Une jument a été retrouvée morte et mutilée dans un pré à Guillon-Terre-Plaine, à la limite de l'Yonne et de la Côte-d'Or. Une enquête est ouverte. C'est le deuxième cas de mutilation d'équidé dans le secteur, en quelques mois.
La psychose va-t-elle revenir dans nos campagnes ? Trois ans après le début de l'affaire dite des "chevaux mutilés", un nouveau cas est signalé dans l'Avallonnais.
Enquête pour "sévices graves sur animal"
L'information, publiée par nos confrères de l'Yonne Républicaine, nous est confirmée ce 14 juin par le procureur de la République d'Auxerre, Hugues de Phily. "Une enquête pour "sévices graves sur animal" est ouverte après la découverte d'un cheval mort à Guillon-Terre-Plaine, le 8 juin dernier."
Cette jument a été "affreusement mutilée" selon le procureur, qui évoque des blessures à la vulve notamment, et une énucléation.
"C'est très probablement le résultat d'un acte déviant, vu le mode opératoire"
Hugues de Philyprocureur d'Auxerre
Le procureur ne penche pas, à ce stade, pour la piste "sectaire" évoquée par l'Yonne Républicaine : "je n'ai aucun élément en ce sens". Il tient aussi à ne pas alimenter les rumeurs locales qui circulent et mettent en cause une association.
En revanche, Hugues de Phily confirme que les gendarmes "évoquent la possibilité" d'un lien avec un autre cas de mutilation sur un équidé, fin 2022 à Savigny-en-Terre-Plaine, la commune qui jouxte Guillon.
C'est la brigade de gendarmerie d'Avallon qui est saisie de ces affaires. "Une gendarmerie tout à fait compétente dans le domaine de l'élevage", assure le procureur. Des analyses techniques et scientifiques ont été faites sur la scène de crime du 8 juin.
"L'affaire est prise avec beaucoup de soin et d'attention. Elle fait partie des enquêtes prioritaires"
Hugues de Philyprocureur d'Auxerre
Les autres cas de chevaux mutilés en Bourgogne
Cela faisait de longs mois que l'affaire des "chevaux mutilés" n'était pas revenue dans l'actualité. Une série de cas s'était produite en 2020, dans toute la France y compris en Bourgogne.
Depuis 2020, au moins une dizaine de cas suspects ont été signalés. Du plus ancien au plus récent :
8 AOÛT 2020 - SAÔNE-ET-LOIRE : À Cluny, une pouliche de 18 mois retrouvée morte dans un élevage, l'oreille coupée, l'œil arraché et la vulve sectionnée.
NUIT DU 24 AU 25 AOÛT 2020 - YONNE : À Villefranche-Saint-Phal en Puisaye, Nicolas Demajean, gérant d'un refuge pour animaux, est agressé par deux hommes la nuit et blessé par un coup de "serpette" au bras. Deux de ses équidés sont également blessés. Un homme est arrêté pour cette affaire le 7 septembre 2020 dans le Haut-Rhin, mais il est relâché le lendemain.
25 AOÛT 2020 - SAÔNE-ET-LOIRE : À Saint-Vallier, une ponette de 14 mois retrouvée morte dans son pré, victime de sévices particulièrement atroces : l'oreille droite coupée, le crâne explosé, une partie du museau tranché, le diaphragme explosé. Elle a été vidée de son sang.
6 SEPTEMBRE 2020 - CÔTE-D'OR : À Losne, deux personnes armées de ce qui semble être des cutters sont surprises dans un champ en train d'affoler les chevaux. La gendarmerie et un hélicoptère sont missionnés sur place, mais ne parviennent pas à mettre la main sur les fuyards. Un cheval est blessé.
15 SEPTEMBRE 2020 - CÔTE-D'OR : À Bagnot, une jument retrouvée blessée au poitrail droit.
18 SEPTEMBRE 2020 - NIEVRE : À Champvoux, une jument d'une quinzaine d'années retrouvée morte, mutilée à la tête et aux parties génitales. L'oreille droite est coupée ainsi qu'une partie des naseaux et de la joue.
31 MAI 2022 - CÔTE-D'OR : À Fontangy, India, une jument, est retrouvée morte. Il lui manque un œil, une oreille et une mamelle. Le procureur confirme qu'il y a eu "intervention humaine".
FIN 2022 - YONNE : À Savigny-en-Terre-Plaine, un cheval mutilé. Aujourd'hui, les gendarmes "évoquent la possibilité" que ce cas soit lié à celui qui s'est produit le 8 juin 2023 dans la commune voisine de Guillon-Terre-Plaine.
8 JUIN 2023 - YONNE : À Guillon-Terre-Plaine, une jument "atrocement mutilée" retrouvée morte dans son pré. Le procureur évoque des blessures à la vulve et une énucléation, la piste d'un "acte déviant".
Les gendarmes "évoquent la possibilité" d'un lien avec le cas voisin de Savigny-en-Terre-Plaine fin 2022.
Tous les cas ne sont pas cités ici. De nombreux signalements ont été effectués par des particuliers. Ils n'ont pas toujours abouti : dans de nombreux cas, les investigations ont conclu à des blessures accidentelles ou résultat de prédation. En septembre 2020, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin indiquait que 153 enquêtes étaient ouvertes dans plus de la moitié des départements de France.