Agriculture : le chanvre fait son retour en Alsace, une culture d'avenir

Rund Um. Dans le Ried alsacien, une filière se développe depuis 2019 pour relancer la culture du chanvre. La plante cumule les avantages : sa graine intéresse l'industrie agroalimentaire et surtout, le chanvre offre un bénéfice environnemental intéressant.

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La moissonneuse-batteuse s'active depuis mi-août sur les champs de chanvre, en Alsace. La culture n'échappe pas à la tendance de l'été : les récoltes sont précoces. Mais contrairement à beaucoup d'autres, elle n'a pas souffert de la sécheresse. C'est l'un des principaux avantages et intérêts du chanvre : il nécessite peu d'eau. Une aubaine, alors que les terres ont soif dans la région et partout en France.

Les premières parcelles ont été plantées en 2019, sous l'impulsion d'Olivier Hartz. "J'ai réfléchi à ce qui manquait en Alsace et que je pouvais amener compte tenu de mon parcours", expose l'ancien responsable du groupe alimentaire japonais Ajinomoto, qui a passé sa jeunesse à Rhinau (Bas-Rhin), au bord de l'eau.

"Ma boussole, c'est la protection de la nappe phréatique, poursuit-il. Or, j'avais rencontré la graine de chanvre décortiquée pendant ma carrière et cette plante présente à la fois une application à l'agroalimentaire et un bénéfice environnemental important. Donc je me suis dit qu'il était temps de la remettre en Alsace. On en a fait ici dans le temps, c'est donc qu'on est capables d'en faire."

Le chanvre a un bas niveau d'impact sur la ressource en eau

Il s'est entouré d'une poignée d'agriculteurs sur six hectares "test" la première année. Avant d'en convaincre de plus en plus : 14 en 2022 pour 58 hectares, majoritairement en bio. Sa méthode ? Leur garantir l'achat des graines et fixer un prix en amont pour limiter les risques. Il se charge ensuite lui-même de les faire transformer et de les vendre.  

Michaël Lachmann s'est pris au jeu en 2020. Il plante un peu plus de deux hectares de cette plante depuis 2020 (agriculture conventionnelle). "On a commencé car les citoyens attendent de nous que l’on travaille en utilisant moins de produits phytosanitaires, d’engrais et d’eau. Avec le chanvre, c’est tout à fait possible. Il n’est pas nécessaire de lui donner beaucoup d’engrais, ni de l’arroser, et on ne le traite pas du tout", confie-t-il. 

Le syndicat des eaux et de l’assainissement Alsace-Moselle (SDEA) soutient l'agriculteur de 27 ans et ses collègues. L'établissement public est engagé dans la protection des ressources en eau vulnérables aux pollutions depuis 2022 et milite pour le développement de cultures moins impactantes, dont le chanvre. 

"Il y avait déjà un problème de qualité de l’eau : la nappe phréatique est polluée par tous les produits phytosanitaires utilisés. Mais maintenant s’ajoute un problème de quantité d’eau. Or, le chanvre a aussi des avantages en la matière. Vous voyez, il a plein de petites racines… Elles lui permettent de puiser de l’eau même en période de sécheresse", commente Franck Hufschmitt, directeur de la gestion durable des bassins versants au SDEA. 

Une filière s'est constituée autour du chanvre en Alsace

Olivier Hartz a fondé "Hartz'Riedland" et créé toute une filière autour de lui : en plus des agriculteurs, il s'est uni au Comptoir Agricole de Hochfelden pour le séchage des graines, à un opérateur allemand pour le décorticage et à des entreprises locales qui les revendent et les transforment (Le Moulin des moines, Tereos, Colin ingrédients, Chanvr’eel...). 

"On arrive à absorber 75% de la production de Riedland, assurent David et Guillaume Kalms, gérants de Chanvr'eel. Entre nous et les champs de chanvre, il y a moins de 30 kilomètres". Les deux frères ont investi dans une presse à huile et un moulin à farine adapté pour les farines oléagineuses. Il fournissent notamment des magasins bios et des boulangers, intéressés par "cette farine sans gluten, riches en protéines et fibres, qui permet de préparer des pains avec un indice glycémique plus bas."

L'objectif d'Olivier Hartz est d'arriver à décortiquer les graines en Alsace à l'avenir afin de consolider la filière. Mais pour pouvoir acheter les outils de transformation, il faudrait arriver à récolter 500 tonnes de graines par an, c'est-à-dire planter 500 hectares de chanvre. La route est encore longue, mais l'homme est déterminé.

Les agriculteurs, eux, espèrent valoriser encore mieux leur chanvre. Pour l'heure, seule la graine est vendue. Or, la fibre peut aussi être utilisée pour l'isolation des bâtiments, le textile et le cordage. Mais là encore, la récolte et la transformation imposent des machines très onéreuses que la filière ne peut pas encore acquérir. 

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