Un homme est décédé à Dijon (Côte-d'Or) dans la nuit du 25 au 26 novembre, après plusieurs salves de tirs qui ont touché l'immeuble où il vivait avec sa famille. Sur place, France 3 Bourgogne a recueilli les témoignages de nombreux habitants, tous extrêmement choqués.
C'était, a priori, un samedi soir comme les autres. Dans le quartier Stalingrad de Dijon (Côte-d'Or), ce 25 novembre, la nuit suit tranquillement son cours : quand minuit sonne, à l'instar de Clara*, bon nombre d'habitants dorment déjà. Jusqu'à ce que des coups de feu soient tirés : "ça a duré deux minutes et ça a repris. Tout le monde était couché par terre."
Puis, plus de tir. Dans leur appartement du premier étage, Igor*, le frère de Clara, se précipite tout à coup dans la chambre de leur père. "Il a hurlé 'papa, papa !' Et ensuite une troisième fois, et c'est là que j'ai su qu'il était mort. L'ambulance est arrivée et ils ont dit qu'ils allaient essayer de le réanimer, mais on savait qu'il était mort." Lorsqu'elle le raconte, quelques heures plus tard, la jeune femme en tremble toujours ; sa voix se brise.
Un déferlement de violence
Au lendemain du drame, les coups de feu résonnent encore dans le quartier. Comme beaucoup d'autres, Pierre* a lui aussi été réveillé par le bruit des armes. "Il y a eu une première salve d'environ cinq à dix coups, je dirais", se remémore-t-il. "Alors j'ai appelé la police. Et à ce moment-là, la voiture a fait demi-tour et a à nouveau tiré une salve de cinq à dix coups."
C'est aussi la première salve qui a réveillé Samira*. "Au début, je croyais que c'était dans mes rêves", décrit-elle. "Mon cœur battait : j'avais tellement peur, car comme je suis au rez-de-chaussée, je me suis dit que s'ils pouvaient tirer d'un côté, ils pouvaient tirer de l'autre. C'étaient des tirs de pistolet de je ne sais pas quel style, mais des gros, gros bruits."
Un déchaînement de violence que l'on constate d'emblée, lorsque l'on pose les yeux sur le bâtiment : la façade est criblée d'impacts de balles. "Il y en a beaucoup", a confirmé le procureur de la République de Dijon, Olivier Caracotch, en précisant que "le nombre de balles tirées est relativement impressionnant."
"Ils ne se disent pas qu'il y a des familles, des enfants qui vivent ici ?"
Malgré le déploiement d'une centaine de policiers, dont 65 de la CRS 8, difficile pour les habitants de s'imaginer reprendre une vie normale. "De voir les forces de l'ordre là, ça veut dire qu'on n'est pas du tout en sécurité", soupire Thérèse*. "On va déménager au plus vite, déjà à cause du bruit, et justement parce qu'on n'est pas du tout en sécurité, avec tous les jeunes qui fument le shit." Samira, elle aussi, envisage quitter le quartier le plus rapidement possible : "je suis déjà en train de regarder pour changer de maison".
"On ne s'attend pas à voir ça à Dijon."
Samira (prénom modifié),une habitante du quartier de Stalingrad à Dijon
Pour d'autres, c'est surtout la stupéfaction qui prime. Car si le quartier est connu pour ses points de deal, il n'a jamais vécu de tels drames. "Ça fait 42 ans que j'habite ici, j'ai grandi ici, et on n'a jamais vu ça", affirme Marianne*. "C'est vraiment choquant. C'est pas une vie ! Ils ne se disent pas qu'il y a des familles, des enfants qui vivent ici ? Même eux, ils doivent avoir une vie, des enfants, des frères, des sœurs, des parents..."
À l'heure où nous écrivons ces lignes, les personnes soupçonnées d'être les auteurs des tirs mortels sont toujours activement recherchées. Seule la voiture dans laquelle ils circulaient a été retrouvée.
* : les prénoms ont été modifiés