INTERVIEW. Jean-Claude Plessis : "le sauvetage du FCSM est le combat de ma vie"

Retour aux affaires, point sur les prochaines échéances, amour du FCSM... Quelques heures après la signature d'un accord de vente avec le groupe chinois Nenking, Jean-Claude Plessis, à la tête d'un projet de maintien du FC Sochaux en N1, a répondu aux questions de France 3 Franche-Comté.

France 3 Franche-Comté : On sait que la nuit a été agitée. Comment allez-vous aujourd'hui ?

J'ai l'impression d'être un gros propriétaire... mais avec beaucoup de dettes (rires). Plus sérieusement, nous avons acquis le club pour un euro symbolique. C'est une belle avancée. On a franchi une étape importante. Nous sommes aux commandes au moins jusqu'au passage devant la DNCG, qui interviendra en milieu de semaine prochaine. Et j'espère qu'on ne va pas rendre le FCSM de sitôt.

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Depuis ce matin, nous nous sommes activés. On a tout remis en route. On a remis les joueurs au boulot. Leur entraînement reprendra dans quelques jours. On a aussi appelé les stagiaires, les jeunes du centre de formation. On essaye de tout rapatrier en attendant la décision finale.

Si vous faites cela, c'est que vous êtes plutôt positifs ?

Mais bien sûr. On n'a pas fait tout ça pour se faire retoquer. On bosse d'arrache-pied et j'ai l'intime conviction qu'on va y arriver. Mais pas tout seul. Je voudrais faire comprendre une chose aux Sochaliens : il faut qu'ils soient avec nous.

Le club ne m'appartient pas. Ni à moi, ni au groupe d'investisseurs qui me suit. C'est aux supporters qu'il appartient désormais. Si notre projet passe, ils auront la chance de soutenir un des rares clubs français qui sera en partie la propriété de son public. C'est quelque chose d'exceptionnel.

Vous parlez de l'arrivée dans votre projet de l'association Sociochaux, qui porte un projet d'entrée des supporters au conseil d'administration du club. Ils vous ont convaincu ?

Mais oui. Leur démarche me semble logique, et saine. C'est tout. Qu'il y ait plusieurs représentants des supporters au conseil d'administration, ça ne me choque pas, bien au contraire. Ils pourront venir et assister aux conseils d'administrations, voir comment l'argent est géré.

Aujourd'hui, nous travaillons en étroite collaboration avec eux. Quand des "petits investisseurs" m'appellent, je les renvoie vers leur cagnotte. Inversement, quand ils sont démarchés par des personnes voulant apporter des dons conséquents, Sociochaux leur donne mon numéro.

On a aussi des dons qui arrivent de la part d'anciens joueurs. On sent une vraie solidarité qui s'est créée autour de notre projet. Je reçois des appels constamment. Des anciens du club, des présidents de club encore en exercice. On me dit :  "t'es fou de t'être lancé là-dedans, mais tu as bien fait".

Jean-Claude Plessis

Au niveau financier, où en êtes-vous ?

Il nous manque encore de l'argent. Pour être confortable, il nous faudrait encore un peu plus d'un million d'euros. Mais on va y arriver. On vise un budget global de 12-13 millions. Et on essaye d'avoir plus. Il faut savoir que si Nenking nous a cédé le FCSM seulement pour un euro symbolique, c'est car ils restent beaucoup de dettes. Il y a toujours dans l'effectif des joueurs avec des longs contrats, qui touchent des gros salaires, et qu'il faut toujours payer. Si notre projet est validé, il faudra mettre tout ça à plat.

On comprend que la recherche de fonds continue.

Tout à fait. Certains chefs d'entreprises sont en vacances (sourire). Lundi, j'ai donc beaucoup de coup de fil à donner. J'en profite pour lancer un appel à tous les entrepreneurs franc-comtois, petits et grands : c'est le moment de nous rejoindre. Mais je suis confiant. Les politiques vont aussi mettre au pot. Tout le monde a bien compris que la fin du club, c'était aussi un gros coup dur pour l'économie locale. 

Au niveau administratif, quelles sont les prochaines étapes ?

Notre déclaration de candidature à la N1 a été envoyée à la Fédération française de football, qui doit maintenant l'accepter. On aura la réponse dans les jours qui viennent. Si c'est un oui, nous passerons devant la DNCG en milieu de semaine prochaine. Mais on reste positif : jusqu'à cette date, le budget devrait être bouclé.

Question plus personnelle. Pourquoi, à 79 ans, être revenu dans la bataille ?

Je l'ai dit à ma femme : c'est le combat de ma vie. C'est peut-être le dernier que je mènerai. Je n'ai aucun intérêt personnel à en tirer. Pierre Wantiez et moi étions seulement motivés par la détresse des Sochaliens. J'ai reçu des tonnes de messages. J'ai vu des gamins en pleurs devant le stade, des jeunes partir du centre de formation, des salariés paniqués. 

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Ces personnes, je les connais. Je les ai pratiqués pendant des années. Quand ils voyagent, ils sont fiers d'être Sochaliens grâce au club de football. C'était le même sentiment à l'époque, avec l'usine Peugeot. Il y a un lien très fort entre le FCSM et les Franc-Comtois. Et nous ferons tout pour que ce lien ne disparaisse pas.

Racontez-nous les origines de votre projet "de la dernière chance" ?

C'était il y a une dizaine de jours, pendant que Romain Peugeot développait son projet. Au début, j'étais dans l'aventure avec lui. Puis il est parti avec des financiers. On s'est dit : "il y a une possibilité que cela échoue". J'ai donc contacté Pierre Wantiez. Il était très peiné lui aussi. Je le connais bien, on a beaucoup travaillé tous les deux. C'est quelqu'un d'extrêmement compétent, besogneux, travailleur, ainsi qu'attaché à la région et au FCSM. Quand on s'est retrouvé, on avait le même projet, le même discours. On a alors foncé, et voilà où nous en sommes aujourd'hui.

Les supporters, je les ai aimés et je continue à les aimer. Ils m'ont parfois conspué, mais c'est la vie. Je ne me voyais pas rester tranquillement en Bretagne, avec mon équipe de R2 où tout va bien, assister à la destruction de mon club de cœur 

Jean-Claude Plessis

On suppose que les montagnes russes de ces derniers jours ont été dures à vivre ?

On ne dort pas beaucoup. C'est de la fatigue, du stress, des doutes. Il faut tout reconstruire. Il faut aussi gérer en interne notre groupe d'investisseurs. Ils veulent travailler avec des gens qu'ils connaissent, qu'ils aiment. Et c'est bien normal après nos dernières désillusions. Ils n'ont pas envie d'être associés avec des spéculateurs. Pour l'instant, nous avons un groupe de 7-8 partenaires solides. Tous Franc-Comtois, à part un, qui est Alsacien. Mais on l'adopte, car il connaît le foot (rires).

C'est-à-dire que vous fermez la porte à toute personne extérieure à la Franche-Comté ?

Pas forcément. Si un entrepreneur parisien m'appelle, quelqu'un qui aime vraiment le club, j'en ferai part à nos actionnaires actuels. Mais je pense qu'on a encore des possibilités au niveau de la Franche-Comté.

En parlant d'investisseurs, Romain Peugeot fait-il officiellement partie du projet ?

Bien sûr. Romain a été traumatisé par son échec. En cinq jours, il avait réalisé quelque chose de formidable. Mais bon, ça n'a pas marché. C'est un amoureux du FCSM, ce n'est pas pour ça qu'il va s'arrêter.

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Dernière question, cette fois sur le côté sportif : qui sera à la tête du FCSM si le club évolue en N1 ?

Oswald Tanchot a toute ma confiance. Nous sommes actuellement en discussions avec lui. L'objectif est de le garder. Tout comme Julien Cordonnier, notre directeur sportif. Ce sont deux profils qui nous correspondent complètement. Ils ne nous ont pas encore dit un "oui" définitif. Mais là aussi, nous sommes positifs.

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