand on connaît tout l’enjeu géopolitique qu’il y a derrière."
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Les agriculteurs attendent aussi "la reconnaissance des dégrèvements fonciers", sur les prairies et les zones inondées. Pour parvenir à leurs objectifs, de nombreuses mobilisations sont à prévoir dans toute la région.