Les lingots d'or et l'argent n'ont pas été saisis chez la maire d'Avallon : révélations dans l'affaire Jamilah Habsaoui

Si la majorité de la drogue a bien été saisie au domicile de Jamilah Habsaoui, les lingots d'or et l'argent liquide ont été retrouvés chez ses frères.

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C'est une information qui n'avait pas été explicitée jusqu'à présent. Dans l'affaire de trafic de drogue qui implique la maire (divers gauche) d'Avallon Jamilah Habsaoui, trois sources concordantes confirment qu'en réalité, une partie des saisies n'a pas été effectuée au domicile appartenant à l'élue. 

Il y a deux mois, dimanche 7 avril, plus de 70 gendarmes procèdent à une perquisition d'ampleur à Avallon. Ils fouillent de fond en comble la maison appartenant à Jamilah Habsaoui, quartier de la Morlande. Comme l'indique un communiqué du parquet d'Auxerre le 10 avril : 

"Au total, étaient saisis : 

  • 70 kilogrammes de résine de cannabis et 983 grammes de cocaïne, principalement au domicile de madame Habsaoui ; 
  • 7 143 euros en espèces ; 
  • 2 lingots d'or." 

Mais en ce début du mois de juin, France 3 apprend une précision importante : toutes les saisies n'ont pas été effectuées dans le pavillon de la maire d'Avallon. Une information avancée par un membre de l'entourage de la maire, et confirmée par des sources judiciaires. 

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Les lingots et l'argent liquide saisis chez un frère

"Beaucoup d'erreurs ont été dites ces dernières semaines", confirme un enquêteur présent sur place le jour des saisies. Une seconde source proche de l'enquête nous apporte ces précisions :

  • La majorité des 70 kilos de résine de cannabis ont été retrouvés dans une dépendance de la maison familiale, un abri de jardin. Le cannabis était conditionné en "savonnettes", de petits rectangles d'une centaine de grammes chacun. 
  • La cocaïne a été retrouvée dans un coffre-fort lui-même stocké dans le sous-sol du pavillon, servant également de garage. 
  • En revanche, les lingots d'or (20 au total, dont seuls deux s'avèreront authentiques, les 18 autres étant factices) et la majorité de l'argent liquide ont été retrouvés au domicile de l'un des frères de Jamilah Habsaoui. Les enquêteurs y ont également trouvé de la drogue, en petite quantité.
  • Chez l'autre frère Habsaoui, les enquêteurs ont saisi "un peu" d'argent liquide, et des stupéfiants en quantité légèrement plus importante - "de l'ordre d'un kilo", précise l'une de nos sources.

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Contactée, l'une des deux avocates de Jamilah Habsaoui fait savoir qu'elle ne souhaite pas réagir pour le moment : "Je me concentre sur la défense de madame Habsaoui pour faire valoir son innocence", indique Gaëlle Dumont, jointe ce 3 juin par France 3.

Jamilah Habsaoui répète être innocente

La maire d'Avallon, sous contrôle judiciaire depuis sa sortie de détention provisoire le 14 mai, a toujours clamé son innocence depuis le début de l'affaire. Elle affirme n'avoir été au courant de rien. Précisons que le pavillon dans lequel a été saisie la drogue est bien sa propriété, mais qu'elle n'y vit pas : cette maison a été achetée pour y loger le père des Habsaoui, et Jamilah Habsaoui ne s'y rendait que temporairement pour rendre visite à son père. 

L'un des deux frères, Rachid Habsaoui, reconnaît son implication dans le trafic de stupéfiants et dédouane sa soeur. "Il la met hors de cause", expliquait l'avocat de Rachid Habsaoui le 12 avril. "Il dit qu'il a servi de nourrice dans le cadre d'un trafic de stupéfiants, dont il n'est pas le chef de réseau. Les stupéfiants étaient conservés à l'insu et sans le consentement de sa soeur", ajoutait maître César Lauwerie.

Rachid Habsaoui est toujours en détention provisoire, mais le second frère, Benaïssa Habsaoui, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire deux semaines et demi avant sa soeur. 

► À LIRE AUSSI : Trafic de drogue à Avallon : le frère de Jamilah Habsaoui libéré, "un désaveu pour le parquet d'Auxerre" selon son avocat

Jamilah Habsaoui avait formulé une demande de remise en liberté le 23 avril, rejetée. Elle a interjeté appel mais entre temps, la justice a prononcé sa libération conditionnelle le 14 mai. Entre-temps, la maire d'Avallon a changé d'avocats (son premier conseil, l'Avallonnais Antoine Audard, a été remplacé par Florian Grigis, un avocat auxerrois, et Gaëlle Dumont, avocate parisienne). Mi-mai, la maire est sortie "soulagée, très soulagée".

Le 7 mai, depuis sa cellule, Jamilah Habsaoui avait fait parvenir un communiqué par le biais de ses avocats : "Après un mois de silence, je tenais à m'exprimer afin de réaffirmer mon innocence et remercier toutes les personnes m'ayant apporté leur soutien, en particulier les Avallonaises et Avallonais", écrivait-elle.

J'ai confiance en la justice de la République, à laquelle j'assure mon entière coopération, pour que se manifeste la vérité et que mon innocence soit officiellement reconnue.

Jamilah Habsaoui

communiqué de presse, 7 mai 2024

Le 13 mai, Jamilah Habsaoui annonçait se "mettre en retrait" du conseil municipal, sans pour autant démissionner. Dans tous les cas, son contrôle judiciaire lui impose de ne pas séjourner dans l'Yonne ; elle ne peut donc pas siéger physiquement en mairie d'Avallon.

► À LIRE AUSSI : Maire d'Avallon incarcérée pour trafic de drogue : Jamilah Habsaoui "se met en retrait" mais ne démissionne pas

Des questions en suspens

Dans cette affaire, plusieurs questions demeurent en suspens. Quelles charges seront finalement retenues contre la maire ? Mais aussi contre ses frères et les autres mis en cause (au total, sept interpellations ont été effectuées le 7 avril) ? 

Autre question : qu'ont donné les résultats des tests ADN et des empreintes relevées sur les saisies ? Pour l'heure, nous n'avons pas d'éléments. "Je ne souhaite pas communiquer sur ce sujet", nous indiquait le procureur d'Auxerre fin avril.

Parmi les autres éléments à vérifier, le train de vie de Jamilah Habsaoui mentionné par Le Monde mi-avril : "la montre Rolex que la maire venait de s’offrir, ses voyages rapprochés au Costa Rica, au Maroc, à New York, ses travaux menés pour ouvrir un gîte avec piscine et court de tennis"... Des informations fermement démenties par une partie de l'entourage de la maire.

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